lundi 3 décembre

L'expérience constitue le champ de vérification des concepts. Voilà, en gros, le point de vue du pragmatisme. J'ai découvert les philosophes pragmatistes américains lorsque je menais une recherche sur "la fonction cognitive de la pratique artistique". J'ai également découvert par la même occasion que le pragmatisme de Dewey, de Rorty ou de Shusterman n'était guère apprécié en France (c'est un euphémisme). Cette philosophie est souvent simplifiée outrageusement par ses adversaires, déformée et caricaturée en "philosophie officielle du libéralisme". Les raisons de cet a priori négatif m'échappent en partie et à vrai dire, c'est sans importance. Pour ceux que cela intéresse, méfiez-vous seulement de ce qu'on peut en dire ici ou là et allez directement voir les textes traduits en français. Fin de la minute de philosophie. La couverture de pulp, c'était pour remercier le lecteur qui m'a donné ce lien. Bill était comme un fou.

mardi 4 décembre

Je vous l'avais promis, le GFIV l'a fait : voici le numéro Spécial 27 novembre 2007 de la Gazette du GFIV. Enjoy it.

mercredi 5 décembre

A book that changed my life : pour ceux qui ont lu la Gazette, en bonus, la couverture du Burroughs de Gérard-Georges Lemaire (à ma connaissance, épuisé).

jeudi 6 décembre

Caramba ! Que de découvertes merveilleuses ! Décidément, je ne regrette pas d'être entrée dans cette boutique baptisée "LP COVER LOVER. C'est encore un plan à. René. Je ne sais pas comment il fait, René, il a toujours des bons plans.

vendredi 7 décembre

Lu un remarquable petit traité d'esthétique. C'est le seul fait marquant au milieu d'un flot intense de choses sans grand intérêt mais nécessitant une dépense d'énergie phénoménale. Je ne suis pas à plaindre, je le sais bien. D'ailleurs, je ne me plains jamais.

samedi 8 décembre

Les salles de cinéma des petites villes du coin passent toutes les mêmes trois ou quatre films merdiques. Normal : elles appartiennent toutes au même réseau de distribution. Le nombre d'entrées constituant le seul critère de sélection, si I'm Not There fait un bon score en première semaine, avons-nous une chance de le voir débarquer par ici ?

dimanche 9 décembre

 

lundi 10 décembre

J'ai commencé à flasher sur Dylan à l'instant où j'ai entendu les premières chansons et vu les premières photos. I was just seventeen. C'est dire si j'appartiens à la catégorie des "vieux fans", au nom de qui je souhaiterais ici témoigner. Ce qui nous arrive depuis quelques années est quand même assez étrange. D'un trip solitaire vaguement honteux, nous sommes passés à une intronisation officielle (et en grande pompe) dans la culture légitime. But it's alright, Ma. Le premier enseignement de ce coup de théâtre, c'est que nous ne nous étions pas leurrés. Mais il ne faudrait pas croire pour autant que les "nouveaux venus" ont toutes les clés uniquement parce qu'ils ont lu attentivement Téléinrocks. L'art et la culture sont deux choses distinctes (comme le marmonne si bien le vieux Godard).

mardi 11 décembre

Je ne voudrais pas que mes petits enfants viennent un jour me reprocher de n'avoir "rien essayé". C'est vrai, il faut être constructif, faire connaître son point de vue, participer au débat. Voici donc mon message spécialement adressé aux maîtres du monde (je pourrai ainsi dire que j'ai essayé d'entrer en communication avec eux).

"Celui qui veut voir le monde le récompenser par des choses matériellement quantifiables, celui-là est assujetti à la réalité et ne parvient pas à saisir l'humour qui doit régner dans les échanges avec cette grandiose et merveilleuse illusion." Alfred Kubin

Bon, ça c'est fait.

mercredi 12 décembre

Puisqu'on est dans les sujets "sérieux", un mot sur la politique intéreure et extérieure de notre président. A vrai dire, je n'en pense pas grand-chose. Pour pouvoir penser la situation, il faudrait d'abord disposer d'outils intellectuels fiables, de concepts solides. Or, la guérilla idéologique actuelle vise principalement le langage. Il était urgent, aux yeux de la domination en place, de se débarrasser de la pesanteur des significations inutiles (sociales, morales, philosophiques, etc.). Le seul langage qui compte, c'est celui de l'argent. Le reste n'est qu'un brouillard passéiste que la domination se fixe de dissiper durablement.

jeudi 13 décembre

Je me souviens d'un concert de Tangerine Dream à la fête de l'Huma. C'était vers 75/76, avant la saine secousse du punk. Une époque assez terrible, quand on y repense. Je n'ai jamais pu rester assise à écouter de la musique "planante". Dans ce genre où s'illustrèrent quelques mégalomanes teutons sous acide, je sauve toutefois les instrumentaux hiératiques qu'on peut trouver sur un de mes disques de chevet : Low de David Bowie (et Brian Eno).

