Je fais des progrès. Cette année, j'ai franchi une étape. Pas de Christmas Blues : I just don't care. Le fait de savoir que cela existe ailleurs, pour d'autres (les magasins bondés, les achats débiles, la grosse bouffe et l'ivrognerie familiale) ne m'affecte plus. Il faut s'éloigner à une grande distance de la société pour parvenir à cette indifférence paisible.

mardi 25 décembre

Sur la B.O. de I'm Not There, à la première écoute, la reprise de Wicked Messenger par les Black Keys m'a frappé agréablement les oreilles (message perso, mais ça concerne aussi l'humanité). Le menu de ce double CD est copieux, il va falloir du temps pour en faire le tour.

mercredi 26 décembre

"C’est sur un phénomène de centralisation et de contrôle de la production de l’imaginaire social que s’appuie l’autorité des gouvernants."

jeudi 27 décembre

" Dewey fait la différence entre l’expérience et « une expérience ». On fait l’expérience de toutes sortes de choses de façon superficielle, incomplète, vague, alors que l’on a « une expérience » lorsque l’on va au bout de sa réalisation. L’expérience forme un tout et les parties de ce tout sont liées. Dans « une expérience », il y a un mouvement d’un point à un autre. Une expérience est spécifique, elle a une unité qui la désigne en propre. Ce caractère propre lui donne ce que l’on pourrait appeler un style et fait que toute expérience véritable, c’est-à-dire aboutie, est esthétique. C’est vrai d’une conversation, d’un dîner réussi ou d’une expérience de pensée, par exemple."

vendredi 28 décembre

Ici, au basement, on a complètement zappé Noël. Ce n'était pas prémédité, ça s'est juste fait comme ça. Ce n'est pas le genre de chose que je pourrai raconter à mes collègues en rentrant, mais ici c'est différent. Nous sommes entre nous. Les lecteurs fidèles et réguliers du journal se souviennent peut-être que j'avais parlé du concert magique où Bijou avait été rejoint par un Gainsbourg très rock n' roll. Tout est là, les vidéos et même le disque qui était distribué gratuitement au public ce jour-là (j'ai toujours le mien). Ce sera mon cadeau de Noël - avec un peu de retard mais le coeur y est.

samedi 29 décembre

Dans la confusion ambiante, il est important d'avoir des priorités et plus important encore de s'y tenir. Selon Dewey, tout peut potentiellement prendre une dimension esthétique (une matinée, une chanson, une discussion, un dessin, etc.). La seule manière de connaître la dimension esthétique, difficilement communicable, est de l'expérimenter par soi-même. Le propre de l'expérience esthétique est de procurer une intense jouissance (jouissance de soi et du monde). Ici au basement, nous avons décidé de placer l'année 2008 sous le signe de la jouissance esthétique et d'y consacrer l'essentiel de notre temps et de notre énergie. Enjoy 2008 !

dimanche 30 décembre

 

lundi 31 décembre

Bel hommage à Christian Bourgois sur Silo. A ce sujet, je me demande ce que sont devenus certains de mes vieux 10/18. J'ai toujours le premier livre que j'ai acheté dans cette collection : Le Loup-Garou de Boris Vian. J'ai conservé les Brautigan, les écrivains Beat, mais j'ai semé en chemin des bouquins "politiques" imbitables à la mode seventies. Ceci dit, quand on pense à toutes les merveilles que cet éditeur nous a fait découvrir, on ne peut qu'être impressionné. Thank you so much, man.

mardi 1 janvier

mercredi 2 janvier

Je sors d'une semaine Astral Weeks, que j'écoutais en boucle pendant que je "travaillais"*. Je connais mal la bio de Van Morrison, mais il est évident que le bonhomme a dû vivre des expériences fortes au cours de cette période. Van the Man, souvent interrogé sur le sens des chansons qui figurent sur ce disque époustouflant, parle de "stream-of-consciousness things". A vrai dire, on se fout du sens**. Ce qui compte, c'est cette voix qui semble forcer une limite et atterrir par effraction dans un espace inconnu. Peu importent les élucubrations new-age qui ont vaguement servi d'explication par la suite, l'essentiel a été capturé sur ce disque pour l'éternité.

* J'emploie le verbe "travailler" faute de mieux. J'évoque ici des activités dont le président ne soupçonne même pas l'existence et qui ne me rapporterons rien dans la société d'économie marchande.

