lundi 26 janvier

Se dire que si tout part en vrille (la "crise"), il n'y a rien d'anormal au fait que la sphère d'activité où vous évoluez par nécessité soit également en pleine déconfiture. Lorsque plus rien ne fonctionne, les différents acteurs déploient des capacités insoupçonnées pour faire comme si. Où je suis, on peut tenir encore un moment comme ça, en faisant semblant. L'autre leçon, c'est qu'une institution peut continuer à s'enfoncer bien longtemps après avoir touché le fond.

mardi 27 janvier

Quand on est jeune, on est un peu con. On croit que les livres, les films, les disques, vont nous aider à traverser le monde des adultes sans problème. On réalise ensuite que la beauté est une consolation, mais qu'elle ne nous protège de rien. L'univers où nous sommes plongés est assez tordu. On y trouve à la fois Frédéric Lefebvre et Fernando Pessoa, Christine Boutin et Karen Dalton. Tout le monde doit faire avec ça.

mercredi 28 janvier

Je voulais aller voir l'exposition Robert Frank au Jeu de Paume mais le basement est tellement enclavé que je n'ai pas réussi à décoller. J'ai attendu un bus au petit matin, pendant que le village s'éveillait lentement. C'était pas mal, les lumières derrière les volets, le jour qui se lève. Mais le bus n'est pas passé. J'essaierai encore next week, avec un autre système de transport. Ce n'est pas le moment de renoncer.

jeudi 29 janvier

En grève.

vendredi 30 janvier

Le facteur a déposé un petit colis Amazon contenant de précieuses provisions qui m'aideront à tenir jusqu'à l'été. Nous serons probablement amenés à en reparler.

samedi 31 janvier

Internet c'est très bien pour s'informer, communiquer, regarder des images. Pour lire, penser, ressentir, retour aux bons vieux livres.

dimanche 1 février

 

lundi 2 février

Commencé avec plaisir L'ombre des forêts de Jean-Pierre Martinet. L'écriture fluide et mélancolique vous prend dès la première phrase et ne vous quitte plus. Nous sommes en province dans une ville imaginaire où le ciel est perpétuellement "gris blanc". Les personnages sont des perdants, usés, largués. Une vieille femme de ménage en bout de course est au service d'un étrange monsieur qui vit cloitré, volets fermés. On croise également une femme qui se fait appeler Rose Poussière. Elle ne sait pas bien qui elle est et ne parvient pas à franchir la porte de son hôtel. A suivre...

mardi 3 février

L'album Bitches Brew agit directement sur le cerveau de l'auditeur. Je l'utilise souvent comme musique d'accompagnement pour la lecture, la relaxation, la méditation. Le chroniqueur de Rolling Stone, à la sortie du disque, expliquait ainsi le processus. "As the musical ideas rise to the surface, the listener also finds his thoughts rising from the depths with a new clarity and precision. Miles is an invaluable companion for those long journeys you take into your imagination." Langdon Winner, mai 1970.

mercredi 4 février

Certains sont angoissés par le grand blanc silencieux, d'autres ont des envies de longue marche dans la neige. Moi, j'aime le jeu épuré des lignes et je prends des photos. Au Carrefour étrange, deux belles couvertures de Bazooka vous attendent.

jeudi 5 février

" La démocratie est à la fois un processus et une pratique. Je trouve que c’est demander aux gens une chose très difficile que d’avoir une formation sociale comme démocrates, alors même que la plus grande partie de leur expérience consiste à cacher ce qu’ils disent, ce qu’ils croient, par crainte d’être punis s’ils ne respectent pas les codes. " James C. Scott, entretien sur la domination et les arts de la résistance dans la revue Vacarme. Si vous avez eu l'occasion d'assister récemment à une session de dressage social en entreprise (prononcer "stage de formation"), vous apprécierez l'analyse du sociologue à propos des paroles que l'on garde pour soi ou pour plus tard. Instructif.

