lundi 15 mai

Ce fond Country & Western (ça va venir...) me fait penser à un concert pitoyable vu à la fête du village du GFIV. Il y a des moments difficiles dans la vie des musicos qui galèrent en province. "Freddy Della et son Conchoux Garrios band" se sont retrouvés devant une poignée de villageois pour qui "fête" signifie d'abord bouffer et boire. A un moment, ils se sont fait plaisir avec un Sweet Home Chicago assez bien envoyé. Mais devant les réactions glaciales, ils ont abandonné et le leader (une pointure à l'harmonica), s'est mis à jouer des "valses". C'était triste, et en plus il faisait froid.

mardi 16 mai

Si vous cherchez à lire des trucs pour mieux comprendre le monde alors laissez tomber, vous n'êtes pas à la bonne adresse. Je ne vois pas comment je pourrais écrire quoi que ce soit d'éclairant, susceptible de vous apprendre la moindre chose sur quelque sujet que ce soit. En revanche, si vous avez du temps à perdre (genre bureau d'un ministère ou d'une banque), que tous les prétextes sont bons pour glander, rêvasser, être improductif, alors vous êtes at the right place.

mercredi 17 mai

La personne que je suis censée être, je n'en ai aucune vision précise. Si l'on me demandait de me présenter, je ne saurais quoi dire. J'ai essayé à différentes périodes de m'identifier à des choses qui semblaient solides au regard des autres. Mais avec moi, cela n'a jamais tenu la distance (tout finit toujours par se dissiper sans laisser de trace). Et ce n'est certainement pas ce journal qui m'aidera à définir un semblant d'identité.

jeudi 18 mai

J'ai déjà parlé des problèmes d'approvisionnement en livres, ici au basement. Alors je m'arrange pour prendre du dense, du costaud. Avec "Romans et nouvelles" d'Hermann Hesse, je vais pouvoir tenir un moment.

vendredi 19 mai

A paraître le 5 juin (my birthday !) : "Les égéries sixties", un livre qui, comme son titre l'indique, aborde la question sous l'angle des femmes influentes ( Nico, Anna Karina, Anita Pallenberg, Marianne Faithfull, Zouzou, etc...). Je viens de voir l'auteur sur un plateau de télé. Il semble bien connaître son sujet et a rencontré les principaux protagonistes. Bref, le cadeau à me faire offrir.

samedi 20 mai

Le plus simple et le moins fatigant, c'est encore de s'en tenir à la surface des choses telles que le pouvoir souhaite nous les présenter. Il n'y a pas de "vérités" cachées à chercher. Prenez les discours publics tel quel ("Tout va toujours bien; les chefs sont gentils, honnêtes et soucieux de vous"). Ne discutez pas, n'y pensez jamais. Laissez-les s'entre-tuer, imploser, s'auto-détruire.

dimanche 21 mai

Voici mon C.V. : Je n'ai aucune expérience accumulée dans quelque domaine que ce soit. Lorsque je me retourne, il n'y a rien, c'est le vide complet. Tout s'est volatilisé, pour moi comme pour tous ceux que j'ai pu croiser ou côtoyer. Il ne reste aucune trace. But that's alright ! Comme tout être humain a parfois besoin de regarder en arrière, il me reste les anciennes couvertures de Rolling Stone.

lundi 22 mai

Ici, au GFIV, nous accordons peut-être une confiance excessive à la spontanéité intuitive et à l'improvisation. De même, nous refusons peut-être trop radicalement tout ce qui peut ressembler à un programme planifié et organisé dans l'intention d'atteindre un but. Mais lorsqu'on a un penchant, une inclination, il est préférable d'y aller à fond (ne serait-ce que pour voir ce que cela peut donner en terme de résultat).

mardi 23 mai

Tout le monde (enfin, parmi mes lecteurs) sait que j'aime les garage bands américains des sixties. Il m'est revenu l'autre jour que tous ces groupes avaient subi le choc des pierres qui roulent en pleine face. J'y ai repensé en constatant que la coupe de douilles de Brian Jones réapparaissait souvent sur les photos, tout comme les poses de bad boys devant des murs de briques. Alors j'ai demandé une compile à Lonesome Pat et Bill Térébenthine a fait une pochette arty. Et vous savez quoi ? L'original vaut largement les copies proposées par les Shadows Of Knight et autres Remains. A part ça, Keith va bien.

