Mes années Pompidou

par Captain P@t

 

Joe m’a demandé de pondre un texte sur ce thème, putain ça craint. Il dit qu’il faut qu’on traite notre sujet à fond. C’est une question de crédibilité pour la Gazette. Tout ça parce que Bill avait un vieux Paris Match de 69 sous la main au moment où il a réalisé la superbe couverture mixed media (collage, acrylique, animation gif).

J’étais où vers cette époque ? Interne dans un collège au milieu des champs de betterave. Ecoutant la radio (Jean-Bernard Hebey) le soir sous les draps (Lou Reed, Sparks, Bowie, Roxy Music). On ne connaissait rien à la politique, être gauchiste (selon le terme de l’époque), c’était juste un truc hype, pour les plus grands, comme la fumette ou la route. Nous, on était encore des gamins, lecteurs de Bob Morane et du journal Pilote. Quand on lisait un de ces canards gauchistes qui circulaient un peu partout, on n’y comprenait rien, mais on disait « cool ».

Années Pompidou = années Glam. Il y a quelques années, je me serais enflammé sur l’évocation des seventies, phantasme rock idéalisé qui commencerait avec T. Rex pour finir aux Clash, en passant par Exile on Main Street. Ceux qui ont fréquenté le bar virtuel du GFIV ont été abondamment arrosés de cette mythologie rock (jusqu’à l’overdose).

Mais comme dirait ce vieux Bob : things have changed.

Qu’est-ce qui a changé ? Je ne pourrais pas le dire. Mais je constate que ce n’est plus aussi important. Je n’ai pas de nostalgie pour les années Pompidou. J’ai vu un film l’autre jour à la télé, qui reconstituait assez bien l’ambiance de l’époque. Ouais, c’était cool. Mais il faut avouer qu’on était aussi un peu con. Tout ce romantisme, cette naïveté, ces illusions. Je ne renie rien, mais il faut se rendre à l’évidence : non seulement nous n’avons pas amélioré le monde, mais nous allons probablement (sauf miracle) le laisser encore plus pourri que nous l’avions trouvé en arrivant.

C’est ce constat qui fait que je ne peux plus rêver sur les seventies.

Les années Pompidou, c’était peut-être bien le paradis - aujourd’hui perdu.

 

Captain P@t