lundi 17 mars

Des bouts de Eat The Document sur Youtube. Et toujours des larmes de rage pour ce qui se passe au Tibet sous le joug de la Tyrannie Made in China™. Laissez les moines bouddhistes en paix, bande de salopards, ce sont les seuls religieux pour lesquels nous avons un tant soi peu de respect.

mardi 18 mars

"Je ne suis rien.

Je ne serai jamais rien.

Je ne peux vouloir être rien.

Ceci dit, je porte en moi tous les rêves du monde."

Ainsi commence Bureau de tabac, que certains considèrent à juste titre comme l'un des plus beaux poèmes de Fernando Pessoa (même s'il est signé Alvaro de Campos) et que d'autres n'hésitent pas à placer parmi les plus beaux poèmes du vingtième siècle.

mercredi 19 mars

Chants d'oiseaux à 6:49. Je me réveille étrangement apaisée. Pas d'irritation provoquée par des autobiographies petites-bourgeoises, pas de colère déclenchée par la répression chinoise. Non, rien que le calme un peu ahuri de la première heure matinale. Même si je sais que cette paix sans cause ne va probablement pas durer, j'en profite.

jeudi 20 mars

Vent glacial en provenance de Norvège (selon la météo). J'abrège la promenade dans le jardin du GFIV et je reviens devant l'ordinateur. En chemin, j'ai eu une pensée pour vous. Je veux parler des lecteurs réguliers, de ceux avec qui il m'est arrivé d'avoir de brefs contacts backstage comme de ceux dont je ne soupçonne même pas la présence. J'ai pensé que j'avais beaucoup de chance de vous avoir. Il est assez remarquable de trouver des gens avec qui on peut parler tranquillement de la correspondance de Hunter S. Thompson en sachant que l'on s'adresse à des personnes de goût qui sauront apprécier. On en apprend pas mal sur le bonhomme en lisant ces lettres. On connaissait déjà son régime surdopé, sa grande gueule et ses principaux faits d'arme. On découvre un écrivain assez compliqué, insatisfait au point de jeter des piles de notes (un an de travail) un soir de terrible lucidité. En fait, on découvre un véritable écrivain parvenu à la notoriété grâce à son travail génial de journaliste et qui laisse derrière lui un sentiment de foirage littéraire (plusieurs projets de fictions inachevées ou seulement esquissées). Le Hunter S. Thompson que l'on découvre est plus complexe que le personnage de mégalo défoncé de la légende. Et puis il y a ce style nerveux, rythmé, qui correspond assez bien à l'idée que je me fais d'une écriture "rock" - même si Thompson avait, en matière de musique, des goûts assez merdiques (genre Jefferson Airplane). Il y a un texte assez marrant qui montre qu'il n'avait rien compris à Dylan, mais ce n'est pas grave du tout, surtout quand on écrit comme ça :

"J'ai appris les coups de feu, la panique et la vue de mon propre sang dans la rue. (...) La vie était brutale, en ce temps-là, et j'ai adoré ça."

vendredi 21 mars

Aujourd'hui : repos. Rendez-vous au carrefour étrange où vous attend un polar situationniste.

samedi 22 mars

Je viens d'aller au bout d'un conflit, nous sommes quelques jours after the clash. J'ai gagné et je suis en pleine forme. C'est dans cet état que j'ai découvert, au détour d'un bootleg, une version complètement mortelle de Highway 61 Revisited avec Stevie Ray Vaughan à la guitare. J'ai dû faire Google pour vérifier l'orthographe de son nom - c'est dire l'intérêt que je porte à ce musicien renommé. Je dois pourtant reconnaître que pour la première fois de ma vie je l'ai écouté jouer comme doivent le faire les lecteurs de Guitare Magazine, en m'extasiant sur les prouesses, la maîtrise technique. Tout seul, sans Dylan redécouvrant en direct la puissance de feu de sa propre chanson, cela n'aurait strictement aucun intérêt. Mais le jeu de bottleneck de Vaughan soutient ici merveilleusement la voix de prêcheur halluciné de Bobby (période Infidels) et propulse l'ensemble dans la stratosphère. C'est aussi ça, être dylanophile : le petit frisson de pouvoir encore découvrir par surprise des pépites de ce calibre.

dimanche 23 mars

 

lundi 24 mars

" I feel alright

Yeah, I feel alright

I feel alright right now",

chante Graham Parker. C'est vrai qu'on pourrait être plutôt cool, s'il n'y avait cette bande de salopards. En face d'eux, il y a nos représentants légitimes qui se couchent, nous obligeant par là même à adopter une posture inconfortable qui me met de mauvaise humeur. Pour moi, la journée d'hier restera celle où j'aurai entendu pour la première fois une chanson magnifique extraite du nouvel album de Bashung (Bleu Pétrole). Elle a été écrite en collaboration avec Gérard Manset et son titre est Je tuerai la pianiste. L'autre truc marquant de cette journée, c'est the Magic Numbers, un chouette groupe très relaxant, planant sans être avachi, qui sonne un peu comme du Pavement apaisé, débarrassé des stridences et des crises de nerf. Mais j'y pense, peut-être que le chanteur des Magic Numbers n'est autre que l'ancien chanteur de Pavement. Histoire de ne pas trop plomber le week-end chocolat, j'ai cette brève de Brave Patrie. Saluons au passage l'effort méritoire de ce site parodique, menacé à tout moment d'être rattrapé par la réalité.

mardi 25 mars

 