vendredi 6 février

Le genre de dépêche qui claque comme un coup de feu et vous laisse sonné...

samedi 7 février

Dans le cerveau de celui qui regarde quelqu'un faire quelque chose, la zone neuronale correspondant à l'action observée est, parait-il, activée (neurones miroirs). D'après une équipe de neuroscientifiques, il semblerait que ce soit un peu la même chose pendant la lecture vis-à-vis des situations et des émotions décrites. Envisagée ainsi, la lecture de Martinet nous offre l'occasion d'explorer les confins d'une tristesse insondable. C'est très noir, limite glauque, et en même temps, par la grâce de l'écriture, souvent beau. Là réside la différence entre l'expérience littéraire et l'expérience vécue de la triste réalité sociale, dénuée de beauté et de style.

dimanche 8 février

 

lundi 9 février

"I wanna leave a happy memory when I go/ I wanna leave something to let the whole world know" En dehors de la nécro de Garnier dans Libération, service minimum dans la presse française. On se sent déjà moins seul lorsqu'on fait un tour sur les blogs spécialisés où l'on peut suivre le travail de deuil entrepris par ceux qui, à un moment ou à un autre de leur vie, ont rencontré les Cramps (sur disque, sur scène, en image ou dans la rue). Tout le monde passe, grosso modo, par les mêmes étapes : d'abord le choc, la surprise, l'incrédulité; puis les souvenirs intimes qui remontent, avec l'inévitable nostalgie en arrière-plan. Il n'en va pas autrement ici, au basement du GFIV. "That the rock’n’roll daddy has a-done passed on/ But my bones will keep a-rockin’ long after I’ve gone."

mardi 10 février

 

Puisqu'on s'accorde une minute de nostalgie, j'en profite pour balancer MA chanson, celle qui me met dans tous mes états quelle que soit la situation et le moment où elle surgit. Je l'ai découverte dans la version de Rod Stewart qui figure sur Never a Dull Moment, un de mes albums de collège, un de ceux qu'on connaissait par coeur parce qu'on en avait peu et qu'on les écoutait en boucle. Dans les morceaux lents comme celui-ci, les grattements et les scratchs faisaient partie intégrante de la musique.

PS : je tiens à bien préciser que je n'ai RIEN A VOIR avec cette personne...

mercredi 11 février

source

Ce qui était vrai il y a un mois semble déjà appartenir à un univers disparu. Dans l'autre sens, personne ne peut prévoir ce qui va se passer à court comme à moyen terme. Essayez de ne pas rater d'épisodes, vous risqueriez de vous lever un matin en ne comprenant plus rien au monde qui vous entoure.

jeudi 12 février

Certaines erreurs ne sont pas rattrapables. Vous pouvez juste vous repasser la scène en vous demandant comment vous avez fait le mauvais choix. Ainsi, ce jour de 2001 où j'entrai dans une librairie parisienne, informée de la sortie d'un livre consacré aux photographies de Dominique Tarlé, avec la ferme volonté de l'acheter. Je demandai au libraire à voir l'ouvrage, plus luxueux que prévu. Le prix me parut excessif. A l'issue d'une douloureuse délibération intérieure, la voix de la raison me susurra qu'il y avait des achats plus utiles, moins futiles. Elle l'emporta de justesse. Quelle bêtise impardonnable ! En plus, il s'avère avec le recul du temps que c'était un excellent placement.

vendredi 13 février

Repos

samedi 14 février

Les Cramps étaient plus qu'un excellent groupe de rock n' roll (ce qui est déjà beaucoup). Ils ont joué un rôle de passeur et nous ont donné à découvrir une multitude de merveilles (rockab', garage et série B). Ils nous ont aussi légué une certaine forme de philosophie qui me convient : assumer ses goûts et ses passions jusqu'au bout sans jamais se soucier des normes esthétiques et culturelles.

dimanche 15 février

 

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