Cat Power : The Greatest. Un ovni, un classique, peut-être un chef-d'œuvre. En tout cas, l'album le plus classe et le plus élégant de 2006 (là-dessus, il n'y a pas de discussion). Attention, ne pas se fier au titre trompeur (sans parler de la pochette hideuse). Ce bijou aurait dû s'appeler Cat Power in Memphis.Comme Dusty Springfield en son temps, la chanteuse s'est fait offrir le voyage : studio mythique, son confortable et soyeux, épaisseur rassurante des cuivres, écho des chœurs aériens. Portée par cet accompagnement stylé, la voix fragile qui avait si bien repris Satisfaction réussit de grandes choses.

mardi 31 janvier

En interview, Julian Casablancas a l'air d'un gars sympa, honnête et sincère. Pourquoi ? Je ne sais pas bien. Différents indices. Par exemple, le fait qu'on ne le voit pas avec son top-model dans la presse people. Sur le plan musical, il est lucide : il sait très bien que tout est déjà joué et qu'il arrive après la bataille. Il ne lui reste plus qu'à faire de la bonne musique pour les kids et leurs parents. Je trouve ça bien de leur part, d'être attentif aux anciens. Et puis, signe révélateur, Casablancas apparaît le plus souvent au dernier rang sur les photos de groupe.

mercredi 1 février

Quel est le statut d'un rêve lorsque le personnage qui fait ce rêve fait lui-même partie d'un rêve ?

jeudi 2 février

En parlant de rêve, j'ai la plus grande difficulté à émerger ce matin. J'ai l'impression d'avancer dans un film (travelling avant dans un couloir sans fin), frôlant des souvenirs imprécis, des amorces d'idées floues, des émotions lointaines. Bref, que des choses inutiles et inutilisables.

vendredi 3 février

Il est toujours étonnant de voir des gens s'exciter en place publique autour d'enjeux dérisoires.

samedi 4 février

Par moments, on pourrait se demander si l'humanité n'a pas sombré dans une vague de régression collective. Il est vrai que les médias répercutent principalement les faits et gestes des plus cons (ceux qui sont prêts à tuer pour une équipe de foot, une religion).

dimanche 5 février

Le dimanche matin, j'aime bien perdre du temps. La radio parle des iraniens, dans le jardin tout est immobile. J'envisage de prendre une douche mais j'hésite, car après je serai définitivement éveillée.

lundi 6 février

Les sceptiques sont plutôt discrets, par définition. L'absence de certitudes concernant une prétendue "vérité" ne les conduit pas à imposer leur point de vue. Ils ont cependant quelque chose à défendre : le droit au scepticisme.

mardi 7 février

Nous sommes tous un peu liés aux évènement internationaux et locaux, du fait du matraquage. C'est notre monde commun. Mais l'homme a heureusement une disposition qui lui permet de se retirer dans son monde à lui. Il faut ici souligner le rôle de l'école qui, grâce à l'ennui massif qu'elle génère, conduit l'enfant à développer et explorer cette possibilité de fuite. Et si c'était l'inverse ? Peut-être est-ce le fait d'avoir accès à des mondes intérieurs qui rend l'école (et plus tard la vie sociale) si ennuyeuse.

mercredi 8 février

Aujourd'hui, sortie du numéro collector de Charlie Hebdo. Achetez-le, c'est de l'histoire en marche. Plus tard vous pourrez le montrer à vos petits enfants en leur racontant l'époque où de telles horreurs pouvaient encore être publiées.

jeudi 9 février

Maintenant, on va parler d'autre chose, parce que les histoires de croyances, ce n'est pas si important. Il y a des choses tellement plus intéressantes dans la vie. Par exemple, le fait que Dylan soit rentré en studio pour enregistrer un nouvel album. Ou encore l'annonce d'une expo Hans Bellmer au Centre Pompidou (expo que je déconseille aux intégristes de toutes les religions).

vendredi 10 février

Dans environ cinq heures, je suis en vacances. C'est pour quand, la zapette spatio-temporelle ? Parfois, on se demande ce que font les scientifiques.

samedi 11 février

J'essaie de pratiquer des exercices d'auto-hypnose afin d'atteindre rapidement un état de relaxation profonde. L'objectif est de profiter des vacances au maximum, dès le début.

