Vous êtes sur le Journal de Jane Sweet, en ligne depuis le 19 février 2001. Si vous venez ici pour la première fois je vous conseille, pour vous faire une idée, d'aller faire un tour dans les archives. Le lecteur trouvera ici beaucoup de jugements négatifs énoncés à l'encontre de la société libérale. Une grande place est faite aux plaisirs que procurent la musique et la lecture. On peut y voir un rééquilibrage des priorités dans ce que Guy Debord appelait le "monde inversé".

mardi 17 février

Pris un certain plaisir à voir Valérie Pécresse décoiffée et les traits tirés, assaillie par les difficultés. Il ne s'agit pas d'une joie malsaine. Nous sommes au spectacle, ne l'oublions pas. Dans un roman ce serait le moment de vérité, lorsque les épreuves, les échecs, les trahisons, viennent fissurer les certitudes d'un personnage trop lisse. Notre bourgeoise catholique peut-elle atteindre une dimension romanesque ? Rien de moins évident...

mercredi 18 février

Source (thanks for the link)

Ma génération n'a pas eu beaucoup de choses à se mettre sous la dent en guise de moments historiques. Faut pas nous en vouloir si on raconte souvent nos années Punk.

"Là-bas... Sur le rivage indicible..." Pessoa à la radio. C'est un peu long à démarrer, mais ça vaut le coup d'attendre parce que vers le milieu de l'émission, ça commence à décoller..

jeudi 19 février

 

Straight No Chaser, splendide documentaire consacré à Thelonious Monk, est visible en morceaux sur YouTube. Il est justement question de Monk dans un passage de L'ombre des forêts de Jean-Pierre Martinet. Un personnage passablement ivre erre dans la nuit. Alors que tout semble lui échapper, il cherche à se raccrocher à une musique qu'il a aimée autrefois (Crepuscule with Nelly). Il ne parvient pas à retrouver la mélodie. A partir là, les choses vont de plus en plus mal pour lui. Très noir, le Martinet.

Et Dylan dans tout ça ? Cela faisait trop longtemps qu'il n'y avait pas eu de buzz.

vendredi 20 février

J'ai un lointain souvenir du musée du Louvre avant qu'il ne devienne ce grand magasin d'aéroport, culturel et fashion. A l'époque, c'était un endroit déserté où quelques habitués venaient chercher le calme. Aujourd'hui, il n'y a plus de sanctuaire, mais c'est quand même un endroit où il y a plein de choses passionnantes à observer en dehors des œuvres elles-mêmes.

samedi 21 février

"Les idées. Rassembler les idées. Cet effort m'a presque anéanti. Arriver à dégager une ligne générale. La suivre et ne pas tomber. Surtout ne pas regarder en bas." Jean-Pierre Martinet

dimanche 22 février

 

lundi 23 février

Je ferais bien un break. En même temps, je crois préférable de maintenir le rituel du Journal. Vu d'ici, il y a toutes sortes de choses désagréables qui cessent momentanément d'exercer leur pression. Il s'agit probablement d'une attitude de fuite devant la réalité et cela m'est égal.

mardi 24 février

Je procède à quelques réglages internes. J'essaie de reconnecter certaines zones qui ont été peu à peu abandonnées et oubliées sous l'effet de la routine, de la fatigue, de la paresse.

mercredi 25 février

Entendu à la radio. Pourquoi rationaliser les passions, chercher à en comprendre les mécanismes ? Pour ne plus les subir, répond Spinoza. .

jeudi 26 février

Avez-vous "sécurisé votre connexion" ? Pensez-y. Une riposte graduée est vite arrivée.

vendredi 27 février

Les avis sont partagés à propos de la rétrospective De Chirico. Le point de vue des surréalistes a longtemps fait autorité : rien de bon hors de la période "métaphysique". Il est vrai que le néoclassicisme kitsch adopté à partir des années 20 par le peintre avait de quoi surprendre ses anciens amis. Le plus étrange, c'est que les oeuvres continuent à semer le trouble. L'énigme n'est pas seulement dans les toiles, elle est dans ce parcours artistique incompréhensible et autodestructeur.

samedi28 février

Fini le Martinet. Repris le Pynchon. On débarque dans une église désaffecté transformée en salle de cinéma. Il faut réparer l'appareil de projection, ce qui entraîne des réflexions diverses. "Tout tourne, jusqu'à et y compris, probablement, l'univers entier. Nous pouvons donc consulter la prairie, le ciel qui se couvre, la naissance d'une tornade et voir dans son tourbillon la structure fondamentale de toutes choses."

dimanche 29 février

 

lundi 2 mars

"Un halluciné dans un laboratoire". C'est ainsi que Cioran évoque Henri Michaux dans ses carnets. Il se souvient des étranges accès de "scientificité" du poète. "Son œuvre aurait pu être écrite par un entomologiste angoissé, à l'esprit corrosif.", écrit-il. C'est très juste, mais c'est précisément la position d'observateur détaché que nous aimons dans l'écriture de Michaux.

mardi 3 mars

(source)

La tension est palpable chez les économistes invités dans les médias pour analyser la "crise". Il est vrai que la journée d'hier fut noire, très noire. En regard de la catastrophe en cours, les commentateurs restent dans l'ensemble plutôt mesurés - comme s'ils savaient qu'il vaut mieux garder les superlatifs pour plus tard.

mercredi 4 mars

Y'a moins de rock, c'est un constat. Je passe beaucoup de temps à lire des trucs abstraits qui demandent un effort de concentration et cela ne me vient pas spontanément. A l'inverse, lorsque je suis dedans, j'aime autant en profiter. Difficile d'écouter de la musique en même temps. Quand vient le soir, je mets du Miles Davis. Pas de paroles, pas de mots, juste des sons. Et pas trop fort.

jeudi 5 mars

"L'important, ce n'est pas d'être heureux, c'est d'exister." Lorette Nobécourt vient de dire ça à la radio. Elle est là pour un roman. Ce n'est pas très important. On n'a pas envie de le lire, son bouquin (rien que le titre!). En revanche, ce qu'elle dit de son expérience, ouais, j'ai trouvé ça bien.

vendredi 6 mars

Une belle galerie de Comic Art. Sous cette superbe couverture, à propos de celui qu'on appelle ici le Fantôme, on peut lire : " I always found him empty, but in an interesting way. "

Pendant ce temps, la rumeur d'album se précise. Au programme : "raw-country love songs, sly wordplay" and a "seductive border-cafe feel" (selon Rolling Stone)

samedi 7 février

Il faut prendre le temps de suivre les petites lignes jaune pour décoder les signes. L'image, elle, se déploie d'un coup. Elle livre simultanément la totalité des informations qu'elle contient. La spatialité est une propriété de l'image qui "met l'espace en totale disjonction avec le temps". Lecture un peu ardue, mais rassurante : le monde visible reste une énigme sans fin, même pour les philosophes.

dimanche 8 mars

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