lundi 16 novembre

Retour sur le match de la semaine dernière. "Flicage", "vulgarité" : l'essence de notre réalité parfaitement formulée en deux mots. C'est à ce genre de détail qu'on appécie un écrivain.

mardi 17 novembre

Vous voyez cette photo de Lou Reed écroulé sur le canapé de la Factory ? Cette image a survécu à tous les déménagements. Elle se trouvait au départ dans un numéro "spécial Velvet Underground" des Inrocks (vers 92/93...). Je l'avais intégrée à un collage où j'avais mis tous ceux qui, à l'époque, m'aidaient à affronter une période délicate : l'entrée dans le monde du travail aliéné. Finalement, cette photo est la seule à être restée accrochée au mur dans le bureau. Du coup, je me demande si Lou Reed ne serait pas mon héros rock favori. Ce n'est pas très important. Le seul truc qui compte, c'est d'être son propre héros.

mercredi 18 novembre

Le jazz West Coast, c'est quand je suis fatiguée. La fatigue, c'est d'ailleurs le principal reproche que je fais au travail aliéné.

jeudi 19 novembre

Je suis en train de lire un texte d'Aragon qui date de 1967. L'écrivain stalinien - qui se fera huer un an plus tard par les étudiants - se souvient de sa rencontre avec André Breton. Le style est un peu pompeux, genre témoignage pour l'Histoire, mais ce qui est raconté est passionnant. Il est question d'un pacte de jeunesse trahi. Ce n'est pas rien. Aragon décrit le plus précisémment possible les longues marches dans les rues de Paris, les discussions enflammées. Les deux amis découvrent qu'ils partagent une même passion pour Lauréamont. Puis surgissent les "Poésies". Breton et Aragon sont profondément troublés par la prose d'Isidor Ducasse, qui se présente comme une négation radicale des "Chants de Maldoror". Les souvenirs de jeunesse d'Aragon permettent de mesurer la force de frappe de l'oeuvre au moment de la déflagration initiale, avant qu'elle ne devienne un "chef-d'oeuvre de la culture universelle".

vendredi 20 novembre

Source : exposition "Who Shot Rock & Roll".

Dans son blog, François Gorin a tenu cinq posts sur un groupe obscur, totalement inconnu au basement : The Triffids. Il l'a fait de manière convainquante, assez pour que je me mette à fouiller avec fébrilité dans les recoins du net à la recherche de leurs albums. Je n'ai rien trouvé. Si quelqu'un a un lien, qu'il n'hésite pas à me contacter.

Musique : Sonny Boy Williamson, Better Cut That Out.

samedi 21 novembre

Damien Hirst, enfant de Warhol et fils de pute.

Vu un excellent documentaire sur le business de l'art contemporain (Arte). Damien Hirst est un artiste médiocre qui a tout pompé à Warhol, mais c'est un homme d'affaire génial, capable de niquer les requins du marché en organisant une vente sans intermédaire et de réussir ce coup risqué. Le docu est aussi une passionnante galerie de portraits : nouveaux riches cherchant à investir, marchands véreux contrôlant les prix, "artistes entrepreneurs" alimentant à flux tendu le marché en faisant bosser une armée d'assistants (probablement sous-payés). Les commentateurs interrogés n'osent pas prononcer les mots "manipulation du marché"" mais ils font un signe discret de la tête. Tout le monde est d'accord sur un point : les oeuvres d'art sont des marchandises. Et l'avantage avec des Warhol, des Koons, des Hirst, c'est qu'il est encore plus facile de faire monter artificiellement les prix qu'avec le cours des actions ou des matières premières. Il suffit d'organiser une expo à la Tate, de faire monter les enchères lors d'une vente, d'arnaquer un milliardaire russe qui débarque.

dimanche 22 novembre

 

lundi 23 novembre

Le coup de foudre du mois : Cécile Guibert, vue dans l'émission "Bibliothèque Médicis". J'avais lu son "Debord", flashé sur son "Warhol", apprécié ses critiques dans Le Monde des Livres. Intégrité et passion, fidélité aux avant-gardes, on appréciait beaucoup, surtout dans l'ambiance de neutralisation culturelle qui règne aujourd'hui (une guerre "symbolique" dont nous parlerons une autre fois). Et soudain, en la voyant apparaître sur l'écran, j'ai réalisé que Cécile Guilbert est également une très belle femme. Dans un autre monde, Cécile Guilbert aurait pu chanter du rock ou être actrice de cinéma (underground). Mais son truc à elle, c'est la littérature subversive. Sur le plateau, on parlait justement d'une édition des lettres de Sade. L'animateur a demandé quelle définition donner pour "libertin". "Libertin, ce n'est pas seulement la sexualité. C'est plus large. C'est la négation de toute autorité, dans tous les domaines", a-t-elle tenté d'expliquer. "En fait, c'est comme anarchiste". Je trouvais que cette définition méritait quelques développements, mais l'animateur n'avait pas envie d'entendre la réponse. Il préparait la question suivante en regardant ses fiches.