** Cela me fait penser à ce collègue qui me disait qu'il se mettrait à Dylan lorsqu'il "maîtriserait suffisamment l'Anglais". Pauvre gars...

jeudi 3 janvier

Hier, très belle journée à Paris avec un dear old friend. Au programme, I'm Not There au Max Linder Panorama. Je vous reparlerai probablement plus en détail de ce film magnifique; mais là, je suis encore sous le choc. Just see it ! La vidéo de Ballad Of A Thin Man, c'est parce que j'en ai parlé à mon pote (le passage consacré à cette chanson est un grand moment du film de Todd Haynes). Message perso 1 : J'ai vu à la télé le type qui se faisait interviewer sur le banc (c'était à propos de l'affaire Betancourt). Message perso 2 : J'ai complètement oublié la bouffe (sorry).

vendredi 4 janvier

Ce qu'il faut détruire en 2008.

samedi 5 janvier

Todd Haynes est parvenu à traduire avec une précision hallucinante ses images fantasmées de Dylan. Prenons une petite scène au hasard : le scandale du discours éthylique devant l'assemblée de gauche lors d'une remise de prix. Cette anecdote est évoquée dans No Direction Home (par Suze ou Baez) et comme il n'y a pas d'images de l'événement, chacun s'étais fait un vague petit film dans sa tête. La séquence de I'm Not There est une version hyperréaliste saisissante de précision de cette représentation mentale. Idem pour la scène de la hache à Newport, etc. A chaque plan, tout y est : personnages, décor, lumière, etc. Donner une forme parfaite, nette, aboutie, à des rêveries fugitives à la fois subjectives et collectives, cela pourrait bien constituer une définition possible de l'art cinématographique de Todd Haynes (et par la même occasion, du songwriting de Dylan). Pendant qu'on parle cinéma - ce qui arrive rarement compte tenu du peu de films que je vois (j'hésite à parler des films découverts à la télé), pendant qu'on parle cinéma, dis-je, j'ai eu la bonne surprise de découvrir que les Cahiers avaient classé Boulevard de la mort en deuxième position dans leur palmarès 2007. Cela tombe bien parce que ce film correspond exactement à l'idée que je me fais d'un "film d'auteur" (en gros, un type qui réussit à faire le film qu'il rêvait de faire sans trop se soucier des contraintes de l'horizon d'attente et encore moins de ce que devrait être un film d'auteur).

dimanche 6 janvier

 

lundi 7 janvier

Hier, en ouvrant mon Libé numérique, je suis tombée sur deux news qui m'ont mise de bonne humeur (cela mérite d'être noté). la première nouvelle concernait l'Amérique (donc le monde), la seconde notre cauchemar médiatique quotidien depuis six mois. L'année ne commence pas si mal.

mardi 8 janvier

Le jeu des listes, après tout, pourquoi s'en priver. Aujourd'hui, mes trois guitaristes préférés.1) Keith Richards 2) Pete Townshend 3) Wilko Johnson

En vérité, j'ai piqué la liste à un rocker de Dogs City quand j'ai réalisé que c'était exactement la mienne. Ce qu'ils ont tous les trois en commun ? La guitare rythmique, man. C'est ça le truc. Un jeu économe et nerveux où les silences jouent un rôle primordial. Les bluesmen de chez Chess jouaient comme ça (on peut le vérifier sur les vidéos vintage).

mercredi 9 janvier

C'était de belles vacances comme je les aime, chaque journée s'écoulant lentement, bien centrée sur elle-même. Oui, but this is the end.

jeudi 10 janvier

J'aime bien mon boulöt, même si j'hésite à le reconnaître parce que ça fait UMP. Premier avantage, ce n'est pas un travail compromettant (il ne fait grimper en aucune manière les actions des gros porcs). Deuxième avantage, on peut y ignorer la hiérarchie pyramidale (il suffit de renoncer aux récompenses qui font courir les suckers).

vendredi 11 janvier

"Parler pour parler est notre seule délivrance" Novalis

samedi 12 janvier

Oh what a rat race... Hier soir, j'étais devant la TV pour de mauvaises raisons : écouter les commentaires sur l'épisode de la semaine, à savoir le retour fracassant de Cécilia. En zappant, j'ai regardé par hasard un portrait d'Albert Jacquard. Le type m'a paru cohérent, un peu niais au début, mais totalement lumineux à la fin. En éteignant mon poste, j'étais dans un état bizarre. Ce que disait ce type dans le poste était raccord avec les diverses expériences humaines de la journée.

dimanche 13 janvier

"En 1921 le célèbre journaliste américain Walter Lippmann déclara que l'art de la démocratie exigeait "la fabrication du consentement" (the manufacture of consent). Cette expression est un euphémisme orwellien pour le contrôle des pensées. L'idée est qu'un Etat tel que les Etats-Unis, où le gouvernement est impuissant à contrôler le peuple par la force, est obligé de contrôler ce qu'il pense." NOAM CHOMSKY

 

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