lundi 24 août

Touristes égarés, conférencière récitant du Rimbaud : il règne à l'entrée de l'exposition "Une semaine de bonté - les collages originaux" une ambiance étrange. L'accrochage est décevant, mais ce n'est la faute de personne. Les formats sont minuscules et la salle faiblement éclairée, probablement à cause de la fragilité du support. On remarque quelques variantes dans le jaunissement des différents papiers utilisés, et c'est à peu près tout. Max Ernst a travaillé avec une minutie incroyable pour faire disparaître toute trace matérielle de la fabrication de ses images et il y a parfaitement réussi. Réagissant à sa manière au climat de l'époque (1933), Ernst investit un univers parallèle émminement moderne, sorte d'annexe onirique des romans feuilletons illustrés du siècle précédent. Ernst perturbe l'odre des images qu'il détourne. Il fait surgir des scènes d'action à couper le souffle, des échanges passionnels exacerbés, et beaucoup de créatures monstrueuses. On se perd avec délice dans un labyrinthe du désir ultra-violent (Sade n'est pas loin) où l'on croise des femmes du monde élégantes et perverses. Le catalogue est sublime, je l'ai mis dans la liste de Noël..

mardi 25 août

Après de longues recherches, le cadavre du mannequin Jasmine Fiore a été retrouvé atrocement mutilé. Le corps a finalement été identifié grâce au numéro de série de ses implants mammaires.

mercredi 26 août

Joan Didion incarne avec charme le cliché de l'intellectuelle new-yorkaise élégante, cultivée et hyper sensible (pour ne pas dire profondément névrosée). Le livre regroupe des articles écrits pour la revue Rolling Stone. Pour la situer par rapport à un de ses confrères, le style des reportages de Joan est à l'exact opposé de la prose outrancière et hallucinée d'Hunter S. Thompson. Elle en impose par sa lucidité, sa distanciation et sa retenue (école Hemingway). Le récit de scènes vues dans le quartier hippie de San Francisco en 67 balaye toute velléité nostalgique.

jeudi 27 août

Reçu le numéro 3 de la revue Recoins. C'est de mieux en mieux - et je ne dis pas ça parce qu'il y a une illustration de Bill à l'intérieur. On découvre des choses originales et plaisantes dans tous les coins, comme il se doit dans une revue de bon goût. Par exemple, le coup de traiter la musique par la fiction, la nouvelle, en décrivant une scène imaginée (Paringaux faisait ça dans Rock & Folk), le fait d'attirer l'attention sur des formes d'art rural oubliées ou sur un duo précurseur que je découvre grâce à Recoins : Silver Apples. L'abonnement s'impose.

vendredi 28 août

Ici au basement, on a les pommes, le boss du fruit. Ce sera une bonne année, très abondante, peut-être même trop. En même temps, avec un stock de pommes, on peut tenir en mode "survie" un certain temps en cas de blocus total, le temps que les choses se calment.

samedi 29 août

Je lis les titres. Peace and love au PS , grippe A, séparation d'Oasis, groupe que je n'ai jamais aimé (mais il faut avouer que cette histoire de bagarre à quelques minutes d'un concert a une certaine allure). Le ravisseur de Jaycee "alimentait un blog dans lequel il affirmait avoir le pouvoir mental de contrôler les sons". Je retiens surtout l'annonce d'une exposition consacrée à James Ensor pour l'automne.

dimanche 30 août

 

lundi 31 août

C'est une fable. Le décor est celui d'une rue banale dans une banlieue résidentielle standard. Tout serait cool s'il n'y avait ce voisin surexcité qui passe régulièrement avec son engin trafiqué. Pas le genre à s'amuser dans son coin en laissant les autres glander tranquillement sous la véranda. Non, il prend à partie les habitants de la rue, il les harangue, leur explique que tout le monde doit foncer le plus vite possible. Il associe vitesse et réussite. Les gens ont tendance à l'écouter parce qu'il est très persuasif, comme un vendeur de voitures. Comme il est malin, il réussit à se faire élire maire de la ville à laquelle appartient la banlieue résidentielle où se trouve la rue de la fable. A peine élu, il s'empresse de faire promulguer une série de décrets dont l'un déclare obligatoire les démarrages à fond la caisse, même le dimanche matin. Je n'ai pas la fin. Je vous laisse inventer.

mardi 1 septembre

 

Dylan news (suite).

Sortie confirmée pour un disque de chansons de Noël dont les bénéfices seront reversés à Feeding America, un organisme qui s'occupe de donner à manger aux pauvres.

