lundi 21 juin

Ceux qui aiment les Beatles ne peuvent pas apprécier l'humour de Keith Richards. It's like that. Ce petit livre qui se lit debout à la FNAC en dix minutes n'est pas pour eux. Les autres se régaleront de ces répliques ciselées qu'il faut imaginer se terminant dans un ricannement de vautour asthmatique. Certes, le Kiff en fait un peu trop dans le rôle du vieux pirate fidèle à certaines contre-valeurs dont il se considère comme l'héritier, mais c'est justement ce qui nous amuse. Keith a une mission à remplir au nom de Robert Johnson et de tous les vieux bluesmen du Mississippi et il n'oublie jamais de la rappeler : il a le devoir de "passer le flambeau". Je trouve ça beau (les fans de macca peuvent pas piger).

Laissez donc ce pauvre Woerth travailler sereinement à sa réforme. On voit tout de suite, rien qu'à son visage, qu'il a des qualités rares.

mardi 22 juin

De la beauté everyday, ici, sur ce blog d'une grande cohérence esthétique et dont je ne me lasse pas (Prix GFIV du Meilleur Blog Rock 2010).

Vu Thé et sympathie (Vincente Minnelli). Superbe.

Au delà de la rigolade qui fait du bien, un peu de réflexion sur le thème "Le sport c'est de la merde" : je passe la parole à Noam Chomsky

DERNIERE MINUTE

La phrase du jour : "Ce n'était pas le métier de Florence Woerth de s'occuper des fonds de la famille de Mme Bettencourt à titre privé. Elle s'occupe des dividendes de L'Oréal", assure M. Woerth sur RMC et BFM-TV (source). Remarquez le sens de la mesure, gage de la neutralité et de la hauteur qu'exigent ses fonctions. Il ne dit pas "Florence", mais pas "Madame Woerth" non plus. Quelle classe! Un tel homme ne peut que se préoccuper du bien public et de l'équilibre comptable fort justement exigé par les marchés qu'il connaît très bien et dont il traduit finement les volontés. In-sou-pçon-nable, je vous dis.

mercredi 23 juin

Une grande scène de Thé et sympathie. L'étudiant qui préfère les livres au foot s'adresse à la femme sensible, jouée par Deborah Kerr, qui essaie de l'aider face à la horde de machos qui le traitent de tapette et veulent lui péter la gueule. Il lui dit (ou plutot crie) : "Vous prétendez vouloir m'aider ? C'est facile pour vous. Vous ne risquez rien. Vous vous contentez d'assister. Vous êtes une spectatrice." Une fois la colère retombée, l'étudiant s'excuse auprès de Deborah Kerr qui lui répond "Inutile de vous excuser. Vous avez raison et votre remarque est très juste. " Deborah Kerr a les yeux fixés sur un point situé hors champ. On comprend, à un léger frémissement, qu'elle vient d'avoir une illumination. Elle ajoute, en martelant bien les syllabes : "Je-suis-une-spec-ta-trice".

jeudi 24 juin

Le dossier Sur la route devrait nous occuper une partie de l'été. Les textes de présentation (j'en suis là) sont très bons. J'apprends plein de choses. Entre autres, je comprends mieux pourquoi Jack Kerouac, solide gaillard débordant d'énergie et d'envie d'écrire, a fini réfugié chez sa maman, incapable d'articuler deux mots, complètement cassé, à la ramasse. Ce n'est pas seulement le résultat des abus d'alcool et de benzédrine. C'est la société qui a démoli Jack Kerouac. Ce sont tous ces connards de journalistes qui défilaient pour venir voir le "porte-parole de sa génération", le "roi des beatniks". Et ce sont par dessus tout les éditeurs bornés des fifties, une bande de pétochards qui ne comprenaient rien à sa prose lyrique et libre, qui ne le prenaient pas au sérieux et qui l'obligèrent à remanier sans fin ses manuscrits.

Les Woerth (suite). C'est facile de les critiquer. Que sait-on sur le couple après tout ? Peut-être avaient-ils "des problèmes de type grec" (selon la formule de Godard).

vendredi 25 juin

Je planche sur une liste des 25 Meilleurs Disques de Rock. Une proposition de Shige qui me branche bien (rien d'étonnant). Je n'ai eu aucun mal à établir une liste de mémoire, sans consulter la discothèque du basement. Problème : mes disques préférés sont presque tous devenus des "incontournables" de toutes les bestlists du monde. Ce n'est pas ma faute si les disques que j'ai aimés à différentes périodes de ma vie sont aujourd'hui reconnus comme faisant partie du patrimoine universel. Il s'agit là d'un vaste phénomène de récupération et de destruction qui dépasse de très loin le domaine du rock - et dont parle Annie Le Brun dans son dernier livre. En même temps, le principe de la liste m'amuse bien et je n'ai pas envie d'y renoncer. J'essaie d'ajouter quelques commentaires pour évoquer ce que représentait pour nous l'expérience des galettes noires et scintillantes.

samedi 26 juin

Les Woerth (suite). Il faut constater qu'en dépit du soutien indéfectible des plus hauts responsables de l'Etat, l'étau ne se desserre pas d'un poil autour du couple, bien au contraire. Je me souviens avoir vu l'époux Woerth à la télé déclarer au tout début de l'affaire : "Regardez-moi. Est-ce que j'ai une tête à favoriser la fraude fiscale ?" J'ai trouvé ça hardi comme ligne de défense. Monsieur Woerth a une certaine idée de sa tête et de l'effet qu'elle produit. C'est gonflé, d'invoquer une impunité de faciès, mais c'est un argument à double tranchant. Si jamais (je dis bien si jamais) la réponse à la question devait être : "Oui, l'époux Woerth a une tête à favoriser la fraude fiscale", la suspicion pourrait alors se reporter sur tous les crânes d'oeufs à lunettes avec l'air straight, assimilés aussitôt à des truands méprisants et cyniques.

