lundi 7 décembre

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Même en vivant replié dans une base secrète coupée du monde extérieur, il est extrêmement difficile d'échapper aux pressions exercées en permanence sur l'esprit. Les systèmes de contrôle ont évolué en tenant compte des avancées récentes dans le domaine des neurosciences. Place à la programmation cognitive (réalité scénarisée à la manière d'une série de fiction), aux batteries de tests de soumission (l'idéologie de l'évaluation), à la manipulation émotionnelle de masse (un terrain déjà bien déblayé au siècle dernier par la propagande totalitaire). Objectif numéro un : maintenir en permanence les populations ciblées dans un environnement stressant. Les expériences de laboratoire ont confirmé les intuitions de Laborit : le stress est propice à la soumission.

mardi 8 décembre

Hier, journée banale sans faits remarquables, dramatiques ou joyeux. Mais précieuse journée quand même, avec des instants qui mériteraient d'être décrits dans les moindres détails comme le fait si bien James Salter.

mercredi 9 décembre

Vous pouvez toujours vous rendre sur le blog d'Eric Chevillard, qui semble tourner non stop. Moi, j'ai besoin de repos.

jeudi 10 décembre

Revue de mail du 09-12-09. Un spam annonce "Bientôt Noël, dernière ligne droite", ce qui déclenche en moi un flux d'agressivité dont je ressens les effets sur le système nerveux. Si ce connard se trouvait dans cette pièce, je ne répondrais de rien. J'ouvre L'espresso et je tombe sur une interview de Patrice Cherreau. Je lis : "...on continue à avancer parce qu’on sait qu’à un moment donné on a ressenti du plaisir. On cherche à le retrouver." Je survole rapidement le reste. Rien que de l'autosatisfaction sans aucun intérêt. Je passe sur la boîte du GFIV. La newsletter des Inrocks est vide (comme souvent). J'ouvre un spam : "jeune femme africaine célibataire à la recherche d'une relation sérieuse et sincère". Je zappe les "offres spéciales", les "produits neufs jusqu'à -90%", la "dernière ligne droite" (encore lui) et les invitations Facebook.

Penser à acheter "Drôle de jeu", de Roger Vailland.

vendredi 11 décembre

Rolling Stone nous a pondu sa liste des 100 meilleurs albums de la décade. On sent qu'ils ont eu du mal à la remplir. Le numéro un, Radiohead, donne une idée du niveau général de la décade en question. Le fait de placer The Strokes, Arcade Fire ou The White Stripes devant les vétérans qui refusent de faire valoir leurs droits à la retraite est un artifice qui ne trompe personne. Par ailleurs, le mot "album" ne veut plus dire grand-chose.

samedi 12 décembre

Je viens d'écouter une émission sur Miles Davis. Je la conseille à ceux qui, comme moi, s'allongent de temps en temps dans le noir pour écouter sa trompette. La magie sonore de Miles agit à chaque fois, quel que soit l'état où vous vous trouvez. Les larges extraits qui ponctuent l'émission devraient suffire à convaincre les sceptiques (s'il y en a).

dimanche 13 décembre

 

lundi 14 décembre

"I don't give a fuck" : a rude way to say "I couldn't care less". Quelques exemples récents : le clip des jeunes UMP, le médecin des stars, le sommet de Copenhague, la supression du cours d'histoire pour les boutonneux scientifiques. And so on...

mardi 15 décembre

Un bonheur parfait - que je lis un peu par hasard parce qu'on me l'a offert - est le livre idéal pour entretenir le blues hivernal. Le sujet est déprimant et banal (couple qui se fissure à l'approche de la crise de la quarantaine). Salter note avec précision les détails des catastrophes ordinaires qui s'abattent sur ses personnages dans une prose somptueuse, jamais pesante. Le bonheur parfait est celui du lecteur.

mercredi 16 décembre

" Le volume reposait sur ses genoux ; elle en était restée là de sa lecture. La force de changer votre vie vous vient d'un paragraphe, d'une remarque isolée. Les lignes qui nous pénètrent sont fines comme ces vers, les trématodes, qui vivent dans les rivières et s'introduisent dans le corps des baigneurs. Elle était excitée, pleine d'énergie. Comme tant d'autres choses, ces phrases au style poli arrivaient juste au bon moment. Comment imaginer ce que serait notre vie sans la lumière de celle des autres ? " James Salter

jeudi 17 décembre

Retour sur "l'affaire Coupat" dans la deuxième partie de l'émission A plus d'un titre avec Alain Bossat, auteur de Tous Coupat, tous coupables, le moralisme antiviolence.