Bien envoyés, les posts de François Gorin consacrés à Blonde on blonde.

Le show de l'île de Wight refait surface sur YouTube. Ce n'était pas un mauvais concert, en fait.

mercredi 2 septembre

Retour du temps collectif soigneusement découpé en tranches égales.

jeudi 3 septembre

J'ai écouté trois fois cette émission de radio consacrée aux pensées indiennes et j'ai l'impression que je pourrais encore me la repasser une dizaine de fois. Mais bon, il y a tellement d'autres choses à faire.

vendredi 4 septembre

"Contrary to a fabricated story that ran this morning on a small music web site in Australia, drummer Charlie Watts has not left The Rolling Stones," the group explained in a statement.

Vu De battre mon coeur s'est arrêté (Jacques Audiard). J'aime bien le titre, moins le film. C'est bien fait, mais le propos est quand même faiblard. Le personnage principal se cherche. Il est confronté à un dualisme freudien aussi douloureux que simpliste, illustré par un bon gros montage binaire imparable. Un coup le monde ténébreuxde l'immobilier (le père), un coup le monde lumineux de la musique (la mère). Dans les westerns, même les seconds rôles réservaient plus de surprises.

samedi 5 septembre

Fin de saison ou début d'automne ? On feint de se plaindre parce que c'est la tradition, mais il faut reconnaître que ce moment a son charme.

dimanche 6 septembre

 

lundi 7 septembre

Contre-jour est un roman politique. Pynchon est réputé pour écrire des textes complexes où sont disséminés des signes plus ou moins cryptées qui suscitent des interprétations sans fin. Ce n'est pas faux, comme en témoigne la glose qui se développe sur internet. En même temps, la vision du monde qui soutient Contre-jour est très simple. Il y a d'un côté les ouvriers anarchistes maniant la dynamite (les héros du roman) et de l'autre d'immondes propriétaires prêts à tout pour augmenter leur profit (les méchants)*. Les premiers veulent venger un père héroïque tué par des flics véreux au service des propriétaires. Les méchants capitalistes ont quelque chose de maléfique. Ils sont totalement dénués d'émotion, il est possible qu'ils soient déjà morts. Il n'est pas exagéré de dire que Contre-jour est un roman qui rend hommage aux mouvements ouvriers anarchistes tout en critiquant violemment le caractère destructeur du système capitaliste.

* Il faut noter que la même structure binaire apparaissait déjà dans Vineland (hippies sympathiques contre flics sadiques).

mardi 8 septembre

Attention collector! J'ai Besoin de sucre (évocation phosphorescente de la vie d'Edie Sedgwick) par Thomas Vinau et Bill Térébenthine (édition de la vachette alternative).

mercredi 9 septembre

“A paranoid man is a man who knows a little about what’s going on. A psychotic is someone who just found out what’s going on.” William S. Burroughs (source)

Vu Inglorious basterds (Tarantino). Bien aimé. Comme cela a été souvent noté, le méchant est parfait. Ses apparitions compensent la faiblesse de certaines scènes (notamment avec Brad Pitt). Un film globalement réussi, souvent jouissif, en honneur à la puissance de la fiction.

Jeune femme de la semaine : Mélissa Theuriau

jeudi 10 septembre

Je ne crois pas qu'internet ou n'importe quelle autre "nouvelle technologie" fasse évoluer par enchantement la situation où nous sommes enfermés. Les technologies dites de "communication" ne font que reconduire la domination existante en la démultipliant à travers les réseaux. Passez une bonne journée, et lavez-vous bien les mains.

vendredi 11 septembre

Ah ah ah. Il est rare de voir François Copé ainsi, l'oeil malicieux et riant de bon coeur. Un grand moment "auvergnat". Ah, ah, ah. Humoriste de la semaine loin devant tous les autres : Brice Hortefeux.

samedi 12 septembre

Nous avons tous, dans un coin de notre esprit, une petite salle de cinéma où nous nous retirons de temps en temps. Nous nous fabriquons des films imaginaires où la réalité s'accorde parfaitement à nos désirs et nous prenons plaisir à nous les passer. Ces scénarios nous aideraient, selon le charlatan viennois, à supporter la réalité. L'intérêt principal, c'est surtout que personne ne peut avoir accès à ces récits fantasmatiques où tout est permis et où rien n'est vrai. Il est préférable que personne ne puisse voir ce que subissent les petits chefs et les managers dans mes mind movies. Comme dit l'autre, c'est du brutal.

dimanche 13 septembre

 

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