"En fait, tout peut devenir un objet d’étude noble, le luxe, la couleur noire, les porte-jarretelles, un auteur classique, un jardin du XVIIe siècle, la critique rock, à condition de le penser."

En entretien aussi, elle est parfaite.

mardi 24 novembre

C'est bien, de pouvoir s'enfuir par l'imagination. Encore faut-il choisir une destination. Pourquoi pas la maison de campagne de Keith Richards en février 67 ? Toutes les conditions sont réunies pour que cette weekend party soit une réussite. Ne pas oublier de repartir avec Harrison, avant l'arrivée des cops.

mercredi 25 novembre

Le carrefour réouvre, Marie-Laure a un nouveau blog, et je viens de commencer Un bonheur parfait de James Salter.

jeudi 26 novembre

Je découvre progressivement The Triffids, groupe hivernal qui se livre lentement (un grand merci à ceux qui ont répondu à mon appel).

vendredi 27 novembre

"Je pense qu'il n'y a pas d'acte artistique qui ne soit avant tout un acte d'insurection contre le monde tel qu'il est." Jean-Jacques Lebel (à écouter sur France Culture)

samedi 28 novembre

 

Repos.

dimanche 29 novembre

 

 

lundi 30 novembre

"There must be some way out of here". Avec cette entrée en matière, Dylan met la barre très haut. Et le reste de la chanson est du même niveau. "There must be some way out of here". Dylan doit avoir besoin de prononcer régulièrement ces mots. Il joue All Along The Watchtower chaque soir, généralement en rappel, et c'est le seul morceau inamovible de la set list sur le Never Ending Tour.

mardi 1 décembre

Le formalisme est "la pensée par signes purs" (Klages). La programmation informatique est formaliste. Ses termes n'admettent aucune approximation. L'encodage formaliste de la pensée s'étend aujourd'hui à tous les domaines de l'activité humaine. Pour ceux qui ont connu le monde d'avant (et ne l'ont pas totalement oublié), ce qui frappe, c'est la rapidité et l'ampleur de cette mutation. Tout va très vite. Si vite que je me dis qu'avec un peu de chance, on assistera peut-être à la fois à l'avènement et à l'effondrement du formalisme computationnel. Too much, too soon ?

mercredi 2 décembre

"Il se regarda dans la glace, soudain dépouillé de toute illusion. Il était au milieu de sa vie ; il ne pouvait plus reconnaître le jeune homme qu'il avait été." James Salter

jeudi 3 décembre

Maintenant que les symptômes post-traumatiques des années 80 commencent à s'estomper, je peux revenir sereinement sur cette décennie et y opérer quelques repêchages. Je réalise que j'avais zappé des grands groupes comme The Triffids ou Wall Of Voodoo, que j'écoute en ce moment. J'avais adoré Mexicain Radio et Lost Weekend lorsqu'ils passaient à l'époque. Boîtes à rythmes et nappes de synthé, à priori je devrais être allergique. Oui, mais avec une guitare pleine de réverbe et une voix distante sortie d'un haut parleur dans la nuit, ça change tout. On trouve pusieurs autres tubes potentiels et des pièces de rock expérimental, comme la reprise avant-gardiste de Ring of Fire avec un synthé tout droit sorti de Metal Music Machine.

vendredi 4 décembre

"Un des effets principaux de ce qu'on appelle répression, comme du travail salarié d'ailleurs, c'est de nous ôter le temps. Pas seulement en nous ôtant matériellement du temps (...), mais aussi et d'abord en imposant sa propre cadence. L'existence de ceux qui font face à la répression, pour eux-mêmes comme pour leur entourage, est perpétuellement obnubilée par des événements immédiats. Tout la ramène au temps court, et à l'actualité. Toute durée se morcelle." Une invitation, par les dix personnes mises en examen dans l'affaire dite "de Tarnac" ?

samedi 5 décembre

 

Blondie est vraiment pas mal dans cet extrait de film d'Amos, cinéaste dont Jim Jarnusch parle en ces termes : "Je vénérais Amos, un cinéaste vraiment libre qui a filmé le bouillonnement du rock new-yorkais dans Blank Generation. Je le suivais partout comme un jeune chien, et j’écoutais tous ses conseils. J’étais fan de son film The Foreigner (avec Blondie et les Cramps qui forment une secte punk) et de Unmade Beds".

dimanche 6 décembre

 

 

 

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