lundi 20 avril

"Soit donc une âme laide, intempérante et injuste ; elle est pleine de nombreux désirs et du plus grand trouble, craintive par lâcheté, envieuse par mesquinerie ; elle pense bien, mais elle ne pense qu’à des objets mortels et bas ; toujours oblique, inclinée aux plaisirs impurs, vivant de la vie des passions corporelles, elle trouve son plaisir dans la laideur. " Plotin

La laideur n'est évoquée que brièvement dans le traité consacré à la beauté (Ennéade I,6), et uniquement pour mettre en évidence l'attraction de l'âme envers la beauté sensible. J'ai assisté une fois, un peu par hasard, à un cours sur Plotin que donnait un professeur d'esthétique dans un amphithéâtre clairsemé. J'avais manqué le début et je ne compris pas grand-chose à cette lumière transcendante descendant par paliers jusqu'à nous. Mais j'ai trouvé remarquable le fait que la pensée du philosophe néo-platonicien se perpétue dans un monde dévoué à la marchandise, asservi à la matière.

mardi 21 avril

Warhol au Grand Palais : c'est fait. Beaucoup d'agréables surprises. Du mythe revisité (Marilyn, Jackie, coca, sreen tests). Choc dans la salle Mao. Cadrages, couleurs, surfaces, formats. Dagen avait raison : d'abord la peinture. Période années 70, moins connue. Service minimum pour les businessmen. Beaux coups de brosse à la De Kooning pour les marchands d'art, les amis artistes. Couleur toujours juste. Bain de couleur euphorisant. Public scotché devant les couvertures people d'Interview. Série de photographies en noir et blanc sur le New York des années 80 (jamais vues avant). A la sortie, des livres de Michel Bulteau disponibles à la librairie.

(notes prises dans le métro juste après la visite de l'exposition)

mercredi 22 avril

Effet "Warhol" : redécouverte de la fascination iconique.

jeudi 23 avril

Selon Michaux, la pensée est "à cent coudées au-dessus du langage". Le poète qui a observé dans tous les états les méandres de la vie de l'esprit nous livre ses conclusions : "l'électrique discontinuité" de la pensée est peu compatible avec les transitions ordonnées de la phrase. Mais il faut quand même faire un effort, pour pouvoir donner et prendre des nouvelles.

vendredi 24 avril

Foucault, Debord, Biopouvoir et Spectacle. Arrêtez de dire que c'est "abstrait". C'est notre quotidien. Il faut remonter au début des seventies et à la lutte contre l'ennemi intérieur pour retrouver un équivalent de la guerre idéologique menée froidement sous nos yeux chaque jour (tout est relié, programmé, planifié). Chacun peut voir de quoi il s'agit, là où il est. C'est très concret.

Tag : soutien Tarnac

samedi 25 avril

Essayer d'imaginer d'autres temps (il y en eut plusieurs) où la question de la beauté passait bien avant les préoccupations liées au commerce. On mesure mal les dégâts que la domination bourgeoise a occasionnés dans tous les domaines de la pensée.

dimanche 26 avril

 

lundi 27 avril

Lorsque j'ai ouvert ma page Orange, vers dix-huit heures, le risque mondial de pandémie avait quitté les gros titres. A la place, on avait "Macha Beranger est morte". J'ai ressenti un tel soulagement que j'ai décidé d'en rester là. Je n'ai pas cherché à creuser, je n'ai pas ouvert le Monde. Rien. Tout était cool. Vers vingt-et-une heures, je n'ai pas pu échapper à un flash télé. Mexico, film catastrophe, scènes de rue super bien reconstituées, responsable livide, la voix étranglée, très convainquant. C'est comment qu'on zappe ?

mardi 28 avril

Le gouvernement de la peur continue. Virus (comme chez Burroughs). Crise mondiale. Tueur fou échappé. Chiffres du chomage. Ouvriers en train de casser un ordinateurs (en boucle). Distribution de masques bleus. Pas de panique. Il y en a pour tout le monde. Débat : existe-t-il un "risque révolutionnaire" ? Rien de bien nouveau. Ah, si ! Je suis en train d'écouter le dernier Dylan. Vachement bien. " It sounds pretty much like you hoped it would – like something recorded and written quickly, not quite on the hoof, but close to it, Dylan apparently eager to get these new songs down with a raw immediacy which he largely has." (Uncut) Ouais, "raw", c'est le mot qui convient. Raw et blues à la fois. Son meilleur depuis Time Out Of Mind ? Pas impossible.

Un philosophe qui choisit comme titre "Jubilations" et cite Jerry Lee Lewis et Nick Toches dans le texte ne peut pas être complètement mauvais...

mercredi 29 avril

Le coup de repiquer une progression d'accords en changeant le texte, c'est un truc que pratiquaient régulièrement les bluesmen. C'était normal. En fait, c'est le principe même du blues : pas création de formes nouvelles, mais expression de l'âme du chanteur à travers une forme relativement fixe. Tout se joue dans les inflexions.

