lundi 25 janvier
Soigner les visuels en haut des pages sans jamais être racoleur ou sombrer dans la vulgarité, c'est une des règles de la maison.
mardi 26 janvier
Chacun périodiquement atterrissant dans le langage vient y donner ou prendre rendez-vous avec les autres... et ensuite repart seul dans le monde de son esprit. J'ai retrouvé par hasard cette citation d'Henri Michaux sur un bout de papier qui traînait sur le piano électrique, au dos d'une grille d'accords (G C F D quatre fois, puis F C Bb F C F G deux fois). J'arrive à peu près à reconstituer pourquoi j'ai noté cette phrase tirée du livre Les grandes épreuves de l'esprit. En revanche, impossible de me souvenir quelle était cette chanson...
mercredi 27 janvier
Lu un article sur la "confiance en soi" dans un vieux numéro de Challenge. J'aurais aimé citer des passages emblématiques de cette bêtise épaisse* mais j'ai oublié le journal sur mon lieu de travail. Too bad.
* On rêve de ce que Flaubert aurait pu écrire à propos de nos managers et de leurs techniques de bourrins
jeudi 28 janvier
Aujourd'hui, hommage à Alan Wilson. C'est tout (et c'est déjà beaucoup).
vendredi 29 janvier
Les questions qui se posent aujourd'hui : va-t-on retrouver des manuscrits et si oui, seront-ils publiés ? De nombreuses rumeurs ont circulé sur les étranges habitudes de l'écrivain reclus (comme le fait qu'il s'enfermait régulièrement dans un accumulateur d'orgone) . Mais les personnes de son entourage qui ont aimablement révélé et diffusé tous les détails de sa vie quotidienne étaient incables de dire si Salinger écrivait encore. (...) in the absence of any real evidence, theories multiplied. He hadn’t written a word for years. Or like the character in Stephen King’s novel “The Shining,” he wrote the same sentence over and over again. Or like Gogol at the end of his life, he wrote prolifically but then burned it all up. Ms. Maynard said she believed there were at least two novels locked away in a safe, although she had never seen them. (The New York Times)
samedi 30 janvier
L'attrape-coeurs n'a jamais été un livre culte pour moi et je le regrette. Surtout quand je découvre les témoignages de ceux dont la vie a été changée par la lecture de ce roman. D'abord, je n'ai pas eu le livre de Salinger entre les mains quand j'avais quinze ans*. Je ne sais pas pourquoi j'ai attendu d'avoir la quarantaine pour lire ce bouquin alors qu'il avait à l'évidence tout pour me plaire. Le titre français a dû jouer un rôle. Il faut dire également que la traduction française actuellement en circulation est catastrophique, avec des expressions tellement ringardes qu'on se demande si quelqu'un les a employées un jour (comme "passer un coup de bigo" pour "téléphoner"). Si je le relis un jour, j'essaierai la version originale.
*A cet âge, je lisais L'arrache coeur de Vian.
dimanche 31 janvier
lundi 1 février
Il n'y a rien de plus ennuyeux que les récits de rêve, dit-on*. On ne s'ennuie pourtant pas avec Henri Michaux lorsqu'il nous raconte les siens. Il sait y mettre ce qu'il faut de distance ironique pour nous intérresser. Surtout, il ignore totalement, avec une réjouissante désinvolture, l'approche psychanalytique. Au contraire de l'idéalisation romantique reprise par les surréalistes, Michaux trouve ses rêves plutôt mornes. Leur platitude ne tient pas aux événements (qui peuvent être plus ou moins extravagants) mais au fait que, dans un rêve, vous devez vous contenter de subir ce qui survient. Dans le monde des rêves, observe Michaux, nous sommes privés de la précieuse possibilité d'évasion dont nous disposons à l'état de veille, cette manière d'être ailleurs tout en étant là qu'on nomme "rêverie".
* Il s'agit d'un truisme que j'ai encore entendu énoncé par un romancier pas plus tard que cet après-midi .
mardi 2 février
Eloge de la rêverie par Henri Michaux (extrait de Façons d'endormi, façons d'éveillé) :
Rêve éveillé : l'abondance qui vient en paressant.
Le jeu est ici, le vrai jeu. Pas de règles, ou changeantes constamment. C'est l'humeur joueuse qui compte, qui va prendre en main l'affaire de la vie, la retirant aux devoirs et aux impératifs.