dimanche 27 juin

 

lundi 28 juin

Visions de Cody date sensiblement de la même période que Sur la Route, vers 1952 (si j’ai bien suivi). L'essentiel, c'est que les deux textes ont été écrits dans la même foulée, il viennent du même flux, de la même session. D'ailleurs, dans les envois aux éditeurs, les deux manuscrits sont à un moment interchangeables, le manuscrit de Cody s'appelle Sur la route. Dans Visions de Cody, Kerouac va plus loin dans la direction amorcée avec l'écriture du rouleau. Il explose toutes les conventions littéraires en vigueur à l'époque. Ce texte, les éditeurs n'on même pas essayé de le corriger ou de le remanier. Il leur passait trop loin au-dessus. Carl Solomon, qui faisait figure d'éditeur open et qui avait Ginsberg à la bonne, y voyait un « fatras incohérent ». Le plus fort, c'est que Kerouac répondait sans broncher qu'il était arrivé la même chose pour Joyce, qu'il fallait que les lecteurs s'habituent à la nouveauté et que ça prendrait un certain temps - une vingtaine d'année pour Cody, publié en 1972.

Les Woerth (suite) : on s'en fout qu'ils soient clean ou pas. De toute façon, le mal est fait. Une catastrophe symbolique pour l'image patiemment élaborée du nouveau capitalisme moderne. Les mots clés du désastre sont : "Île aux Seychelles, "comptes en Suisse", "lingots d'or", "très bons cigares". Il ne manque plus que "chapeau haut de forme".

mardi 29 juin

Relax, Jane, be cool. Tout début de vacances, j'ai tendance à vouloir en faire trop. Je dois me réhabituer doucement aux journées aménageables à loisir en fonction de ce qui importe à mes yeux et de rien d'autre.

mercredi 30 juin

En vue : 2 CDs of bonus material. L'info n'est pas très importante, je voulais surtout coller la photo que j'ai piquée sur le Facebook de Zermati.

jeudi 1 juillet

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En fouillant dans le disque dur, là où sont stockés les trucs accumulés pendant l'hiver, j'ai découvert que j'avais les deux premiers numéros de Motor City Comics. Il s'agit d'une de mes périodes préférées de Robert Crumb. 1970 : c'est le moment où la vague commence à retomber. Crumb, qui est une star du mouvement underground, publie une multitude de comics pour aider les éditeurs en train de plonger. Alors que tout s'écroule autour de lui, il se concentre sur son dessin qui progresse énormément. Les histoires déjantées évoquent l'aliénation urbaine et les illusions politiques (gauchisme, féminisme...) avec une lucidité sarcastique et jubilatoire.

vendredi 2 juillet

Qu'on me permette de savourer ce moment. Je viens de balayer l'escalier de la terrasse. Dans un monastère, je serais volontaire pour cette tâche. Descendre au niveau des débris de brindilles, enlever la poussière planquée dans les coins, laisser les surfaces complètement clean, puis se reposer à l'ombre d'un arbre.

samedi 3 juillet

Elvis '56 est un excellent documentaire à découvrir la nuit, échoué sur le canapé du salon (la pièce la plus fraiche du basement). Pas la force de se lever et de danser en se déhanchant furieusement ? No problem. On sait maintenant que le cerveau a la capacité d'effectuer virtuellement, par imitation, les actions observées avec intensité.

dimanche 4 juillet

 

lundi 5 juillet

Bug. Passé deux jours à faire de la réparation informatique. C'est quand même l'été autour.

mardi 6 juillet

Retrouvé ce scan d'une page des Mémoires d'un vieux dégueulasse où Bukowski raconte sa rencontre avec Neil Cassady. La descente de bière du héros de Sur la route semble lui avoir fait forte impression.

mercredi 7 juillet

J'admire ceux qui peuvent déclarer sereinement qu'ils n'ont rien à se reprocher. Moi, j'ai toujours une liste toute prête pour me rappeler tout ce qui n'a pas été fait, ce qui aurait pu être fait autrement, et aussi une liste des choses faites qu'il aurait mieux valu ne pas faire du tout. C'est la raison pour laquelle on ne me confiera jamais de responsabilités, dans un parti politique ou ailleurs.

jeudi 8 juillet

L'une de mes grands-mères était une vieille anticonformiste qui vivait retirée au milieu des chats et des livres. L'autre, à laquelle je ne pense jamais, m'est revenue en mémoire lorsque j'ai vu Liliane (la milliardaire dans le feuilleton de l'été) à la télé. Ma grand-mère qui avait adopté l'habitus d'une riche héritière était en partie ruinée après le passage d'un dandy un peu gigolo et très escroc. Je note les ressemblances. La permanence d'une classe bourgeoise supérieure qui continue à arborer des chapeaux élégants sur les champs de course a quelque chose de rassurant.

vendredi 9 juillet

Les carnets de compte, c'est un peu la poésie de la bourgeoisie. Ma grand-mère tenait les siens scrupuleusement et les consultait chaque jour.

Pendant les coups de théâtre, je continue à fouiller dans mon fichier fourre-tout pompeusement appelé "bibliothèque". C'est ainsi que je me retrouve en train de lire les Freak Brothers tout en écoutant Los Angeles Press Conference 12.16.65 de devinez qui. Et j'ai encore plein de trucs à aller voir, comme ces numéros de la Révolution Surréaliste repérés dans un coin.

samedi 10 juillet

Besoin de m'aérer. Chasser de mon esprit les protagonistes du feuilleton glauque, les remplacer par des jeux de lumière dans les feuilles des arbres. A plus.

dimanche 11 juillet

 

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