Au milieu de la tourmente de la Rolling Thunder Revue, Sam Shepard raconte qu' Allen Ginsberg s'isolait tous les matins dans sa chambre d'hôtel pour méditer. Cet été, j'avais pris une grand résolution sur la terrasse ensoleillée après la lecture d'un livre consacré à la pratique de la méditation bouddhiste. J'avais décidé de faire un effort sur la durée et de faire zazen chaque jour, même brièvement, quoi qu'il arrive et quel que soit mon état du moment. Faire zazen, cela signifie simplement s'asseoir sans rien faire, se concentrer sur sa posture et sa respiration. J'ai tenu un mois. Puis j'ai cessé toute pratique à l'automne à cause d'un mal de dos. Je m'y suis remise hier. J'avais besoin de "calmer les vagues", comme dit si bien Dogen. Et Ambulance Blues ? C'est ma chanson préférée du Loner, que je ne me console pas d'avoir raté au Rex.

mercredi 26 mars

""Il y avait des utopies, aujourd'hui il y a le CAC 40, un chef de l'Etat français agité dont j'ai honte et peur." Alain Bashung

"Heureusement, il y a Bashung." Jane Sweet

jeudi 27 mars

J'écoute un extrait du dernier Portishead (un must chez les Petits Bourgeois obéissant aux prescriptions d'achats de Télibinrocks). Je n'avais pas ressenti un tel ennui depuis le concert de Tangerine Dream à la fête de l'Huma (voir l'intégrale du Journal). La chanteuse peut séduire si on aime le style geignard. Mais un accompagnement de cordes classicos lui convient à mon avis bien mieux que ces bruitages prétentieux et ringards (deux défauts rédhibitoires en matière de musique). Ce gang de bidouilleurs envapés me fait penser à Pink Floyd - enfin, Pink Floyd tel que je les imagine après le départ de Syd, vu que je ne les ai jamais écoutés. Heureusement, dans le méga juke-box du GFIV, c'est Howlin' Wolf qui enchaîne, me remettant aussitôt de bonne humeur.

vendredi 28 mars

I'm in the mood for love. Parfois c'est bien de faire semblant de tomber amoureux. On peut vibrer intensément pour toutes ces chansons d'amour que nous écoutons habituellement assez froidement comme des variations obligées sur un thème éternel. Comment savoir si on fait semblant ?

samedi 29 mars

Break

dimanche 30 mars

lundi 31 mars

J'ai découvert que Bashung était partout dans Paris. Plus personne ne peut ignorer l'existence de cet opus majeur, et c'est bien ainsi. En réécoutant les Mots bleus par le même Bashung, je me suis posé la question des love songs. Où trouve-ton de bonnes chansons d'amour ? Pas des chansons d'amour impossible ou brisé comme dans les lamentations country au coin du bar. Des chansons qui traduisent l'élan amoureux dans sa phase initiale, joyeuse et légère. J'ai envie de dire dans la soul music, chez Sam Cooke et Smokey Robinson & the Miracles en particulier. Le maître absolu de la love song pourrait bien être Leonard Cohen. Un chanteur dont j'ai oublié le nom disait un jour que Cohen chantait uniquement pour emballer de belles nanas, ce qui est depuis la nuit des temps la seule et unique manière d'écrire de bonnes chansons d'amour.

mardi 1 avril

Bashung reprend Il voyage en solitaire et Manset a co-écrit certains titres sur Bleu Pétrole. Je me souviens du disque de Manset qui m'avait fait un gros effet à l'époque de sa sortie. Cela se passait vers 75 (Lycée Janson, Actuel, Giscard et les bouquins 10-18, pour ceux qui suivent). Je connaissais des fans du Floyd qui vénéraient le disque pompeux intitulé la Mort d'Orion. Je n'avais pas une très bonne image de ce chanteur barbu. Mais l'album Y'a une route était un ovni impressionnant. Je me souviens d'une interview où Manset expliquait qu'il n'avait rien à dire, qu'il laissait les mots faire le travail à sa place. Juste après, il a sorti un disque qui s'appelait Rien à raconter. Puis il a entamé sa période asiatique qui a aussi donné lieu à quelques belles chansons. Mais j'ai un gros problème avec la voix lugubre de Manset : elle me déprime terriblement. D'où l'intérêt d'avoir l'esprit Manset, mais avec la voix de velours de notre french hero.

mercredi 2 avril

L'autre reprise du disque, c'est Suzanne de Leonard Cohen dans la version française de Graeme Allwright. J'avais aimé cette chanson par Françoise Hardy, mais je ne m'en vantais pas trop. Maintenant, j'assume. Je suis aussi dans une période Gainsbourg. J'écoute l'immense Melody Nelson et l'album Vu de l'extérieur, qui contient plusieurs bonnes chansons dadaïstes.

jeudi 3 avril

J'ai fait zazen. Une seule fois, en fait. Et depuis, j'ai mal au dos. Résultat, je médite maintenant comme je l'ai toujours fait : allongée sur le lit en écoutant de la musique. Comme dirait Bashung : ça c'est my way. Le dernier Adam Green est une réussite, avec des arrangements fouillés et des chœurs féminins qui donnent aux chansons un petit côté comédie musicale déglinguée pas désagréable du tout.

vendredi 4 avril

Principales caractéristiques de l'état amoureux. Une augmentation de l'amplitude des hauts et des bas, avec apparition d'états émotionnels euphorisants et d'états plus low down vers la tombée de la nuit. Disparition partielle des états neutres, majoritaires en période dite "normale". Les neurosciences expliquent ces transformations par l'action de substances psychotropes naturelles produites par le cerveau (trop crevée pour faire des liens). Love is the drug.

samedi 5 avril

Je crois au dieu Hasard. Je ne le comprends pas, je ne me l'explique pas, mais j'essaie d'observer en détail ses combinaisons énigmatiques.

dimanche 6 avril

 

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