lundi 19 janvier

Le dimanche matin, c'est l'heure où Monsieur Raffarin, après avoir terminé ses croissants sur la véranda (quelques miettes accrochées au menton), se rend dans le salon, en peignoir bleu ciel et pantoufles rouge carmin. Là, il aime à commencer la journée par un rituel dominical qu'il maintient depuis des années, et ce "quels que soient les aléas de la vie politique" : confortablement installé dans un profond fauteuil en cuir, il parcourt la presse en écoutant une chanson de Johnny Hallyday, toujours la même. Laquelle ?

mardi 20 janvier

On peut penser que je fais court par paresse, ou par légèreté. C'est simplement que j'élague beaucoup.

mercredi 21 janvier

Un principe de base : dans une assemblée un peu surchauffée où l'on vote à main levée, toujours lever le bras (même si vous ne savez pas vraiment de quoi il s'agit ou si vous n'avez pas bien entendu la question). Il y va de votre survie.

jeudi 22 janvier

Il est bien trop tard pour les formes collectives de résistance (du type grève, manifestation, pétition). Alors que reste-t-il ? Des formes de résistance privée, individuelle, et totalement invisibles. Exemple ? Déguster une bonne petite clope en écoutant Monk et en parcourant un livre ( autonomie du sujet et raison critique : ce bon vieux Voltaire fera parfaitement l'affaire).

vendredi 23 janvier

" J'ai vu qu'il n'y avait rien à gagner à être modéré et que c'est une duperie. " Voltaire, bien sûr (à l'heure du bilan).

samedi 24 janvier

Il faut sauver Ferry ! Au-delà de la personne de l'encore actuel ministre, c'est toute la grande famille des psychorigides qu'il convient de réhabiliter. Dans une période où l'occident doute et vacille sur ses bases, nous avons plus que jamais besoin d'eux.

dimanche 25 janvier

Pat, de retour de Paris, me donne l'ordre de sauver l'humanité en lui recommandant un film qui, selon son témoignage, peut sauver des âmes, peut-être des vies : The Soul Of A Man, de Wim Wenders.

lundi 26 janvier

Personne à sauver pour aujourd'hui. Repos, détente, jazz cool et lecture. Et une pensée pour Claude Pélieu (traducteur, avec Sylvia Beach, des écrivains Beat) dont j'ai appris la disparition hier soir à la radio.

mardi 27 janvier

Take it easy. Il est bon de participer à la vie de la cité, sain de s'activer quelque peu en société; mais gardons-nous des excès. L'activité se nourrit elle-même, ce n'est pas la peine d'en rajouter (sauf si vous avez affaire à un supérieur hiérarchique pour qui le travail se résume aux manifestations visibles de l'effort et de la souffrance de l'opérateur).

mercredi 28 janvier

Le GFIV n'annonce pas vraiment la couleur. Il n'est pas franc du collier. On sent un projet, mais on ne sait pas quel est le mobile et encore moins le but. Et s'il était temps de baisser le masque ?

jeudi 29 janvier

Lorsque Pat écoute Let It Bleed, je sais qu'il est en paix avec lui-même (si ce n'est avec le monde).

vendredi 30 janvier

Tiens. Un matin vide. Rien à dire. And it's all right !

samedi 31 janvier

La période est rude pour trois raisons. Elle est rude parce que le monde auquel nous nous étions habitués - et finalement attachés en terme d'empreinte - disparaît inexorablement. Elle est rude parce que le paradigme qui organise le monde de substitution, en cours de construction, n'est pas lisible (fric, pouvoir, business ?) Elle est rude, enfin, parce que cette situation inconfortable malmène nos conceptions, collectives et individuelles.

dimanche 1 février

La langage est un sacré truc. Un détour nécessaire, un labyrinthe. Il y a des pièces où le soleil ne pénètre jamais (circulaire administrative), des impasses où l'on peut s'égarer toute une vie sans même s'en apercevoir (psychanalyse, sémantique). Parfois, on débouche sur une terrasse lumineuse, baignée par la lumière de l'esprit, et avec une vue imprenable sur le monde. Pourquoi est-ce si rare, si difficile, si largement ignoré (pour ne pas dire nié) par ceux dont l'ambition amusante est de formaliser le langage ?

lundi 2 février

Lorsque je m'interroge, il est évident que je le fais de loin ( depuis la sphère autonome de l'art, au sens défini par Joe le Gloseur - qui y revient dans le premier numéro de la Gazette nouvelle formule). Voici un témoignage de l'intérieur, par un journaliste (lecteur assidu du journal et ancien compagnon de bar du GFIV), dont nous tairons le nom pour des raisons d'employabilité évidentes :

"Moi qui évolue depuis peu dans le monde du fric, du pouvoir et du business, je peux dire une chose: c'est un jeu, mais pas mal de joueurs se prennent au sérieux, et deviennent méchants." Il y en a que cela rassure ?

mardi 3 février

Tout est un peu bizarre : l' excès du côté du pouvoir (dans la corruption et la violence politique, par exemple), et l'indifférence résignée du côté des dominés.

mercredi 4 février

Le principe de non contradiction est efficace. Pas de bagarre, de conflits, pour convaincre des autorités (qui s'en tapent) d'améliorer les choses. Lorsque le pouvoir est dans l'erreur à ce point, cela finit par apparaître tout seul au grand jour. Et on ne pourra rien vous reprocher sur ce coup.

jeudi 5 février

Et la musique ? J'en parle moins, mais elle est toujours présente. Le GFIV avance (lentement) vers la maturité. Désormais, il lui faut du solide. Pas seulement des sons plaisants, d'agréables réminiscences. Le GFIV exige du consistant, avec des mots qui pèsent leur poids, de la musique en prise directe avec l'âme. Vous voulez des noms ? Le dernier Johnny Cash, Thélonious Monk, les Stones entre 69 et 71 et, comme toujours lorsque l'on se trouve standing at the crossroad, du bon vieux blues vintage - parmi ce que l'homme aura laissé de plus beau de son passage sur terre.

vendredi 6 février

De temps en temps, deux ou trois fois dans l'année, lorsque vous sentez que vous êtes bien à point (c'est-à-dire un peu chaud), offrez-vous une journée destroy, une journée punk, rebel without a cause, où vous vous accordez de vous lâcher, où, simplement, vous ne ferez pas d'efforts pour supporter les incohérences, pour acquiescer au bricolage approximatif qui tient lieu, là où vous êtes, de réalité légitime.

samedi 7 février

Le GFIV, on l'apprécie également en haut lieu.

dimanche 8 février

Scorsese a gagné sa place sa place au paradis avec son projet de série en hommage au blues. Avec The soul of a man, Wenders a réalisé son meilleur film depuis L'ami américain. Je viens d'acheter la BO (mon premier CD en deux ans). Ce disque rend heureux. Stop.

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