Et si, en m'intérressant à des choses aussi futiles, je passais à côté des vrais sujets de préoccupation (comme, au hasard, les enjeux de l'élection présidentielle) ?

mardi 8 mai

Je propose un test . Tant qu'on laissera une paix royale à la petite bande du GFIV, les libertés publiques ne seront pas menacées dans ce pays. (Une fine stratégie est ici à œuvre.)

mercredi 9 mai

Un dessin de Bill et une vignette de Troudair (Agent Airhole), c'est pour détendre l'ambiance. Bill est content, il pense que la "thématique de la manipulation médiatique", qui est le sujet de sa bande dessinée, reste plus que jamais d'actualité. Cet argument, très discutable comme dirait le prudent et raisonnable Colombani, est développé ici, dans le webzine le plus politiquement trash de ce côté-ci du web non-commercial (traduire par inutile et néfaste). Pensez bien à effacer l'historique de votre ordinateur, votre image d'intellectuel de gauche pourrait en prendre un coup.

jeudi 10 mai

Entre les images de paparazzi et les révélations glauques, les rumeurs sur les couples et le goût des secrets éventés, on sent les journalistes très excités sur les plateaux télé. Il va falloir s'y habituer. Si vous voulez comprendre les sous-entendus et les regards en coin, ne pas vous retrouver en marge de la société, abandonné par la horde, vous n'avez plus qu'une solution : lire régulièrement Paris-Match et Gala. Inutile de les acheter, vous les trouverez gratuitement à votre disposition chez votre médecin et chez votre coiffeuse.

vendredi 11 mai

"Attitude, to me, is more important than facts. It is more important than the past, the education, the money, than circumstances, than failure, than successes, than what other people think or say or do. It is more important than appearance, giftedness or skill." Je suis assez d'accord avec ça. On peut travailler une attitude, l'approfondir, mais on ne décide pas de celle que l'on adoptera dans l'action. L'attitude résulte d'une multitude de micro-décisions prises en situation, souvent à l'improviste. Quelques exemples (et quelques maîtres en attitude) : Marcel Duchamp tirant à pile ou face son départ en Amérique pendant la guerre, Dylan à Newport et pendant toute la fameuse tournée 66, Tchouang-Tseu refusant les honneurs de la cour impériale et préférant se retirer dans la montagne. You got the picture ?

samedi 12 mai

Internet n'en est qu'à ses balbutiements. Ce qui se dit en ligne ne pèse pas encore très lourd dans le cours des choses, mais il est évident que ça ne va pas s'arrêter là. Les pétochards qui utilisent encore le papier essaient de se rassurer comme il peuvent. Ils préféreraient que plus rien ne bouge, oubliant ainsi la leçon d'Héraclite : "nulle chose ne demeure ce qu'elle est, et tout passe en son contraire".

dimanche 13 mai

"Les filles étaient plus belles chez nous, et plus vastes nos poumons, plus farouches nos désirs, plus sonores nos rêves et plus poétiques nos fulgurances. Nous avions pour nous l'humanité et une grève générale illimitée de dix millions de travailleurs qui occupaient tout. Mai 68 nous fut une fusée éclairante de la vastitude et de l'intelligence du monde, et nous avons été invincibles." Pierre MARCELLE

lundi 14 mai

Parfois, à l'occasion d'une brève interruption, une sorte de pas de côté, nous pouvons saisir comme de l'extérieur, avec une effroyable lucidité, tout ce qui nous maintient en vie. Si nous étions dans cette position vis-à-vis de nos croyances en permanence, il est probable que nous serions paralysés sur le coup par le ridicule, le caractère dérisoire, de notre agitation. Heureusement, l'évolution a développé chez l'homme une formidable capacité d'aveuglement qui lui permet de survivre à tout (même à Madame Royal).

mardi 15 mai

Dans son journal, Kafka note tous les détails : vêtement, coiffure, forme d'un nez, d'un arbre, etc. Par moment, je me dis que je devrais peut-être essayer. Cela me ferait probablement du bien d'accorder à la réalité ce type d'attention. Mais cela risquerait aussi, je le crains, d'être assez déprimant pour vous comme pour moi .

mercredi 16 mai

La gauche caviar se bouche le nez parce que c'est le candidat des nouveaux riches, des petits blancs aigris et des ruraux largués qui a gagné. Le milieu de la culture se sent particulièrement menacé par les beaufs (Bourdieu parlait de racisme de classe à propos de cette expression). Ils ont tort de se plaindre puisque, vis-à-vis de ce qui compte le plus à leurs yeux (la création artistique), la situation peut s'avérer particulièrement stimulante. Et puis un statut de "résistant" sans risques ni réels dangers, c'est assez glam, non ?

jeudi 17 mai

Vous overdosez d'images présidentielles diffusées en boucle ? Alors bienvenue sur Canal GFIV pour le "Jane Sweet Show"! Today, spécial jazz, avec des drogués qui se lèvent tard et qui n'ont aucun lien avec la french identity.

