lundi 4 février

 

Quand je suis de retour au basement avec mes livres et mes disques, je me dis que c'est bien d'avoir à sortir de chez soi, de devoir traverser ces ambiances éloignées, de frôler ces conversations auxquelles il est impossible de prendre part. Il est sain d'aller se cogner ainsi contre ce que William James appelle "les points de résistance de la réalité".

mardi 5 février

La domination est inscrite dans les corps. Le rock n' roll nous aide au quotidien à combattre les effets du dressage social sans qu'il soit nécessaire chaque matin de théoriser le fight. Une chanson de trois minutes et des poussières, c'est suffisant. Go cat!

mercredi 6 février

" Une sorte d'aristocratie parallèle, un réseau fantôme, où l'éthique rejoignait l'esthétique, une école de l'élégance et du savoir se tenir, quand le rock était plus qu'une musique, un genre de société secrète, et quand les disques étaient faits autant pour être écoutés que regardés, touchés, caressés. "

Avec le temps, il devient difficile d'échapper à la nostalgie. Une semaine de vacances au Beat Hotel, voilà qui me ferait le plus grand bien.

jeudi 7 février

La question du plaisir est cruciale. Sous nos contrées, la réflexion est plombée par une longue tradition platonico-catholico-cartésienne. Dualisme, instrumentalisation des corps. No escape. Mais nous sommes en train de nous prendre en main. C'est une affaire de subjectivité et d'attention. Certaines expressions qui reviennent souvent dans les lyrics ("feeling alright", "having good time", etc.) constituent la base de cette entreprise d'esthétisation de l'existence. Let the good time roll.

vendredi 8 février

Il est bien beau, le dernier Cat Power. Il faut dire qu'elle chante de mieux en mieux et que le groupe derrière elle sonne juste comme il faut.

samedi 9 février

Let's have a break.

dimanche 10 février

lundi 11 février

Projetons-nous dans un an. Qui se souviendra et se souciera d'un jeune politicien avec une tête de nœud assassiné dans les rues de Neuilly ?

mardi 12 février

Une priorité dans mon agenda plus qu'aéré : m'asseoir au soleil avec les chiens du GFIV et poursuivre la lecture. On aura compris que c'est (encore) les vacances au basement.

mercredi 13 février

Le mot énervant du moment : "séquence", pour désigner une chaîne d'évènements se succédant dans une assez courte unité de temps. On remarquera d'abord qu'un mot à la mode dans le milieu politico-journalistique en chasse un autre (plus personne n'envisage de "changer de logiciel"). Lorsque la "séquence" relie une chaîne de faits perçus comme négatifs, elle s'apparente à la bonne vieille "série noire". Exemple : «Entre le rapport Attali, les annonces du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, les règlements de comptes entre ministres et maintenant Neuilly, la séquence est dramatique». Mais ce concept creux soulève de nombreuses difficultés. Le terme faisant référence à l'écriture filmique, on peut se demander qui écrit le scénario et qui assure la mise en scène.

jeudi 14 février

 

Oubliez les romances moisies concoctées par la presse trash pour tenter de remettre en selle des people sur le retour. Entre Chan Marchall et Robert Zimmerman, c'est du romantique à l'ancienne. Nous en sommes au prologue. Dans Song to Bobby (la seule compo personnelle figurant sur Jukebox), la chanteuse ouvre son cœur et déclare son amour pour le vieux cow-boy buriné. Elle raconte comment elle a essayé en vain de le voir backstage lors d'un concert à Paris. A l'heure où nous envoyons dans le cyberespace, nous ne savons pas si Bobby à répondu à cette touchante déclaration publique. A suivre donc...

vendredi 15 février

Hier, j'étais in a bad mood. Je ne sais pas à quoi ça tient. Peut-être un ciel voilé, une perméabilité passagère à certaines vibrations, de mystérieux mouvements somatiques échappant à la conscience. Peu importe. Et vous ne devinerez jamais ce qui m'a fait du bien. Ce bon vieux Hank Williams. Au fait, si vous n'aimez pas sa musique (trop ancien, trop ringard, pas assez tendance), savez-vous ce que Kris Kristofferson vous dit ?

samedi 16 février

C'est joli les religions, et on en entend beaucoup parler. On n'entend pas les sceptiques. Le sceptique pense qu'il n'existe pas d'accès direct à la "Vérité". Il n'y a pour lui que des vérités historiquement construites, plus ou moins passagères et localisées. Le sceptique tolère celui qui croit en une vérité éternelle (si ça lui fait du bien). L'inverse n'est pas toujours vrai.

dimanche 17 février

silencio

lundi 18 février

Devoir de mémoire for everybody ((interview trouvée sur la page d'accueil d'Orange mais elle n'y est probablement déjà plus).

mardi 19 février

Tout groupe humain semble avoir besoin d'un leader (même fou à lier). Il s'agit d'une constante anthropologique. C'est un peu triste, mais on s'y fait.. La laideur, elle, est particulièrement difficile à supporter. Et il faut bien constater que par une sorte de malédiction mystérieuse, le pouvoir tend à enlaidir ceux qui l'exercent.

