La définition institutionnelle de l'art, qui se focalise sur l'objet dans un processus de fétichisation, se place dans l'impossibilité de saisir le mouvement, la trajectoire qui conduit à l'œuvre. On observe exactement le phénomène inverse dans l'art conceptuel où l'idée ou concept constitue l'aspect le plus important du travail. L'œuvre d'art, l'idée devient la machine qui fabrique l'art.Dans cette optique, l'intérêt de l'œuvre d'art ne réside pas dans l'objet concret qui est le résultat d'un processus, mais dans le lien que cet objet nous permet d'opérer avec l'idée qui l'a généré et dont il est la trace matérielle. En nous faisant revivre le trajet d'une idée, de sa naissance à sa matérialisation, l'œuvre d'art nous propose une expérience sans équivalent et nous procure un plaisir esthétique complet puisqu'il concerne à la fois l'esprit et les sensations, le cerveau et le corps. C'est la raison pour laquelle il ne convient pas d'aborder les œuvres d'art comme des objets de consommation. Cette évidence n'en est plus une lorsque l'idéologie infiltre le monde de l'art sous les aspects d'une esthétique souriante, affirmative, relationnelle , dont la fonction est de gommer l'hétérogénéité de l'art, de désamorcer sa dimension critique. L'art Conceptuel était, dans les années soixante, directement inflencé par l'art minimal qui était lui-même une tentative pour échapper au formalisme. En considérant l'objet comme une sorte de produit accessoire pas vraiment indispensable, il ouvrait une brèche de liberté. Redonner toute son importance à l'idée au détriment de la réalisation, c'est reprendre le vieux combat que menèrent Vinci, Duchamp, et beaucoup d'autres, pour en finir une bonne fois avec la condition d'artisan, de producteur. Le rôle et la place de l'idée dans la création joue un rôle primordial dans cette émancipation car donner la prééminence à la part mentale dans le processus de création artistique, c'est ramener l'art dans l'espace privé. L'art n'est plus, dans cette optique, une activité sociale plus ou moins laborieuse, un travail soumis à l'approbation ou à la désapprobation, mais une activité privée, effectuée pour soi, et qui ne passe pas nécessairement par la réalisation d'objets : le libre jeu de l'esprit s'exerçant pour lui-même, gratuitement.

Joe Le Gloseur

 

 

The institutional definition of the art, which is focused on the object in a process of fetichisation, is placed in impossibility of seizing the movement, the trajectory which leads to the art . One observes exactly the opposite phenomenon in the conceptual art where the idea or concept constitutes the most significant aspect of work. The idea becomes the machine which manufactures the art. In this optics, the interest of art does not lie in the concrete object which is the result of a process, but in the link which this object enables us to operate with the idea which generated it and it is the material trace. While making us revive the way of an idea, of its birth to its matérialisation, art proposes an experiment without equivalent to us and gets to us a complete aesthetic pleasure since it relates to at the same time the spirit and the feelings, the brain and the body. This is why it is not advisable to approach art like objects of consumption. This obviousness is not any more one when the ideology infiltrates the world of art under the aspects of a smiling esthetics, affirmative, relational, whose function is to gum the heterogeneity of art, to defuse its critical dimension. The conceptual art, in the Sixties, was directly inflenced by the minimal art which was itself an attempt to escape the formalism. By regarding the object as a kind of product additional really essential step, it opened a breach of freedom. To give again all its importance with the idea to the detriment of the realization, it is to take again the old combat which carried out Vinci, Duchamp, and much of others, to finish of them good once with the condition of craftsman, of producer. The role and the place of the idea in creation play a paramount role in this emancipation because to give preeminence to the mental share in the process of creation artistic, it is to bring back art in private space. Art is not any more, accordingly, a more or less hard social activity, a work subjected to approval or the disapproval, but a private activity, carried out for oneself, and which necessarily does not pass by the realization of objects: free plan of the spirit being exerted for itself, free.

Joe Le Gloseur Illimited