lundi 10 mai

 

Vu d'ici, le capitalisme financier ressemble à un film catastrophe à grand spectacle. Chaque journée apporte ses rebondissements, le suspens est permanent, avec en ligne de mire l'effondrement de l'économie mondialisée. Dans ce contexte, les hommes en gris devraient parvenir à faire passer les mesures brutales exigées par "les marchés" sans trop rencontrer de résistance.

mardi 11 mai

Je viens d'utiliser internet pour visualiser le visage d'un individu perdu de vue pendant de longues années (trente ans) à un moment où je m'interrogeais sur son aspect présent. La découverte d'un visage sur une photographie peut s'avérer une expérience troublante - comme chacun a pu le vérifier avec Rimbaud à Aden. On regrette parfois d'avoir découvert ce qu'on voulait voir. La prochaine fois, je choisirai probablement de m'en tenir à l'image que la mémoire aura fixée.

mercredi 12 mai

Croisé un ami que je n'avais pas revu depuis une quinzaine d'années. La conversation a repris immédiatement comme si elle venait juste d'être interrompue. A un moment, il s'est retourné sur le temps écoulé depuis notre première rencontre et s'est demandé comment il avait pu filer si rapidement. Constat partagé.

jeudi 13 mai

Image : Sinatra à Miami Beach, par Terry O'Neill. Elle me fait penser à un docu sur la maffia russe que j'ai vu l'autre jour sur Arte. Les vieux milliardaires interviewés dans des lieux luxueux se sont reconvertis dans la finance "légale" car, selon l'un d'eux, "cela rapporte plus et c'est beaucoup moins dangereux".

Pour ceux qui ont un peu de mal à suivre le feuilleton économique, un article éclairant ici ( un peu long pour une lecture à l'écran mais vous pouvez vous ménager une pause)

vendredi 14 mai

Je découvre que René vient également de mentionner Terry O'Neill en renvoyant vers une galerie de portraits. J'aime particulièrement la photo de David & Liz.

Citation de la semaine : "C'est bien normal que les Grecs n'aient rien foutu depuis trente ans puisque les touristes allemands, qui ont tout saccagé, leur apportaient de l'argent." J-L G

Disque du mois (froid et humide) : Peter Wolf, Midnight Souvenirs

samedi 15 mai

Ecouté cette compilation couvrant différentes périodes de Patti Smith. Et bien les enregistrements récents sont étonnament bons. Dans 31 songs, Nick Hornby décrit un concert de Patti Smith où il s'était rendu en présumant au mieux apercevoir "quelques éclairs de phosphore" et dont il est sorti en lévitation. "C'était un de ces moments rares - miraculeux, dans le cadre d'un concert de rock - où l'on est éperdu de reconnaissance envers la musique qu'on connaît et celle qu'il nous reste à découvrir, envers les livres qu'on a lus et ceux qu'on va lire, envers peut-être même cette vie qui est la notre."

dimanche 16 mai

 

lundi 17 mai

Toi aussi tu vas kiffer l'exposition Robert Crumb à la Galerie Martel, mon frère. Une bonne nouvelle : les sublimes croquis sur serviette en papier du grand dessinateur sont "abordables". Et puis, comme me disait une responsable de la galerie, "c'est un bon placement".

mardi 18 mai

 

"Christine Lagarde reste optimiste". Moi aussi tant qu'on aura des documentaires de la qualité du portrait de Glenn Gould diffusé sur Arte. J'ai décidé d'écouter les Variations le soir avant de m'endormir. Comme on dit, ça ne peut pas faire de mal.

mercredi 19 mai

Comme pour tous les chefs d'oeuvre, il y a un mystère derrière Exile - d'où la fascination, le mythe, la légende. Tout ce que je trouve à dire de ce disque, c'est qu'il m'a procuré du plaisir et de la joie en quantité abondante depuis sa sortie jusqu'à aujourd'hui. Le voilà, le mystère. Comment de la musique enregistrée peut-elle déverser tant de plaisir sur son auditeur pendant aussi longtemps ? Mais la grande affaire, ce sont les dix titres "inédits". Je n'arrive pas à les écouter autrement que comme le "dernier album des Stones". Dans pratiquement tous les titres, j'ai l'impression d'entendre le Jagger de maintenant, y compris à l'harmonica. Quoi qu'il en soit des overdubs, nous tenons là leur meilleur disque depuis 72.

jeudi 20 mai

Les dix outtakes. Aujourd'hui : Loving Cup. Le titre circulait sur des bootlegs mais on n'avait pas ce son qui permet d'entendre chaque coup de médiator sur les cordes métalliques de Keith. Superbe jeu de guitare qui fait penser que cette version date des sessions Let It Bleed. Le morceau a été repris quelques années plus tard dans la villa Nellcote, malaxé durant de longues heures puis trempé dans la soupe épicée d'Exile. (image : Robert Frank, Cocksucker Blues)

vendredi 21 mai

Pass The Wine (Sophia Loren) a tout pour combler le fan de base. Le morceau a encore un pied dans la jam, le riff a dû tourner dans le basement pendant de longues nuits. Tous les ingrédients de la recette magique sont là : les choeurs moites, le tapis de percussions, les cuivres qui font monter la sauce, le dialogue des guitares et du piano, de l'harmonica. Chaque écoute permet d'apprécier un peu plus la musique, la structure du morceau, les arrangements - comme quand on découvrait Exile, disque touffu qui nous paraissait assez bordélique aux premiers abords.