mercredi 20 février

" Sun Records était AUSSI un label de blues. N'oubliez jamais ça, les p'tits gars." Joe le Gloseur, Discours aux écoliers (extrait)

jeudi 21 février

Ô les belles vacances! Une partie de la matinée au lit : blogs, revue de presse, correspondance, etc. Vers dix heures, second breakfast et musique rythmée (équivalent du jogging pour les cadres). Un peu de création "artistique", mais sans forcer. Puis, en début d'après-midi, si le soleil jaune chauffe suffisamment, lecture au pied du cerisier (quelques pages de philosophie de l'esprit, cela repose des conversations avec les collègues). Dernière minute : j'apprends que le Loner est passé au Grand Rex et je n'étais même pas au courant. En plus, il a joué Ambulance Blues. Quel dommage de l'avoir raté. Dernière seconde : je viens de trouver la pochette d'un compile Skydog perdue il y a une éternité. Il y avait de bons trucs là-dessus (dont une reprise de Dirt des Stooges). Je sens qu'avec un peu de chance, je vais bientôt voir passer le contenu.

vendredi 22 février

"Il y a sans doute eu une époque où le divorce entre le monde des idées et celui des réalités, entre les exigences de l'esprit et celles de la vie réelle n'était pas aussi radical." (J. Bouveresse)

A force de surfer dans mon lit, j'ai fini par découvir quelques blogs qui valent le détour. On commence avec celui-ci. Attention, ce blog ne convient pas pour les courtes pauses au bureau. Il faut s'accrocher un peu mais en même temps, qu'est-ce que ça fait du bien!

samedi 23 février

Un guide pour se retrouver dans la discographie des Kinks ? Ce n'est pas superflu. Le développement du songwriting de Ray Davies est une des choses les plus fascinantes que je connaisse dans la pop anglaise (et ailleurs). Tant de talent, de classe, d'aisance, d'humour, d'anticonformisme, de qualité d'écriture, de fine critique sociale, de sens de la mélodie, chez le même individu, c'en est presque inhumain.

dimanche 24 février

On est dimanche, traditionnellement le jour silencieux dans le Journal, mais j'ai envie d'écrire. Je voudrait fixer des trucs importants à mes yeux avant que tout ne soit emporté par le flot nauséeux et omniprésent dans lequel on nous fait baigner. Il s'agit de quelques lectures effectuées à l'arrache. Quand je vais à Paris, j'achète très peu de livres (la sous-consommation semble nuire à la société spectaculaire-marchande). Par contre, je feuillette beaucoup. Voici mes lectures les plus marquantes :

La Correspondance de William Burroughs : Lettre de Tanger à Allen Ginsberg, un jour de déprime : "La forme romanesque ne correspond pas à ce que je veux exprimer. Je doute de trouver la forme qui convient. Je doute de trouver un éditeur pour le publier, etc."

Une biographie de Charles Bukowski : Rien à dire, c'est du bon boulôt. Il y a des épisodes sur lesquelles Buk a beaucoup écrit (les parents merdiques, le boulôt à la poste, la période clodo...), et d'autres qu'on connaît moins, comme le moment où des freaks envapés sont venus le chercher au début des seventies pour participer à une revue underground. On connaissait le rôle crucial joué par les différentes muses, mais on les mélangeait un peu. Elles sont toutes là, avec photos, dates, et mention des livres où elles sont évoquées. On s'attendait à des barfly amochées. On découvre des belles femmes, avec du caractère. Mais l'intérêt de cette biographie, c'est surtout qu'elle nous permet de mieux comprendre le parcours de ce grand bonhomme dont la poésie tient toujours la route, il faut le redire. Bukowski EST un putain de grand écrivain et vous devez tous le lire ou le relire d'urgence

Un petit bouquin plaisant, qui reprend le principe des Mythologies de Barthes et qui passe en revue toutes les marchandises fétiches de notre temps (MP3, SMS, GPS, 4x4, etc.). C'est un portrait assez fidèle de notre condition présente mais sans la dimension subversive de la pensée barthienne, totalement absente de ce pastiche.

"Bob Dylan, Interviews" : lu quelque répliques de 65 à la volée. Ce qui frappe à chaque fois, c'est la bonne volonté de Bob pour essayer de communiquer avec ce genre de zombie (Mr Jones) borné, suspicieux et agressif.

Une petite mise au point pour finir : si l'on ne voit jamais apparaitre ici le personnage tristement fameux dont le nom commence par un S, , cela n'est pas dû au hasard. C'est un choix. délibéré. Il est étonnement facile de rayer un nom propre et de le faire sortir du décor. Certes, on pourra trouver le procédé un peu abrupt, voire "violent" - genre photographie retouchée par les staliniens. Mais ce n'est jamais que du langage. A ce jour, aucune loi, aucune injonction morale, ne légifère ce type de décomtamination sémantique qu'affectionnaient tant Burroughs et Gysin.

 

 

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