mercredi 24 mai

Debord considérait déjà, il y a une quarantaine d'années, que quelque chose d'essentiel était irrémédiablement perdu. Depuis, la rationalité économique a continué sur la même voie en suivant une courbe exponentielle. Nous savons maintenant que l'on pouvait faire plus fort dans l'aliénation à la marchandise. Et ce n'est pas fini ! On attend la suite avec curiosité.

jeudi 25 mai

Le Debord, je peux m'en passer parce que j'ai déjà à peu près tout, et dans des éditions originales autrement plus classieuses. Mais le Manchette, il me le faut, pour les extraits du Journal, les chroniques et les témoignages. Il me manque également quelques romans des débuts, que je n'avais pas achetés à cause des couvertures trop pourries.

vendredi 26 mai

J'avais vaguement envie de dire du mal, sans l'avoir vu, du film insignifiant réalisé par nos deux "pointures de l'art contemporain". Mais cela n'en vaut même pas la peine. Lisez plutôt la critique du Figaro , qui a adoré - comme il se doit - cette œuvre d'arrière-garde (Notez comme Valérie, critique du Figaro, frissonne en évoquant le célèbre vidéaste Douglas Gordon, couvert de prix prestigieux et néanmoins "joyeusement anticonformiste"). Si Minute avait une rubrique "art/culture/revolver", on peut parier qu'il soutiendrait également cette forme d'art contemporain non-dégénéré .

samedi 27 mai

J'aime bien les débuts, lorsque rien n'est encore fixé : ni les rôles respectifs, ni la place sur l'échelle hiérarchique. Cela pourrait continuer comme ça indéfiniment, dans le flou et l'incertitude, la surprise et la nouveauté. Mais il y a ce besoin de comprendre, de nommer, de maîtriser, de comparer. Et c'est ainsi que tout finit par devenir étriqué et figé.

dimanche 28 mai

Encore eux ? Et oui ! Si vous ne kiffez pas les vioques, je vous propose d'aller faire un tour sur un blog rédigé en langage SMS. Pour les autres, voici comment les choses se sont passées. J'entre chez le marchand de journaux du village voisin pour voir si les Inrocks Hors Série "Godard" (encore un vieux) avait atterri dans le coin. Et là, je vois le dernier Rock n' Folk avec les milliardaires ridés en couverture. Je me dis que ce journal exploite vraiment le filon jusqu'à la corde et qu'on a déjà fait le tour du sujet depuis un bail. Mais je feuillette quand même, pour les photos. Et là, je découvre qu'ils ont fait des efforts pour renouveler l'approche. J'ai acheté et je n'ai pas regretté. Alors que j'avais des plombes à passer dans ma voiture en attendant une personne que j'accompagnais, je n'ai même pas vu le temps passer. C'est ça que les jeunes peuvent pas piger, man. Il est question ici d'un monde parallèle qui n'a rien à voir avec l'écoulement du temps linéaire.

lundi 29 mai

Le champ de l'art est assez bidon pour pouvoir laisser la place à n'importe quel médiocre doté d'une bonne connaissance des réseaux et d'une langue à toute épreuve (suck, baby, suck). Je ne parle pas des artistes et de la création (qui vaut ce qu'elle vaut, comme à toutes les époques), mais des "médiateurs-zombies".

mardi 30 mai

C'est promis, plus rien sur les Stones pendant six mois (sauf événement exceptionnel mobilisant la rédaction de la Gazette). Surtout que ce ne sont pas les sujets qui manquent. Au hasard : Godard, dont on parle beaucoup ces jours-ci. Pour ceux qui ont un peu suivi, le feuilleton de l'exposition catastrophe à Beaubourg était un régal. Du grand Godard d'aujourd'hui, excellent dans le destroy (et il a raison de malmener les commissaires culturels : la culture tue l'art), mais incapable de transposer cette énergie de manière créative, sur l'écran. Je pense que Godard est parti en vrille à l'époque où il s'est mis à écouter les maoïstes. Les militants ne supportaient pas sa liberté, sa légèreté, son humour. Alors ils l'ont cassé en jouant à fond sur sa culpabilité de petit-bourgeois suisse. Dommage pour le cinéma. Ses films des sixties comportent parfois quelques lourdeurs (les références et les citations trop appuyées, déjà), mais comparé à la magie qui se dégage des meilleures scènes, cela ne compte pas. Une de mes préférées, dans Pierrot le fou : le plan fixe où Belmondo s'allonge sur les rails. On entend le train de marchandise approcher, il traverse lentement le champ de la caméra puis disparaît, laissant s'installer le vide et le silence. Cela dure un peu. On doit entendre le vent, des cigales. Bref, c'est très zen. Juste quand ça pourrait commencer à devenir trop long, on voit Belmondo réapparaître par le bas de l'écran, se relever et s'en aller de dos (comme Giscard). Ah, c'est trop con, vraiment, qu'il se soit perdu en cours de route. Imaginez les films que nous aurions eu si, au lieu de s'enfiler la prose de Mao et de ses idéologues, il s'était intéressé à la philosophie de Tchouang Tseu ou à la poésie de Li Po.

