Lundi 27 mai

 

Sur internet, dans le grand feuilletage généralisé, le haut de page, c'est une responsabilité. On entre par n'importe où, jamais en commençant par la première page. Mais on commence toujours par en haut. Donc, un internaute peut très bien venir tester mon journal par ici. Et uniquement sur ce qu'il aura lu, se faire une opinion définitive. On comprend que j'éprouve un peu d'appréhension.

Mardi 28 mai

Le terme hype désignait au départ un événement très attendu. Il y a un livre à paraître en septembre qui devrait susciter ce genre de hype : la biographie des Rolling Stones par François Bon, qui racontera l'histoire du groupe "comme votre vie même."

Mercredi 29 mai

Je sens mes bonnes résolutions de l'entre-deux tours (s'occuper un peu plus de la politique réelle et pas seulement des idées) m'échapper chaque jour un peu plus. Je rechute dans l'indifférence. Le plan contre la violence, le gros premier ministre, la "reconstruction" de la gauche : je n'arrive pas à m'intéresser. Pourtant j'essaie. C'est de leur faute aussi, à tous ces hommes politiques! Pourquoi sont-il moins photogéniques que le plus insignifiant des acteurs, moins excitants que le plus obscur des musiciens, plus plats que le plus médiocre des écrivains ?

Jeudi 30 mai

J'ai le nez bouché et la tête prise dans un aquarium. Pas en état de faire quoi que ce soit. Dire bonjour. Et retourner me coucher les narines remplies de Locabiotal. Ne croyez pas que je sois en train de sombrer dans l'auto-apitoiement. Non seulement je relativise mes petits malheurs, mais en plus j'aime bien avoir de la fièvre.

Vendredi 31 mai

Je l'ai peut-être déjà dit mais le dernier Wilco, Yankee Hotel Foxtrot, est - je peux maintenant l'affirmer sans hésitations - un très bon disque, peut-être même ce qu'on a coutume d'appeler un grand disque.

Samedi 1 juin

Le mois qui commence est le mien. Belle journée. Je vous laisse, je pars profiter du soleil sur la terrasse. Je pris pour que Lonesome ne vienne pas rompre ce calme avec sa guitare !

Dimanche 2 juin

Lundi 3 juin

J'ai tellement de choses qui m'attendent cette semaine, le mieux est de ne pas y penser. Laisser les événements suivre leur cours, se contenter de les accompagner, c'est ma voie naturelle; organiser et décider, je déteste toujours autant d'avoir à le faire. Mais je sais aussi qu'on ne peut y échapper.

Mardi 4 juin

Message personnel : hey ! Olivier ! Si jamais tu lis ceci, pense à donner des nouvelles un de ces quatre.

Mercredi 5 juin

Sometimes I feel so happy

Sometimes I fell so sad

La première fois que j'ai entendu les mots de cette chanson de Lou Reed - un lendemain matin de fête, je m'en souviens, dans une maison où tout le monde dormait encore - j'ai pensé : "Tiens ! Quelqu'un d'autre a donc éprouvé cela". Et encore maintenant, même usée par trop d'écoutes, la chanson continue de m'émouvoir, en grande partie à cause de ces happy/sad.

Jeudi 6 juin

J'aime vraiment le mois de juin. Même la pluie y est agréable. The right time to fall in love again.

Vendredi 7 juin

Tenir un journal vous donne de grandes satisfactions. Mais il y a des hauts et des bas. Ce n'est pas toujours facile. A certains moments, un écho vous ferait le plus grand bien. Alors n'hésitez surtout pas à m'écrire.

Samedi 8 juin

Satifaction garanteed. Ce petit livre de Nick Cohn vous suivra le temps d'un voyage en train en grande banlieue. Mais rarement un périple dans les transports en commun vous aura paru si agréable. Vous aurez envie de lire des scènes à voix haute à vos voisins.

"A l'âge de quatorze ans, Johnny Angelo était une idole.

Il arborait des rouflaquettes de sept centimètres et coiffait ses cheveux vers le haut en une banane dorée, dont une boucle se détachait et retombait devant ses yeux. Il avait un sourire en coin. Et la bouche pleine de dents d'une blancheur immaculée.

Telle était sa garde robe : chemise en soie écarlate, ouverte au cou, et pantalon moulant de torero; chaussures blanches en chevreau à boucles dorées; une photo d'Elvis tout contre son coeur; un crucifix en argent. Dans tout le quartier, on le connaissait sous le nom de Speedoo."

Il y a des tas de passages comme ça. Les voyageurs du compartiments vont aimer, vous verrez.

Dimanche 9 juin

Juste au moment où je m'apprêtais à sortir sans enthousiasme pour aller déposer mon petit bulletin dans l'urne, il s'est mis à pleuvoir.

Lundi 10 juin

Ouf. Pas de raisons de se culpabiliser de ne pas avoir voté hier. Comme dit Bill, nous on voudrait bien pouvoir voter, ce sont les hommes politiques qui nous rendent abstentionnistes.

Mardi 11 juin

Fantomas m'a beaucoup fait rêver pendant mon enfance - comme tous les héros masqués (le Fantôme du Bengale), les méchants insaisissables (L'Ombre Jaune). Il se trouve que les surréalistes ont été fascinés par le personnage (surtout Magritte et Desnos). Ceci nous vaut un délicieux petit livre aux éditions du Centre Pompidou : Fantomas, style moderne.

mercredi 13 juin

Un gosse de treize ans m'a prêté son portable et donné un cours très complet sur son utilisation. Je le sentais un peu attristé pour moi.

jeudi 14 juin

Je n'ai rien à dire aujourd'hui. Il faut reconnaître que c'est assez rare. Surtout ne vous inquiétez pas pour moi. C'est généralement le signe que tout va très bien.

vendredi 15 juin

Je vais tout vous avouer : je déteste ce qui est programmé, je suis allergique aux prévisions et aux planifications et je m'éloigne systématiquement de ce qui peut être anticipé sans surprise. Je ne connais pas le nom de cette maladie - qui est le contraire de ce que Freud, dans sa typologie, appelle la névrose obsessionnel (manie du classement, volonté de contrôle). En toute logique, je pratique avec ardeur la touche shuffle. Grâce à elle, les compilations de Lonesome Pat ne passent jamais dans le même ordre (Qui chantera la beauté de ces enchaînements surprenants, inédits, et qui ne se reproduiront jamais de cette manière ?). Vive DJ Shuffle !

samedi 16 juin

Lonesome réécoute des enregistrements préhistoriques de vieux bluesmen dès le matin. Ces vieilles chansons me tapent sur les nerfs. Je ne parviens pas à comprendre que l'on prenne du plaisir à écouter ces mauvais enregistrements qui grésillent à l'heure du son digital. Le plus étrange : ces voix et ces guitares venues d'outre-tombe mettent Pat de bonne humeur.

dimanche 16 juin

Il fait trop beau pour rester devant un ordinateur. Sorry...

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