Lundi 26 juin

Suite à quelques embrouilles, j'ai eu l'occasion de me pencher (très bas) sur quelques spécimens emblématiques de ce que nous appellerons ici, la Crevure Institutionnelle (CI).

La CI évolue comme un poisson dans l'eau au sein du double discours qui constitue le fondement et la légitimation de l'institution. Son pragmatisme et son cynisme lui épargnent les états d'âme que connaissent ceux qui ont encore la faiblesse de croire, même très partiellement, au double langage.

La CI a compris, sans avoir lu Baudrillard, que tout se passe au niveau du simulacre. Il revendique avec zèle les objectifs affichés par le double discours et agit essentiellement au niveau des traces. Il sait que
l'institution a pour fonction d'occulter le réel et travaille à parfaire sa représentation, reconstruite par le biais du double langage (ce qui n'est pas nommé n'existe pas).

La CI use des mêmes méthodes que la CL (Crevure Libérale évoluant plutôt en entreprise) : même carriérisme obsessionnel, même méthodes (élimination des rivaux, constitution de réseaux etc).

La CI bénéficie d'un avantage par rapport à la CL dans l'exécution de ses basses besognes. L'institution lui permet en effet d'avancer masqué et de se parer des nobles objectifs affichés par le double langage de l'institution.

La CI se présente comme le pur produit de l'institution dont elle fait figure de représentant modèle.

Il n'y a pas grand-chose à faire contre la CI, à part l'oublier et penser à des choses plus douces et lumineuses (comme un matin d'été par exemple).

Mardi 27 juin

Chaud.

Mercredi 28 juin

Il faut être indulgent avec les bons, sévère avec les méchants, indulgent et sévère à la fois avec la foule des gens ordinaires.

Hong Zicheng

Jeudi 28 juin

Vu à la télé Un monde parfait de Clint Eastwood. Tout le monde était en larme dans le basement du GFIV, excepté Joe le Gloseur qui s'extasiait : "Quel sens de l'espace !"


Vendredi 29 juin

... le journal de Jane Sweet est un vrai bonheur : de belles références, un style direct, aucune prétention intimo-neuneu, un mélange bien foutu de rock'n roll et de littérature.

Ces compliments se trouvent sur le forum de fluctuat. Merci chris.

Samedi 30 juin

Première journée des vacances, la pire. Il faut faire la coupure, changer de tempo. Je prends la voiture et je me rends dans la petite ville la plus proche. Besoin de voir du monde. Je vais à la FNAC et je fouille les rayons livre, CD, logiciel, vidéo. Rien. Je vais dans la seule librairie potable. Je choisis trois livres pour m'aider à aborder cette période : George Steiner, Réelles présences (La réflexion sur le virtuel, c'est qu'elle se trouve, pas chez Pierre Lévy), Georges Perros, Une vie ordinaire (Enchantement à chaque fois que j'ouvre une page), et enfin, merveille des merveilles, Charles Bukowski, Le capitaine est parti déjeuner et les marins se sont emparés du bateau (Illustration de Robert Crumb).

Dimanche 1er juillet

Amusant de voir le vieux Buko confronté, comme vous et moi, à l'ordinateur. Il a tendance à s'extasier sur le traitement de texte. Taper sur une machine à écrire revient à patauger dans la boue, écrit-il. Tandis qu'avec un ordinateur, on patine sur la glace. C'est bien vu. Je ne sais pas si vous avez vécu l'avant, lorsqu'il fallait passer par des quantités astronomiques de brouillons et qu'une page partait à la poubelle à la première faute de frappe ? Bien sûr, la machine ne fait que faciliter les choses, elle ne les crée pas. Et si taper sur le clavier d'un ordinateur est un enchantement perpétuel, Bukowski a bien raison de rappeler que si vous êtes sec à l'intérieur, il ne se passe rien de tel.

Lundi 2 juillet

Plusieurs centaines de manifestants anti-mondialisation se sont violemment heurtés à la police à plusieurs reprises, dimanche 1er juillet, alors qu'ils tentaient de gagner le lieu où se tient le forum économique européen à Salzbourg (ouest de l'Autriche). La manifestation s'est terminée dans la soirée après cinq heures d'affrontements sporadiques au cours desquels la police anti-émeutes a essuyé des jets de pierres et de bouteilles.

Le Monde

Mardi 3 juillet

Voici une liste non exhaustive de certaine caractéristiques morales observées chez cet individu qui m'avait servi de support pour la typologie de la CI.

Sadisme : peut aller très loin dans la cruauté mentale, avec un grand soin apporté aux détails, surtout lorsqu'il est assuré de rester masqué. Heureusement, ses plans échouent souvent (voir connerie).

Malhonnêteté : tout n'étant que façade, l'absence de convictions laisse le champ grand ouvert pour les malversations diverses, à usage personnel ou en direction des amis.

Hypocrisie : capacité de feindre dans le but de faire croire et de s'autopersuader qu'il est quelqu'un de bien.

Lâcheté : bien que prêt à porter les coups les plus bas, peut ramper sans scrupules à la moindre alerte.

Mensonge : immense mensonge ambulant qui se fond dans le mensonge insondable de la société.

Connerie : tout aussi immense, en parfaite harmonie avec l'univers ambiant

Mercredi 4 juillet

Toute la journée à somnoler dans la chaleur étouffante : une journée de chat.

Jeudi 5 juillet

Mon voyage dans la capitale

8h30 Dans le train. Je sors d'une période un peu pénible, mais cette fois ça-y-est : je suis en vacances dans ma tête.

9h30 Dans mon café, près de la gare. Mon sas d'immersion, lorsque j'arrive de ma campagne. Immersion sonore : les bruits des conversations, de la circulation, une radio qui diffuse des chansons populaires dans un haut-parleur, chocs de vaisselle derrière le comptoir. Deux femmes à la table derrière parlent de Loft Story. C'est le grand jour. Immersion visuelle : plan large, très dense, à la William Klein; concentration de vies, de corps qui se croisent, apparaissent et disparaissent, chacun sur sa trajectoire énigmatique. Mon système nerveux procède aux réglages et s'adapte.

11h30 Je suis à la terrasse d'un café merveilleusement bien situé, Carrefour de l'Odéon. J'ai trouvé un numéro de la Revue d'Esthétique consacré aux sites d'artistes et un volume des éditions complètes des oeuvres de robert Crumb (un cadeau pour Bill Thérébenthine).Les touristes ont l'air heureux d'être là. A la table à côté, une femme élégante avec le Herald Tribune qui remplit des cartes postales.

Vendredi 6 juillet

Si vous êtes un peu fatigués de l'art, allez voir l'exposition Raymond Hains au Centre Pompidou. De la poésie visuelle à l'état pur, légère, ironique, stimulante. L'exposition parfaite : en sortant, vous tombez juste sur le café du Centre, sur la mezzanine. Là, vous pouvez vous désaltérer en méditant cette phrase de Fillioud : L'art, c'est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. Si c'est le critère, alors Raymond Hains est un très grand artiste.

Samedi 7 juillet

Super! Les photos de vacances de Joe Le Gloseur :-)

Dimanche 8 juillet

Tout le monde s'amuse avec la webcam qui vient d'arriver dans la base secrète.

 

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