Lundi 26 février

Aujourd'hui, presque rien. Si, une longue discussion philosophique au coin du feu avec Le Gloseur. Tout y est passé : les essences, la phénoménologie, Bergson et le temps, Husserl, et Merleau-Ponty. Ce fut plaisant.
Mardi 27 février
Bill Térébenthine a passé environ dix heures ininterrompues à travailler sur le "grand récit animé" du site. Ce soir, nous étions tous devant l'ordinateur pour voir le résultat, qui ne dure pas plus de trois ou quatre minutes montre en main. Les frangins Lumière ont dû éprouver la même émotion lorsqu'ils ont vu, sur l'écran, les ouvriers sortir d'un pas saccadé de l'usine.

 

 

Mercredi 28 février
J'ai fini par avoir de l'indulgence avec les renégats; il y en a tellement.

 

Jeudi 1 mars

Aujourd'hui : pluie et neige, pas mis le nez dehors. Lecture de Benjamin dont on sort enfin la plupart des textes en français. Très bonne présentation de Rochlitz. " Les hommes ont toujours aspiré à l'émancipation, et le passé ne livre sa véritable signification que si on y redécouvre leur révolte."
Pour Joe Le Gloseur, il n'y a plus que des guignols médiatiques (genre Dantec ou Onfray), et cette idée martelée selon laquelle il n'y aurait plus de critique possible. Pure intoxication idéologique, selon Joe.

Vendredi 2 mars

Il fait de plus en plus froid. J'ai le blues de la fin des vacances, et du mal à entrer dans le roman de Pynchon.

Samedi 3 mars

Ça va mieux. J'écoute le vieux Son House (c'est Lonesome Pat qui me l'a fait connaître) et je me demande ce qui me déplaît dans le fait de retourner travailler. Peut-être la crainte de perdre le fil de la conversation intérieure. Sur ce terrain, c'est la guerre. Or, Maître Sun a dit : " La guerre repose sur le mensonge." Je transpose. Pour rester indemne, mimer le respect envers ce qui ne t'inspire que le dégoût.

Dimanche 4 mars

Vu PJ Harvey entrer en scène, chanter une chanson seule en s'accompagnant à la guitare et c'était fantastique. On peut voir le concert sur le site des Inrocks.

Je ne sais pas si c'est pareil pour vous, mais je vois parfois surgir un fantôme, sorti du fond de ma mémoire, et cela sans aucune raison apparente. Celui d'aujourd'hui, dont j'ai oublié le nom, travaillait dans une agence de pub du côté de Neuilly. Cela se passait dans les années quatre vingt. Il était bronzé et trop gras. Sa chemise était trop voyante et il sortait son chéquier comme Jack Palance dans le Mépris. Lorsque j'ai été amené à côtoyer certains de ses collaborateurs, j'ai pu constater que les autres étaient presque pires, mais sans l'espèce de brio qu'il avait lorsqu'il sortait son portefeuille comme une baguette magique.

J'avance un peu dans Pynchon et je retrouve l'émotion particulière que j'avais éprouvée en lisant ses livres précédents. Probablement la manière la plus délicieuse de perdre son temps.

 

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