Lundi 31 décembre

Bonne année quand même.

Mardi 1 janvier 2002

Nous n'aimons pas beaucoup faire la fête les jours où c'est obligatoire, au GFIV. A part Bill, qui a voulu picoler et qui a été malade. Bien fait pour lui. Sur le coup d'une heure du matin, il a fait le montage d'un clip expérimental.

Mercredi 2 janvier

Il n'est pas facile de bouger en soi des choses installées depuis longtemps. Quand on le fait, généralement sous le coup d'une pression extérieure, on découvre des aspects de la vie jusque là ignorés ou négligés, et l'on regrette de ne pas avoir effectué ce changement plus tôt.

Jeudi 3 janvier

J'abandonne. Je n'essaie même plus de lutter. Je reste au coin du feu et je n'en bougerai plus tant que le froid durera. C'est l'occasion de finir le roman interminable de Thomas Pynchon (766 pages), de faire de vagues bilans, de vagues projets, et de déprimer un peu aussi. Il va falloir remettre une bûche.

Vendredi 4 janvier

"Mais la belle saison, la saison du bonheur, pour un homme de rêverie et de méditation comme lui, c'est l'hiver, et l'hiver dans sa forme la plus rude. (...) Il lui faut un hiver canadien, un hiver russe; il lui en faut pour son argent. Son nid en sera plus chaud, plus doux, plus aimé : les bougies allumées à quatre heures, un bon foyer, de bons tapis, de lourds rideaux ondoyant jusque sur le plancher, une belle faiseuse de thé, et le thé depuis huit heures du soir jusqu'à quatre du matin."

Charles Baudelaire citant De Quincey, Les paradis artificiels

Samedi 5 janvier

Plongé dans une profonde torpeur depuis ce matin. La perspective de retourner travailler ?

Dimanche 6 janvier

Le rituel des voeux de nouvel an nous évite de nous enfermer dans un temps cyclique individualisé; il nous aide à sortir de nous-même pour nous replonger dans le temps de la collectivité, linéaire, progressif et régulier, comme une voiture en pilotage automatique. Cette cérémonie est indispensable au bon fonctionnement de la société. Sans elle, les individus s'éparpilleraient, suivant chacun un rythme et un temps personnalisé, subjectif et différent du voisin. Ils deviendraient ingouvernables pour l'état comme pour les entreprises, difficiles à atteindre pour les médias et la publicité.

Lundi 7 janvier

Back to work.

Mardi 8 janvier

Je ne suis pas très agréable avec mon entourage. J'évite tout le monde pour échapper aux " bonne année".

Mercredi 9 janvier

Je profite de la demie heure de somnolence entre le café et le départ. Un des meilleurs moments de la journée.

Jeudi 10 janvier

Let's get lost. Il est sain de connaître des passages à vide, des moments où l'on se traîne sans projet et sans énergie. Ceux qui ne passent jamais par ces états de lassitude m'inquiètent au plus haut point : soit ils les dissimulent, soit ils sont biologiquement programmés comme des machines. Dans les deux cas, des gens peu fréquentables.

Vendredi 11 janvier

Je ne sais pas pourquoi, peut-être à cause des pin-ups de Bill, j'ai le sentiment que l'année 2002 devrait être assez sexy.

Samedi 12 janvier

J'ai dit à Bill que ses pin-up me faisaient penser à celles de Wesselman et ça l'a mis de mauvaise humeur. Toujours ce rêve de créer quelque-chose qui ne ressemble à rien d'existant.

Dimanche 13 janvier

Envie de ne rien faire. Luxe ultime : être inutile.

Lundi 14 janvier

Mémoire d’un parcours existentiel, le journal intime enregistre les aléas d’une vie. Sa lecture se donne ainsi comme une promenade, souvent ardue, à travers divers sujets qui apparaissent et disparaissent, pour revenir parfois selon un éclairage toujours subjectif que le temps a modifié. Si la destination peut sembler secondaire en regard du chemin parcouru, comment rendre compte de celui-ci ? Le détail de son déroulement chronologique trouve dans l’observation du rythme de l’écriture le moyen, en une représentation synthétique, de lire la trajectoire individuelle de l’itinéraire suivi.

Extrait de Stéphane Roche sur Charles Juliet / Le rythme du Journal sur remue.net

Mardi 15 janvier

Fatigue. Too much love...

Mercredi 16 janvier

J'écoute Sonic Youth et je crois avoir trouvé en eux le remède pour passer l'hiver. Si je n'avais pas fait partie du GFIV, j'aurais aimé être membre de ce groupe bruyant et séduisant.

Jeudi 17 janvier

Tiens ! Je vais faire un tour à Paris. Il n'y a presque plus rien à lire à la base et je dois ramener des livres pour tout le monde. Farfouiller dans les librairies La Hune, Regard Moderne, Parallèle : ma mission me plaît.

Vendredi 18 janvier

J'ai trouvé ça à la librairie Parallèle. Le cadeau idéal pour Lonesome Pat, qui a passé une partie de sa vie à rêver sur les photos de Dominique Tarlé prises à la villa de Keith, dans le midi de la France, pendant l'enregistrement d' Exile On Main Street. Un livre vient de sortir, un peu cher, alors j'ai pris ce numéro, très bien réalisé, de Stones News, un fanzine de fous furieux.

Samedi 19 janvier

Encore une fois : fièvre, grippe larvée, grosse fatigue (comme dit l'autre). Je me traîne lamentablement pour honorer mes engagements. Le contrat est rempli de ce côté : j'ai pondu mon petit tas de mots. Comment expliquer cette curieuse satisfaction ? Et la ressent-on à la lecture ? Pour ceux qui ont tenu, ou qui souhaitent tenir un journal, oui, peut-être.

Dimanche 20 janvier

Le chauffage s'est arrêté cette nuit et cela a eu pour effet de m'achever au niveau grippal.

 

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