Lundi 20 août

Encore un été qui se termine lentement. Il n'y a pas d'urgence. Comme chaque année, nous avons eu droit au fait divers sordide, suivi comme un feuilleton par les journalistes(voir Le Monde, qui a traité cette affaire avec une assiduité digne de Détective). Cette année, j'ai totalement échappé à la plage. Vacances réussies. Au fait, c'était quoi le tube ?

Mardi 21 août

Ce n'est pas facile d'expliquer pourquoi le rock est si important dans nos vie, ce qu'il véhicule de spécifique, ce qu'il représente - surtout aujourd'hui où il semble agonisant (but never dead ,comme le prouvent les extraits des chansons des Strokes, en écoute sur le site des Inrocks). Pour ceux qui voudraient comprendre, il y a ce vieux texte mythique d'Yves Adrien, retrouvé par hasard : Je chante le rock électrique. Qu'est-ce que je regrette d'avoir laissé tous mes anciens Rock et Folk chez mes vieux !

Mercredi 22 août

Les membres du GFIV ont fait preuve d'une activité fébrile pendant mon absence. Et tout est bloqué suite à un plantage du serveur chez notre hébergeur. C'est dire s'ils sont vénères ! Ce qui vous attend : le film Charles Trèfort s'en mêle - assez sidérant, des nouveaux scans - dont ceux, mystérieux, de Serz -, une nouvelle maquette - avec la photo des membres, pour ceux qui semblent avoir des doutes au sujet de notre existence dans la "so called" réalité ( ;-), comme on dit sur les chats...).

Jeudi 23 août

"Dans un monde de shampooing où l'on prend à ceux qui n'ont rien pour donner à ceux qui ont tout, la jet society peut apparaître comme une platitude ajoutée au reste. La notoriété se résume, selon moi, à être connu des rossignols de muraille ou des rouges-gorges."

Michel Bulteau

Michel Bulteau est un poète français qui a fait une grosse fixation sur l'amérique underground des sixties - comme beaucoup d'autres - mais qui, à la différence de ceux qui se contentaient de rêver, y est vraiment allé. Dans La reine du pop, il se souvient de la Factory et du Max's Kansas où passait régulièrement le Velvet Underground. Il y évoque Warhol, bien sûr, mais aussi les personnalités qui gravitaient autour de lui à l'époque : Billy Name, Edie Sedgwick, Kenneth Anger, Gerard Malanga, etc. Et tous se mettent à prendre une consistance. Bulteau parle également de ce peintre précurseur du pop, méconnu et génial : Ray Johnson, l'auteur du portrait d'Elvis qui orne la couverture de l'édition américaine de Mystery Train de Greil Marcus (une édition française promise pour cette année). Rien que pour cela, ce petit livre très dense et très bien écrit vaut largement le détour.

Jeudi 23 août

Lu un extrait de Plateforme dans Le Monde. Et il y a un malaise. D'accord, on ne juge pas un livre sur un extrait. Mais je connais bien les livres précédents de Houellebecq et le malaise éprouvé à la lecture de ce passage était déjà là pour les Particules élémentaires. C'est ce malaise diffus que je vais essayer d'éclaircir un peu.

Houellebecq a du talent, c'est une affaire entendue. Il a un style froid, détaché, qui place tout à égale distance. L'effet produit est souvent irrésistible (comme dans la géniale scène de la boîte de nuit d'Extension, son premier et meilleur roman). Mais on commence à s'y habituer, surtout depuis qu'on lit du sous-Houellebecq tout à fait potable dans tous les recoins du net (allez fouiller sur l'autre portail ). N'empêche : il a ce talent indéniable, et c'est un plaisir de lecture rare. Pendant quelques paragraphes, le ton est juste, on est bien. Et puis soudain, schlack, ça dérape dans le malaise. Il ne s'agit pas seulement de provocation-marketing ciblée, calculées pour entraîner une surchauffe médiatique, même s' il paraît évident que ce paramètre stratégique entre en ligne de compte. Houellebecq est le genre de type qui aime vous regarder droit dans les yeux en proférant des horreurs d'une voix doucereuse - bref, un type qui adore être haï. Le problème c'est qu'il ne s'agit pas seulement de provocation, calculée ou gratuite : Houellebecq semble penser vraiment ce qu'il dit - ou plutôt suggère puisqu'il s'agit de romans. C'est toute la différence entre la provocation subversive, qui met à jour les mécanismes de domination, et la provocation rance et authentiquement réactionnaire qui constitue une tradition littéraire bien de chez nous. Et je me demande si Houellebecq ne s'inscrit pas dans cette lignée. J'attends de pouvoir lire le livre en entier pour confirmer cette impression - même s'il nous est désagréable d'avoir à passer par les passages obligés du type LE livre de la rentrée. Il n'est pas exclu que la nausée éprouvée à la lecture du passage publié par Le Monde se confirme. Que le roman entier exhale de ces relents particuliers, de cette odeur fétide typiquement française, un vague mélange de moisi et de renvoi aigre. Bref, pour parler comme Lonesome Pat qui affectionne l'argot fifties des vieux films de gangsters : Houellebecq repousserait-il du goulot ?

Vendredi 24 août

Le prix de la voix la plus irritante à celle, féminine et synthétique, qui accompagne les nombreuses déconnexions chez AOL.