vendredi 18 décembre

“Because today we live in a society in which spurious realities are manufactured by the media, by governments, by big corporations, by religious groups, political groups…So I ask, in my writing, What is real? Because unceasingly we are bombarded with pseudo-realities manufactured by very sophisticated people using very sophisticated electronic mechanisms. I do not distrust their motives; I distrust their power. They have a lot of it. And it is an astonishing power: that of creating whole universes, universes of the mind. I ought to know. I do the same thing.” Philip K. Dick (source)

samedi 19 décembre

Le GFIV au complet était devant la télé pour regarder l'excellent docu consacré à l'enregistrement du disque At Folsom Prison. Au début, on entend une voix qui explique aux taulards qu'ils doivent attendre la fameuse phrase "My name is Johnny Cash" avant de laisser exploser leur joie. Personne ne peut rester insensible au destin de Glen Sherley raconté par sa fille, à part peut-être un zombie manager.

dimanche 20 décembre

 

lundi 21 décembre

 

Je ne sais pas comment décrire le basement sous la neige alors j'ai fait une vidéo. C'est beau, oui, mais un peu déprimant à la longue. Heureusement, il y a toujours plein de motifs d'amusement, comme ce titre vu sur le site du Monde : "Fêtes de Noël : comment éviter les drames familiaux ?".

mardi 22 décembre

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Image tirée d'un blog de photographie érotique chic, avec clichés soignés et modèles en fleur. Une ligne esthétique assez rafraîchissante à l'heure de la boucherie porno de masse. Mais pourquoi avoir appelé ce blog "Polanski" ?

mercredi 23 décembre

 

Je vois effectivement deux remèdes pour traverser cette période assez heavy : le blues et l'humour. Pour ce qui concerne la musique du diable, YouTube regorge de documents qui devraient nous aider à tenir le coup. L'humour qui nous fait rire de bon coeur est plus rare. Il y a Brave Patrie, un site bienfaisant que je conseille à ceux qui souffrent d'indigestion franchouillardo-UMP. Mais les bravepatriotes sont en passe d'être dépassés par l'épaisse réalité. Leurs cibles favorites sont si ridicules en elles-mêmes qu'il devient de plus en plus difficile de grossir le trait.

jeudi 24 décembre

Pour la bande son de ce soir, ce sera plutôt Elvis Las Vegas que Sun Records, avec, pour finir, une pincée de Sinatra. Joyeuses fêtes et rendez-vous en 2010.

Cadeau (et hommage) : les Cramps en pleine forme, beaux, vénéneux et immortels, au moment de la sortie de Stay Sick - un de mes disques préférés avec A Date With Elvis.

vendredi 1 janvier

Ouf! Le plus dur est passé. La seule chose que j'apprécie dans la période des "fêtes", c'est lorsqu'elle se termine et qu'on a la certitude d'être tranquille pour un an. Sinatra ? Je viens de lire un papier sur lui, tellement captivant que j'en ai oublié qu'il était écrit en englais. Il s'agit d'un article mythique paru dans Esquire. Des extraits ici, avec des photos épatantes (plus particulièrement celle où Franky tente de reconquérir Ava en Espagne). Version intégrale (avec d'autres articles historiques de la célèbre revue).

Vu Loin de la foule déchaînée (John Schlesinger ), très beau film avec la sublime Julie Christie.

samedi 2 janvier

Voilà ce que j'ai trouvé de plus efficace - sur Facebook (via Guy Mercier) - pour essayer de me secouer. Mais l'effet risque d'être passager, je le crains. Il y a trop de facteurs qui poussent dans le sens du repli frileux, de l'économie d'énergie. La liste serait trop longue. Si il y en a qui voient des motifs d'excitation, qu'ils n'hésitent pas à les signaler (ils m'auront échappé). Bonne année 2010 to everybody.

dimanche 3 janvier

"Avant de se donner la mort, Eustache était devenu insupportable, se plaignant sans cesse, et un soir, il a été plus odieux encore que d’ordinaire. Picq rentre chez lui furieux et saute à pieds joints sur le téléphone pour qu’Eustache ne puisse pas l’appeler ensuite pendant des heures, à s’excuser et se lamenter. Quelques jours plus tard, Eustache se suicide pour de bon, après plusieurs tentatives ratées. Picq ne sait pas si Eustache a cherché à le joindre avant. Les obsèques se déroulent dans le triste et immense cimetière de Bagneux ; entre-temps, Picq a pris un nouveau téléphone. Ça sonne. Picq répond et entend une voix de l’au-delà, il croît reconnaître Eustache : « Allo ? Picq ? C’est moi », puis la ligne est coupée." (source)

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