lundi 30 mars
Vu A History Of Violence (David Cronemberg). J'ai aimé le début, l'arrivée des tueurs dans la petite ville tranquille, la tension qui monte. On a déjà vu ça dans des westerns, mais c'est très bien fait. Ensuite, l'image est devenue toute noire. On ne voyait plus grand-chose, à part le canapé se reflétant sur l'écran de la télévision.
Citation de la semaine : "Enjoy this world, even as it descends into chaos" (Dylan à la fin de It's All Good, dernière chanson du prochain disque)
mardi 31 mars
Qui suis-je ? Chaque matin (ou presque), j'ai l'impression de reprendre la question à zéro. Si j'ai tenu jusqu'à la fin de A History Of Violence en dépit des mauvaises conditions de visibilité, c'est précisément parce que la problématique de l'identité est au coeur du scénario. Hélas, je l''ai trouvé démonstratif, voire franchement lourd. Je n'insisterai pas car je sais que beaucoup de personnes vénèrent Cronemberg et ce film particulièrement .
mercredi 1 avril
Chants d'oiseaux, lumière dorée, odeur d'herbe coupée. On réalise qu'on a eu à affronter un hiver, hum, délicat (sens 4). C'est le bon moment pour prendre un peu de recul, écouter Tim Hardin, relire Michaux, dessiner, s'occuper du jardin.
jeudi 2 avril
Même si je ne considère en aucun façon que mes textes puissent relever de la "poésie", j'apprécie assez que le Journal figure sur un blog comme celui-ci. Tout autour, il y a assez de liens pour s'occuper jusqu'à l'été avec des gens de qualité - comme, par exemple et au hasard, le site du génial Glen Baxter. J'espère que les hommes en gris n'y verrons rien de compromettant.
vendredi 3 avril
Hommes en gris : expression métaphorique pouvant renvoyer à différents groupes représentant différentes formes de pouvoir. En ce moment, on pensera plutôt aux petits chefs qui se prennent pour des experts en management et qui nous mettent la pression dans l'espoir de se faire mousser avec les résultats obtenus grâce à leur art de l'exploitation des ressources humaines. Exemple de phrase : "Les hommes en gris commencent à nous pomper l'air sérieusement."
samedi 4 avril
Maintenant : repos.
dimanche 5 avril
lundi 6 avril
(source)
L'idéologie de l'évaluation, qui a tout envahi en quelques années, commence à faire l'objet d'une évaluation critique de la part de quelques chercheurs. L’évaluation est avant tout «un système de contrôle», estime le philosophe Yves Charles Zarka : «Qui contrôle les contrôleurs ? Qui sont les contrôleurs ? Ce sont des experts, dit-on. Mais qui nomme ces experts ? Qui a expertisé leur capacité à expertiser et leur probité ? Tout cela reste dans l’obscurité et doit le demeurer.»
Tiens, on reparle de Philippe Garnier. Pas de vague médiatique à l'horizon, mais un nouveau livre dont Kaganski dit le plus grand bien. Le sujet ? Un hommage à un nommé Grover Lewis qui écrivait pour la revue Rolling Stone. Ce type aurait servi de déclencheur et de modèle pour le journaliste de Rock & Folk qui nous faisait rêver, tout là-bas dans les seventies, avec ses papiers bourrés de références obscures et de digressions jouissives. En attendant la sortie du bouquin, pour lire du Garnier, il faut déchiffrer l'anglais.
mardi 7 avril
Les gars de chez Sony savent y faire. Il y a d'abord eu l'extrait (Beyond Here Lies Nothing) en téléchargement légal pendant deux jours. Et maintenant, on a le single Feel A Change Comin' On en exclusivité sur le site de Newsweek. Sans compter un entretien pas inintérressant, même si probablement réécrit tellement c'est bien envoyé (on pense parfois à Chronicle). Dylan évoque le bon vieux son des disques de chez Chess et Sun Records : "There’s power and suspense. The whole vibration feels like it could be coming from inside your mind. It’s alive." Obama : "He’s like a fictional character, but he’s real. ".