Samedi 25 août

Discussion très animée hier soir, jusqu'à deux heures du matin, autour de Houellebecq. Bill Térébenthine n'est pas du tout d'accord avec ce que j'ai écrit à propos de Plateforme. Il est sur la ligne Sollers : le point de vue esthétique l'emporte sur tout, on ne mélange pas l'individu et l'oeuvre, seul compte le style. Avec cette approche du problème, l'autre est immédiatement repoussé dans le camp - peu reluisant - des vertueux qui ne comprennent rien à l'art. D'où mon irritation et le caractère animé de la discussion. On n'avait pas entendu de tels éclats de voix dans la base secrète depuis un moment. Dans le feu de la polémique, j'ai précisé ce que j'entendais par ce gros mot que plus personne n'ose employer : subversion. Il n'existe pas d'attitude subversive en soi, tout dépend de la situation. Disons, en gros, que cela consiste à ne pas faire ce qu'on attends de vous lorsque ce on désigne le pouvoir, quelle que soit la forme prise par ce pouvoir. Dans le cas de Houellebecq, à l'endroit et au moment précis où il se trouve, cela aurait pu être, par exemple, de sortir un roman sans aucune scène de cul. Bonjours la mévente ? Justement ! Cela aurait été la moindre des choses venant d'un écrivain qui a été lancé et continue à être soutenu par les Inrocks avec l'étiquette fallacieuse "critique du libéralisme". Si développer une critique de l'idéologie libérale c'est se comporter comme la dernière des crapules pour provoquer un "effet de miroir" (voir à ce sujet la critique particulièrement faux cul de Libération), alors certains patrons d'entreprises font nettement plus fort dans le domaine.

Le reste du GFIV ? Lonesome Pat s'en fout, il ne lit que des partitions de blues. Quant à Joe Le Gloseur, il se contente d'un ou deux romans par ans (plutôt des classiques); il préfère se concentrer sur les textes théoriques.

Dimanche 26 août

Le calme est revenu dans la base. Le site fonctionne à nouveau normalement. Tout le monde est de bonne humeur et les disputes sont oubliées. Il en reste un croquis de Bill parodiant un dessin humoristique publié pendant l'affaire Dreyfus. On y voyait tout une famille en train de se battre autour de la table et l'un des membres s'écriait : qui a encore prononcé son nom ?

Lundi 27 août

Reçu ce mail d'un fan :

hé je m'y connais en prose feminine
là c un mek.

tu me donnes combien pour me taire ;-)


(j'ai une proposition pour mon silence)

Je crois que quelques explications s'imposent.

Thth (aka Spamboy pour le GFIV;-)) se targue de pouvoir distinguer avec certitude la prose féminine de la prose masculine. En est-il si sûr ? Alors si j'écris : Fais gaffe boy, mes potes pourraient mal le prendre, ça c'est de la prose de mek ?

Notre choix est l'obscurité. Le net ne constitue pas, à nos yeux, un ersatz de la scène médiatique. Il offre la possibilité d'une alternative et permet d'avoir une visibilité tout en ignorant totalement et volontairement les institutions et les médias.

Une telle discrétion - qui a de quoi intriguer notre Spamboy ;-) - s'explique par un dégoût que nous partageons tous ici : nous n'aimons pas la société du spectacle. Nous n'aimons pas les médias (qui, pour nous, sont totalement disapproved). Pourquoi tant de haine ? Parce que nous tenons le spectacle médiatique comme le principal responsable de la domination existante et de l'aliénation sans équivalent qui en découle. Les médias, faut-il le rappeler, constituent à la fois l'instrument et la finalité de cette domination (le spectaculaire intégré du hélas trop fameux Guy Debord). Nous ne sommes pas très tendance et ne tenons pas à l'être si cela consiste à afficher une compromission cynique comme gage de lucidité. La ligne que nous avons choisie est peut-être naïve, peut-être ringarde et dépassée comme on nous l'a déjà dit, mais elle a le mérite d'être claire. On ne verra jamais le GFIV à la télé. Cette dernière affirmation revient à refuser une invitation que personne ne nous fait, j'en conviens. Mais il s'agit d'une prise de position qui nous engage.

En conclusion : non, cher Thth, non nous n'avons pas de secret honteux à monnayer. Sorry ;-)

Mardi 28 août

Le visage de la société du spectacle ? Celui d'un présentateur un peu fat qui s'occupera d'une émission "littéraire" à la rentrée fera très bien l'affaire.

Mercredi 29 août

Je démarre un peu trop fort, là. Keep cool. and relax. L'automne est déjà presque là. Et puis il y a The Strokes. Ce n'est pas tout-à-fait aussi génial que dans nos rêves mais c'est très bien quand même. Il y avait une éternité qu'on avait rien eu dans ce style typiquement new yorkais post-velvet. On se jette sur cet os à ronger d'une manière un peu piteuse, mais tant pis. Mettez-vous à notre place : il y a quelque-chose d'un peu déprimant à réécouter les vieilles chansons du Velvet, de Mink Deville ou de Television. Là c'est maintenant, et cela procure une excitation particulière.

Jeudi 30 août

Je ne vais pas essayer de faire croire que cette période me plaît. J'ai passé les vacances dans une sorte d'île déserte avec des gens que j'aime. Devoir retrouver des gens que je n'aime pas et qui, pour certains, me dégoûtent, m'est particulièrement pénible.

Vendredi 31 août

Lonesome Pat a encore bricolé une compilation d'un groupe de rock des seventies (Creedence). Au lieu de mettre les tubes, il a choisi les chansons qu'on n'entend jamais. Le titre est : Best songs are not always on greatest hits.

Léaud parle de Doinel dans Libération.

Samedi 1er septembre

C'est comme revenir sur terre après un tour en navette spaciale, rentrer d'un pays lointain, sortir d'une longue fête pleine de musique et de stupéfiants, se lever pour aller prendre un café après un avoir surfé pendant des heures.

Dimanche 2 septembre

Cette phrase, trouvée sur un forum : I love people that like RARE SONG of VAN MORRISON.

1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13-14-15-16

index