mercredi 31 mai

"La faim et le froid font souffrir le corps, mais faire des choses contre sa propre conscience apporte la torture de l'âme."

Tao Yuan Ming

Il y en a tellement, des citations de vieux chinois. On pourrait en aligner des kilomètres de pages web. C'est la raison pour laquelle, en règle générale, j'évite. Sans compter le fait que lorsqu'une phrase vous parle directement, on aime autant la garder pour soi.

jeudi 1 juin

Je suis tombée par hasard sur la biographie du nommé Tao Yuan Ming. Tao Yuan Ming (365-427) est l'inventeur d'un style de vie, celui du lettré - un way of life qui fut tendance dans la Chine ancienne, du Vème au XVIIIème siècle. Il s'agit d'une manière de vivre à l'écart des contraintes et des normes sociales, si possible dans un lieu retiré et esthétiquement plaisant. Lorsqu'il était fatigué des luttes de pouvoir, le lettré (qui accupait un poste plus ou moins prestigieux), se retirait à la campagne pour méditer, boire du vin, écrire des poèmes et jouer de la musique.

jeudi 2 juin

Pour les physiciens que j'ai entendus dans une émission scientifique, la question de la réalité commence à se poser de manière plus intérressante. Toutes les conceptions enseignées à l'école sont battues en brêche : elles étaient rassurantes et avaient l'apparence de la rigueur. Hélas, elles ne mènent nulle part et sont contredites continuellement par les faits. Aussi travaille-t-on maintenant sur des hypothèses à la Phillip K. Dick basées sur l'existence d'autres mondes, d'autres dimensions. Mais tout cela est très lent, nous n'en verrons rien. Anyway, tout a déjà été dit dans d'autres champs de connaissance (poésie, art, magie...). Nous avons coutume de considérer le parcours réalisé depuis les grecs comme une évolution dans le domaine de la pensée. Il s'agit peut-être d'une terrible régression.

vendredi 3 juin

Il y a ce sentiment, assez partagé je crois, d'assister à un film catastrophe dont le déroulement est implacable. Mais dans les films de genre, on sait d'avance de quelle manière ça va (mal) finir : la tour va exploser, l'avion s'écraser, les requins attaquer, etc. Dans notre film, nous ne pouvons imaginer une fin tant il y en a de plausibles, toutes également catastrophiques.

samedi 4 juin

Yeah ! Premier matin où on a pas froid. Ici, à la campagne, c'est très important, le temps qu'il fait. Les journées sont radicalement différentes selon qu'on les passe à l'intérieur ou à l'extérieur.

dimanche 5 juin

5 jours en juin au GFIV, les queries (comme dit Troudair) :

1 3 8.82% comix
2 2 5.88% diary of jane
3 2 5.88% godard one plus one
4 2 5.88% je
5 2 5.88% seventies pictures
6 2 5.88% sweet jane dylan
7 2 5.88% zombies
8 1 2.94% %22comix%22
9 1 2.94% %c3%a9couter les chansons de beck
10 1 2.94% 'étais sur une aire d'autoroute
11 1 2.94% apologie de l'inactivité
12 1 2.94% arbre
13 1 2.94% bnp paribas croissy beaubourg
14 1 2.94% bob dylan
15 1 2.94% comix filetype:jpg
16 1 2.94% depuis que j'ai grossi j'ai plus de plaisir sexuel
17 1 2.94% dexys midnight runners
18 1 2.94% feuilleton télé le prisonnier
19 1 2.94% gfiv
20 1 2.94% les égéries sixties

Depuis que ma boîte aux lettres est devenue Orange, je ne peux plus lire ni envoyer de courrier.

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