mercredi 8 avril
Tribute to Ronnie Lane (qu'on appercevait un peu plus haut chez les Small Faces )
La meilleure interview en ligne du moment, c'est celle de Jean-Jacques Pauvert dans Gonzaï (excellent webzine). On découvre une belle vie d'éditeur au service de la liberté, ses combats face à la censure, sa force de résistance face à la connerie, ses rencontres avec des personnages mythiques du monde des lettres (Sartre, Gallimard, Paulhan, Bataille, etc.), et aussi quelques auteurs un peu oubliés qu'on a envie de lire (Hardellet, Darien). Très bon pour le moral.
jeudi 9 avril
Chaque année, je me fais avoir par inadvertance. Cette fois, c'était en quittant le travail un peu plus tôt que prévu. Un choc discret sur le parking (le parfum dans l'air juste après une averse) et soudain le printemps était là tout autour, avec un relief et une présence que les souvenirs ne parviennent pas à restituer.
vendredi 10 avril
Vu La tourneuse de page de Denis Dercourt. Film bien écrit, bien filmé, bien joué. Une histoire de haine et de vengeance menée froidement, sans passer par la banale boucherie sanglante à laquelle tant de films nous ont habitués. J'ai repensé à d'autres films sur le même thème (Nevada Smith, La mariée était en noir, La fille aux allumettes, Kill Bill) et je me suis dit que la vengeance était peut-être plus cinématographique que l'amour.
samedi 11 avril
Nous passons une grande partie de notre existence dans l'illusion de la permanence des choses, des êtres et de nous-même. Lorsque nous réalisons que tout file entre nos doigts selon un mouvement lent et silencieux - mais néanmoins inéluctable, nous mesurerons mieux le caractère éphèmère de l'instant. Have a nice week end !
dimanche 12 avril
lundi 13 avril
Tiens ! Ma grande soeur avait ce disque dans sa chambre. Je l'écoutais sur son Teppaz et je contemplais souvent la pochette (le lettrage tient encore le coup). Je n'ai pas cherché à réécouter Je bois du lait. A laisser tel quel, enfermé à double tour dans le passé - avec la grande soeur.
Le live de Leonard Cohen est très bien pour attendre sereinement la chute de la société spectaculaire-marchande.
mardi 14 avril
Quelques principes élémentaires pour abréger la survie du capitalisme. Arrêter de consommer. S'en tenir au strict minimum pour la survie quotidienne. Eviter les marchandises culturelles des majors et des trusts. Acheter underground. Se tourner vers les petits labels, les graphzines auto-édités, les plaquettes de poésie à tirage limité. Cela ne suffira peut-être pas à faire s'écrouler le système, mais on ne sait jamais.
mercredi 15 avril
Cohen with admirable aplomb, simply moved the barrel away, saying 'I hope you do, Phil'.
Comme toutes les histoires qui traînent sur Phil Spector, celle-ci est peut-être fausse mais qu'importe. Ce sont des récits qui nous disent quelque chose sur la condition humaine. C'est la raison pour laquelle nous prenons intérêt à cette tragédie rock n' roll.
jeudi 16 avril
" L'endroit ressemblait à un musée de la Mayonnaise. On était au plus fort du culte de la mayonnaise qui avait déferlé sur la Belgique, et on trouvait à tous les coins de rue de gigantesques spécimens d'émulsion ovo-oléagineuses. " Thomas Pynchon, Contre-jour, p. 615
Plus que 592 pages. Toujours aussi surprenant, déroutant, incontrôlable. On ne s'ennuie pas - à condition d'apprécier l'humour tarabiscoté. Par moment, on plane comme si on avait pris une drogue bizarre. Arrivé à un peu plus de la moitié du roman, on peut sans risque affirmer que c'est du très bon Pynchon (ceux qui l'aiment comprendront). Je compte terminer la lecture pendant les vacances d'été. Peut-être que j'y serai encore à l'automne. So what ?
vendredi 17 avril
On ne peut pas traverser que des moments beaux et poétiques. C'est bien aussi d'être fatigué après une journée de travail sans éclat, d'avoir mal aux pieds, et de pouvoir quand même apprécier la chanson qui sort du jukebox, une boisson chaude, le fait que les êtres que vous aimez soient dans la pièce à côté.
samedi 18 avril
Ce matin, l'air du jardin est plein d'humidité en suspension. Dans les arbres, il y a toujours plus de feuilles. Tout pousse avec une énergie impressionnante. "There is no statement to make, just tunes to write and life to live. "
dimanche 19 avril