samedi 22 mai

Les deux vernissage que j'aurais aimé ne pas rater ce mois-ci : Robert Crumb à la Galerie Martel en présence de Bob et Aline et "Soul Survivor" à la Galerie de l'Instant en présence des deux auteurs des plus grandes photos des Stones. Je ne connais pas les prix des originaux pour un Tarlé ou un Russell, mais ça doit rester à dimension humaine. J'ai bien envie de commencer une collection d'art contemporain en démarrant avec un dessin de Crumb et une photo dans ce genre. .

Rubrique "Rions un peu avec les infos dramatiques", j'ai celle-là qui est pas mal : "Une élève de classe de 5e a été agressée à l'arme blanche par une autre élève, au collège Martin Luther-King de Villiers-le-Bel.". I had a nightmare.

dimanche 23 mai

Plundered My Soul vous envahit lentement mais sûrement jusqu'à se graver définitivement et en profondeur dans le cortex central. Trumbling Dice agissait de la sorte. Dans un monde parrallèle, cette chanson est numéro un, on l'entend partout, sortant des transistors dans les cuisines et les salles de bain, se répandant dans la rue par les portières ouvertes, et aussi dans les cafés où on joue au flipper et dans les autos tampons où se mêlent les cris des filles.

 

lundi 24 mai

So Divine, on la connaissait sous la forme d'un instrumental intitulé Aladdin Story sur les Trident Mixes . Le morceau sonne comme s'il venait d'être enregistré. Du coup, on se trouve devant un objet hybride avec une temporalité étrange, un peu comme si les Stones période Mick Taylor revenaient pour jouer un petit coup derrière le Jagger de 2010.

" Le vaisseau spatial Terre est propulsé à une vitesse vertigineuse par les quatre moteurs incontrôlés science-technique-économie-profit." Edgar Morin

Une fusée en folie, ouais, c'est exactement l'impression que j'essayais de traduire maladroitement en parlant de film catastrophe. La comparaison était mauvaise : ce n'est pas du cinéma.

mardi 25 mai

Keith prétend quelque part qu'il se souvient avec précision de l'odeur qui régnait dans la cave de la villa transformée en studio d'enregistrement. "Une vie de troglodyte", nous assure-t-il. "Really, all that was happening in the house was peripheral to us," dit Richards. "I was writing songs in the afternoon and then recording them at night. We were trying to keep up with the pace of the band. Mick [Jagger] and I were frantically writing songs, so there wasn't much time for partying."

Ah, et puis il y a cette discussion, , avec un type qui a bossé pour eux chez Virgin et qui raconte comment Jagger était opposé à l'idée d'une anthologie de titres oubliés. A la place, il a préféré cette mixture peu naturelle, en refusant de préciser les ingrédients et leur date. Mais il faut reconnaître que c'est bien fait. Pour les vrais outtakes d'Exile, on peut toujours ressortir les bootlegs.

mercredi 26 mai

 

Il faut noter que la météo est raccord. Chaleur écrasante, moiteur, orages en fin de journée... Tropical diseases.

jeudi 27 mai

La manipulation de masse est entrée dans une phase intensive. Au basement, la résistance s'organise. (Image : un site d'illustration que tout le monde doit connaître)

vendredi 28 mai

Le dernier Virilio est un livre d'entretien, probablement réécrit, mais plus accessible que sa prose habituelle me semble-t-il. Virilio mérite qu'on fasse un effort car il a le don pour vous secouer et vous obliger à considérer l'extrême ampleur des changements en cours dans le cybermonde, d'où je vous parle.

samedi 29 mai

 

Vu un excellent docu sur Dennis Hopper. Il revient de très loin, le Lost Cowboy. Wim Wenders raconte l'arrivée sur le tournage de L'ami américain d'un Hopper déchiré en provenance de la jungle psychédélique d'Apocalype Now. Considérant l'énergie qu'il mettait à l'époque à se détruire, Wim n'en revient pas de voir le vieux Hopper se balader aussi cool dans ce siècle qu'il avait si peu de chances d'atteindre. On espère que notre héros continuera encore longtemps à tirer sur son cigare au bord de la mer tout en travaillant à la légende dorée.

dimanche 30 mai

 

J'étais en haut, dans l'atelier de Bill. Lonesome Pat regardait la télé en bas, au salon. A un moment, je l'ai entendu crier quelque chose que je n'ai pas compris mais je n'aimais pas trop la voix qu'il prenait. J'ai avancé sur le palier et j'ai dit "Quoi ?" en me penchant sur la cage d'escalier. Et là, j'ai distinctement entendu la phase suivante : "Dennis Hopper est mort".

 

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