Retrouvé un entretien où Garnier évoque Grover Lewis. "Un peu plus tard, je lisais un mec qui s'appelait Grover Lewis. Alors lui, c'est lui qui a inventé l'article de tournage. Tu vas sur un tournage et tu fais 28 feuillets, mais tu vas surtout pas interviewer la vedette ni le metteur en scène. Tu es là, t'écoutes le mec qui conduit la limousine, le machinaux, les ragots... et ça s'appelait Splendor in the Short Grass... c'était sur La dernière séance de Bogdanovich. "

Big update pour ceux qui suivent Next to Nothing, le comix de Bill.

jeudi 30 avril

"(...) un monde enchanté, un monde de cristal, déconnecté du fonctionnement des ateliers, peuplé de financiers sans expérience industrielle, qui optimisent pour les actionnaires les profits à court terme, et qui lisent le fonctionnement de l’entreprise à partir des chiffres que remonte un système d’information programmé pour ne remonter que les données de performance. Ce qu’il a fallu faire pour assurer la performance, le coût humain de la production, ne parvient pas jusqu’au siège. Lorsque le directeur général vient sur site, on repeint les couloirs par lesquels il passera, et on range l’atelier." Découvert grâce à Radical-chic . Lecture un peu gonflante (le monde du travail...), mais néanmoins indispensable pour tenter de comprendre "comment en est-on arrivé là".

vendredi 1 mai

Défilés du premier mai : sans cagoule mais avec un masque bleu ?

samedi 2 mai

Tous les aspects de nos vies sont "gérés" selon les principes du management. C'est une idélogie au sens marxiste du terme : une représentation de la "réalité", une construction intellectuelle, une vision du monde qui explique et justifie l'ordre social existant (wiki).

dimanche 3 mai

 

La dépêche Tarnac de la semaine...

lundi 4 mai

Bill a dessiné ce comix prémonitoire après la lecture d'un livre de Xavier Cohen décrivant le fonctionnement (effrayant) du capitalisme post-industriel mondialisé. Ce bouquin l'avait traumatisé (cauchemars, crises d'angoisse). Et ça a donné cette histoire un peu SF. On pourrait imaginer un scénario intitulé "Opération Virus A". Cela décrirait une entreprise de contrôle social concertée et coordonnée au niveau mondial. Objectifs : tester le seuil de soumission aux consignes collectives, montrer un pouvoir préoccupé de la protection des citoyens (et pas seulement des capitalistes), calmer les ardeurs révolutionnaires observées ici et là, créer une forme de "solidarité de l'espèce" qui transcende les clivages entre dominants et dominés. Le titre fait un peu série B. Selon l'expression consacrée : "C'est de la pure BD".

mardi 5 mai

Les agents du contrôle social ont deux caractéristiques : ils n'apprécie pas l'humour et ils ne craignent jamais le ridicule.

mercredi 6 mai

Avril/mai 2009 : on observera que les questions dites "de société" n'ont jamais occupé autant d'espace rédactionnel dans le Journal. Les choses se sont faites comme ça, presque indépendament de ma volonté. Compte tenu de la situation présente (il en existe plusieurs interprétations), je trouve que ça reste plutôt discret. Par exemple, je n'ai jamais cité MAM. On est dans le champ de la représentation symbolique, pas dans celui des déraillages de train. Pendant ce temps, l'album de Dylan est à la première place des charts anglais et américains. On ne s'étonne même plus. Ce mec est au-delà de toutes lois connues.

jeudi 7 mai

(source)

Keynes, dans son texte de 1930, Perspectives économiques pour nos petits-enfants, anticipait que, d'ici un siècle, le "problème économique" serait résolu : trois heures de travail par jour étant suffisantes, la course au profit serait perçue comme pathologique et les êtres humains, grâce au temps libéré, se consacreraient à des activités plus hautes, comme l'écouter du premier album de the Obits, groupe fougueux mais précis qui joue avec conviction un répertoire impressionnant et varié. L'album s'appelle I blame you. Le chanteur me fait parfois penser au Chocolate Watchband, les guitares à plein de choses qui se mélangent, mais on peut pleinement apprécier les riffs et les mélodies sans rien connaître du passé. It's all fresh and new!

vendredi 8 mai

Vu trois minutes de The Million Dollar Hotel (Wim Wenders). Pas réussi à aller plus loin.

samedi 9 mai

PHM : Personnage Historique du Mois : Giordano Bruno (1548-1600), accusé entre autres "d'avoir lu et étudié des livres interdits".

GMT = "Grand Moment de Télévision". Jeudi 7 mai, JT du soir, arrivée des actionnaires au siège du groupe PPR dirigé par Pinault, le fameux collectionneur d'art contemporain (mouarf). Que voit-on ? Des types qui rasent les murs l'air traqué, protégés par des gardes du corps qui brandissent de grands parapluies noirs. Sur eux s'écrasent les oeufs et les insultes. Belle image, sobre et efficace.

dimanche 10 mai

 

 

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