 

 

 

vendredi 18 mai

Bo Diddley serait hospitalisé en soins intensifs dans un coin de l'Iowa. Je sais, c'est dans l'ordre des choses compte tenu de l'âge. J'ai quand même du mal à me faire à l'idée que les pionniers du rock n' roll soient soumis aux mêmes lois biologiques que le commun des mortels (Tiens bon, Jerry Lee, tiens bon!). J'ai une journée chargée qui m'attend mais j'espère trouver un moment pour me recueillir et avoir une petite pensée pour Bo.

samedi 19 mai

Le PS est proche de la perfection. Il n'y a aucune amélioration à apporter. Tout changement à la tête du parti, toute remise en question, relèverait de l'erreur historique. François Hollande et sa compagne représentent parfaitement les jeunes petits bourgeois de gauche souhaitant profiter de l'appui d'un réseau solidement implanté tout en bénéficiant du confort moral que procure l'assurance d'être dans le camp de l'amour. Ne changez rien.

dimanche 20 mai

 

lundi 21 mai

Baudrillard se serait probablement régalé (signes, leurres, simulacres...). Il nous faudrait un minimum de recul pour pouvoir analyser ce qui est en train de se jouer sous nos yeux hallucinés, mais dans le feux croisé des missiles médiatiques, toute réflexion semble à ce jour impossible. Rendez-vous dans trois ans (ou dans cinq), pour les commentaires. En attendant, je vais me retirer dans un monde plus solide, plus réel : le monde de Proust et de Kafka, de Pynchon et de Carver. Je ne vois que la littérature pour tenter de conserver un minimum de contact avec la vrai vie. Je dirai un jour ce que j'entends précisément par "vraie vie".

mardi 22 mai

Au début des seventies, j'étais dans un collège en préfabriqué au milieu des champs. Un jour, en quatrième, il m'est arrivé un très sale coup : mon Sticky Fingers a disparu de l'endroit où je l'avais laissé, posé près du tourne-disque dans la salle qui tenait lieu de "foyer des internes". Inutile de dire que cette affaire m'a gravement perturbée. C'était mon premier album de rock, man. Je l'ai racheté, puis j'ai oublié. L'année suivante, je me suis fait prendre pour avoir graphité sur une table de la salle d'Histoire un message "révolutionnaire" (ou du moins l'idée que je m'en faisais à l'époque). Lors d'une convocation avec mes parents, le directeur au costume traditionnel, incarnant l'autorité "à l'ancienne", ses certitudes inébranlables, a sorti avec une grimace pincée, mon "dossier" de bad girl. Dedans, il y avait mon Sticky Fingers, que cet enfoiré avait saisi à cause de la pochette d'Andy, probablement trop outrageous à ses yeux. Pauvre connard. C'est tout ce que je voulais dire.

mercredi 23 mai

A la suite de la publication de ce texte, le blog aurait eu des problèmes (blocage des posts). Je trouve que c'est un bon texte dans le genre "vous me donnez envie de vomir mais je dégueulerai sur vous avec style". Ce retour de la veine polémique est certainement une bonne nouvelle. Vous vous souvenez de Frantico le dessinateur masqué ? Il revient avec une série engagée qui ne me convainc pas totalement pour l'instant. A suivre, donc. Et le meilleur pour la fin : une interview de la veuve de Charles Bukowski.

jeudi 24 mai

Nanochevik a été relâché par la Blogger Team. Sinon, elle est bien cette interview de Linda Bukowski, je trouve. Enfin une veuve sereine et fréquentable. Elle dit des choses importantes sur l'écriture et sur le bonhomme, sur la poésie chinoise et la quête de vérité. Ce qui est là, en ce moment présent, c'est la supra réalité ultime. Voilà ce que disent les poèmes de Bukowski comme ceux des ermites taoïstes. Nous n'avons pas besoin de politiciens. Nous n'avons pas besoin de chefs. Nous nous foutons des gagnants et des perdants. We need poets.

vendredi 25 mai

66 ans hier, cela justifie qu'on y revienne. Résumons les choses de manière synthétique : sur les 66 raison de l'aimer, je n'en garderai qu'une, qui englobe tout le reste (la deuxième dans la liste).

samedi 26 mai

Ce qu'on peut faire, ce qu'on pense devoir faire, ce qui a été effectivement réalisé.

dimanche 27 mai

 

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