Jouer! Jouer! Celui qui ne profite pas des possibilités de la rêverie pour jouer, qu'est-ce qu'il attend ?
mercredi 3 février
Vu Le journal d'une fille perdue (Pabst), superbe film anarchiste illuminé par son actrice et La neuvième porte (Polanski), navet conformiste que Johnny Depp ne parvient pas à sauver.
Pas encore lu les deux nouvelles de Salinger publiées dans Esquire mais il faut que j'y pense.
jeudi 4 février
Ciel gris. J'ai passé l'après-midi à somnoler. Un de ces moments où il ne se passe rien, du moins en surface - en dehors du fait que le temps s'écoule. A un moment, j'ai entendu une musique qui a détendu mes nerfs comme par enchantement . J'ai profité de cet apaisement inespéré jusqu'à ce que le morceau s'achève puis j'ai regardé l'écran. Il s'agissait de Robert Wyatt. L'énergie était revenue. J'ai bondi du lit avec un plan d'action : aller chercher du bois, faire un feu, terminer la lecture de Moisson rouge.
vendredi 5 février
Il est d'usage de mettre en avant ses défauts (comme il le dit souvent, "c'est la guerre"). Pourtant, Sollers mérite notre indulgence. Ce qui compte à nos yeux, c'est le combat "contre le réalisme platement social, le naturalisme borné, la psychologie routinière, et surtout la morale". Il n'y a pas beaucoup de monde sur ce front-là. (source)
samedi 6 février
L'exposition du musée d'Orsay vient de se terminer mais on peut toujours se précipiter sur le catalogue, très beau. Des affiches psychédéliques à gogo (il en reste à découvrir), de la pub et du design early seventies, de la typo, mais aussi Beardsley, des planches de BD, des pochettes de disques. Attention : feuilleter ce livre peut entraîner des effets secondaires.
Pendant ce temps, "l'angoisse gagne les marchés" (titre du Monde à 11h30).
dimanche 7 février
lundi 8 février
Un grand moment de cinéma expérimental, découvert grace à Guy Mercier. Le dispositif est minimaliste : un unique plan-séquence en caméra fixe, quelques zooms, un bout de scène avec une chanteuse, une bande son imparable. Comme pour les films de Warhol, on n'est pas obligé de regarder tout le long. On peut aller faire un tour et revenir à n'importe quel moment. Il se passe toujours quelque chose.
mardi 9 février
Fini Moisson Rouge. J'ai trouvé un article sur le site de Fluctuat qui en parle très bien. Rien à rajouter.
mercredi 10 février
Tiens! Un souvenir de rêve au réveil, ou plutôt quelques bribes. Sur le moment, exactement comme un souvenir banal. Une histoire de terrain en pleine transformation. Un endroit paisible où j'ai l'habitude de me promener. Et ce jour-là, je tombe sur un chantier. Il y a une grue, d'énormes tuyaux. La nature est défigurée et ça m'énerve. Un peu plus tard, j'y reviens et c'est la fois en trop. Le terrain a été entièrement clôturé et je ne trouve plus d'issue pour sortir.
jeudi 11 février
Le POD#6, revue littéraire en ligne dont les pages crissent quand on les tourne, se trouve ici.
vendredi 12 février
"In Oil City Confidential, Julien Temple’s exhilarating new documentary on Dr Feelgood, the first thing you’ll see is the spidery, alien movements of the band’s guitarist Wilko Johnson, as he looks out over their Essex heartland, Canvey Island."
Pendant les mois écoulés, j'ai écouté Doctor Feelgood à chaque fois que je prenais ma voiture, le plus souvent pour me rendre à mon travail. J'ai pu ainsi vérifier, en situation extrême, que le groupe porte bien son nom. Tout ça pour dire que j'attends avec impatience de voir Oil City Confidential, le docu que Julian Temple a consacré à ceux qui ont accompagné mes trajets matinaux. C'est également l'occasion d'avoir des nouvelles d'un de mes guitaristes préférés : Wilco Johnson, une personnalité bien allumée comme on les aime.
samedi 13 février
Censure à l'école des Beaux-arts de Paris : tous les détails sur l'affaire ici. A ce stade, les exigences minimales sont l'installation des bannières sur la façade de l'Elysée, la démission du Ministre de la Culture et des excuses publiques vis-à-vis du pouvoir chinois pour avoir osé leur donner des leçons en matière de liberté d’expression.
dimanche 14 février
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