dimanche 12 février

Je voudrais dire une chose à ceux qui découvriraient Charlie Hebdo maintenant : ce canard médiocre n'a rien à voir avec le Charlie seventies qui accompagna notre adolescence exaltée. Sans Reiser, Gébé, Delfeil de Ton, Berroyer, ce n'est plus vraiment ça. Parmi ceux qui restent, seul Willem semble encore aimer dessiner. Cabu et Wolinski ne sont pas drôles. Parmi les nouveaux, je n'ai repéré aucun dessinateur. Il refont la même chose que les anciens, en plus lourd. Cavana est égal à lui-même : il assène des poncifs dans le style monologue de comptoir. Quant à Val, qui pond le seul texte lisible, il est un brin sentencieux, pour ne pas dire scolaire. Mais ceci dit, il faut quand même les soutenir, hein.

lundi 13 février

See you later, sweet readers !

mercredi 15 février

Je sors de mon silence forcé (non, il ne s'agit pas d'un enlèvement) pour signaler une interview vidéo de Cat Power. Ne me remerciez pas. A très bientôt (dès que les autorités auront réussi à me libérer, en fait).

Question subsidiaire : quelles sont mes chances de voir passer "Walk the line" dans le cinéma du coin ?

dimanche 19 février

Une seule diariste vous manque et tout est dépeuplé ? Convenons d'une date. L'homme est ainsi fait : il a besoin de repères pour conjurer l'angoisse du temps. Disons dimanche prochain, lorsque le working blues commencera à roder. Et d'ici là, faites bien attention aux canards !

dimanche 26 février

"On a dans un coin de la tête, une intelligence instinctive capable de reconstruire le réel à partir d'indices ténus." Propos de Jean-Louis Costes, trouvé (comme l'image ci-dessus) sur un blog orienté critique de cinéma, avec des textes intelligents et bien écrits.

lundi 27 février

Entendu le philosophe Clément Rosset qui parlait (plutôt bien) de la joie. La joie sans cause, la joie absurde. Alors je réalise qu'il n'y a rien de mal à ressentir une telle joie, même lorsqu'il faut retourner travailler dans la nuit et le froid en écoutant des infos de film d'horreur.

mardi 28 février

Je ne voudrais pas finir entre les mains des barbares avant d'avoir vu les dessins d'Ingres. En attendant, il y a le blog de Bill, qui démarre une nouvelle série. Ce sont des illustrations pour un livre qui n'existe pas.

mercredi 1 mars

Beau paysage de neige ce matin. Le plaisir est juste un peu gâchédu fait que je me demande dans quel état je vais retrouver la voiture.

jeudi 2 mars

Une chose me frappe, dans l'affaire du virus maudit : c'est que le premier département officiellement touché soit justement le premier par ordre alphabétique. Il y a un côté ordonné, presque administratif, dans la progression de la catastrophe. Le prochain département touché devrait donc être l'Aisne, pays de vignes et de champagne.

vendredi 3 mars

Quand je vois chialer les présidents des majors, je repense à la grande arnaque du début des années 90. Passage forcé du vinyle au CD. Pour 15 francs, vous aviez droit à un disque au son boisé (si vous avez la possibilité de le faire, écoutez ce bon vieux son audio), emballé dans une grande pochette en carton, véritable support d'expression artistique. Du jour au lendemain, pour 150 francs, vous avez eu droit à un son métallique nettoyé de toute trace humaine, rangé dans un boîtier froid avec une pochette timbre poste. Les bénéfices engrangés lors de cette vaste escroquerie ne sont pas encore totalement épongés par les pertes qu'occasionnent les échanges gratuits.

samedi 4 mars

J'écoutais un artiste (Pierre Huyghes) ce matin, sur France Culture. Et je me demandais quel était l'intérêt d'un travail sur les images lorsque celui-ci n'aboutit pas à leur destruction radicale en tant que représentations d'un ordre symbolique. Mais dans l'art d'aujourd'hui, on ne remet plus rien en cause, on "interroge des notions", on "questionne les représentations", parfois même, on ose un regard "critique". Mais la limite indépassable, c'est le pouvoir dont dépend la survie de l'artiste.

dimanche 5 mars

J'ai trouvé une compilation d'Elvis qui regroupe des morceaux rapides, du rock pur et rien d'autre, avec les doo-wap, la contrebasse qui danse et la guitare nerveuse qui virevolte. Je n'ose imaginer ce que cela donnerait avec un son AUDIO. Mais même comme ça, je me demande s'il ne s'agit pas du plus grand disque de rock du monde. Insurpassable. Elvis is god (et personne d'autre). Si une religion me propose ce dieu, je prends, je devient elviste. Mais attention, le dieu de la nouvelle religion, c'est celui de la compilation uniquement, pas le gros con réac qui serrait la paluche de Nixon et chantait des ballades dégoulinantes de sentimentalité kitsch.

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