vendredi 14 décembre

Il ne me viendrait pas à l'idée de me plaindre de mon travail qui me laisse énormément de temps libre. Mais là, ça tire quand même un peu. Alors, repos.

samedi 15 décembre

"On est plus heureux dans la solitude que dans le monde. Cela ne viendrait-il pas de ce que dans la solitude on pense aux choses, et dans le monde on est forcé de penser aux hommes ?" Chamfort

Bright lights, big city. En ce moment même, sur le plus beau blog du monde, une surperbe série consacrée aux néons de la ville.

dimanche 16 décembre

 

lundi 17 décembre

Goats Head Soup est un grand disque hivernal qui ne figure dans aucune des listes de must have de Téléinrocks. On a les Stones de Moonlight Mile sur tout un album (à l'exception de Star Star et Silver Train), with a head full of snow, des arrangements de cordes, de la guitare wah-wah et Jagger au sommet de son art. Ecoutez-le chanter les sols gelés dans Winter. Bien sûr, il y avait le problème du son sur ce disque. Je viens de mettre la main sur un bootleg qui présente des versions brutes, non remixées. C'est un peu moins éloigné d'Exile, mais on est toujours dans la neige.

mardi 18 décembre

Difficile de prétendre que vivre cette période historique soit un privilège exaltant. Seuls les appétits grossiers des maîtres peuvent être satisfaits, puisqu'ils ont fait du monde à la fois leur terrain de jeu et leur manufacture (Vous n'avez jamais eu l'impression de vous déplacer dans une gigantesque usine dont on ne voit jamais la fin ?) No way out, c'est écrit partout dans les têtes. Je me console en me disant disant qu'au moins, on aura vécu la sortie de Blood On The Tracks et d'Exile On Main Street, Get It On dans les auto-tamponneuses et le premier concert parisien des Clash. Comme me disait un vieux rocker de Dogs City : "On a eu de la chance". C'était compris dans le ticket, man. Et nous en avons profité bien au-delà du raisonnable. Le rock ne méritait peut-être pas cet engouement excessif. C'était juste le seul putain de truc vivant en provenance de ce monde de zombies qui,depuis, n'a cessé de se dégrader à un rythme ahurissant. Have mercy.

mercredi 19 décembre

Connaissez-vous la nouvelle mode chez les intellectuels "critiques" ? Au nom de l'archaïsme des courants politiques opposés au néo-libéralisme, ils prônent une collaboration constructive, optimiste et moderne, dans le but de perfectionner le système (contre son gré, cela va de soi). Sorry, je ne marche pas. La seule manière de s'opposer à une pensée dominante, c'est de la refuser. Ce n'est pas un choix facile. Il faut savoir qu'on aura d'abord à se battre contre la forme intériorisée de l'idéologie. Ensuite, si jamais on parvient a recouvrer son autonomie et sa subjectivité, alors il faudra lutter à l'extérieur cette fois, contre le contrôle social ultra normatif excercé par le groupe auquel on appartient. C'est une guerre de tous les instants, un combat invisible et souvent feutré qui peut parfois s'avérer très violent. Mais cette guerre est uniquement symbolique et, à la différence de l'autre, totalement bénéfique pour l'esprit. Les progrès réalisés sur cette voie ne peuvent être mis au service de la société néo-libérale.

jeudi 20 décembre

J'ai une idée de film pour Todd Haynes. Cela s'appelle " Villa Nellcôte Blues" et ça raconte la vie quotidienne des habitants d'une grande maison sur la French Riviera pendant l'été 1971. Celui qui vit là est un musicien de rock. Il est accompagné de son entourage (autres membres du groupe, femmes, amis de passage, dealers...). Le fil conducteur, c'est l'enregistrement d'un disque dont on suit l'élaboration nuit après nuit dans la cave moite de la villa. Johnny Depp sera parfait pour le personnage central du récit, je le vois très bien en guitariste junky avec look de prince gitan. Inutile d'insister sur l'accroche du public (sexe, drogue et rock n' roll). Téléinrocks ne manquera pas d'y voir "une passionnante réflexion sur le processus créatif".

Photographie : Dominique Tarlé (chef opérateur sur le film)

vendredi 21 décembre

Ce soir, je suis en vacances. La journée d'hier était assez belle ( légère, avec quelque chose de magique dans le souvenir). A+

samedi 22 décembre

Le jeu des deux albums préférérés d'Elvis Costello. 1 : Get Happy, grand disque de white soul sous amphétamines (mais je crois qu'il s'agit d'une affaire entendue). 2 : Imperial Bedroom, luxueusement produit, débordant de chansons superbes (dont l'impressionnant Beyond Belief).

dimanche 23 décembre


 

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