lundi 30 juin

Street View est un service de Google Maps qui pourrait vous aider à occuper les heures creuses. Surtout si vous êtes sensible à l'étrangeté et à la poésie de ces images figées. Vous cliquez d'abord sur un appareil photo. Vous faites ensuite "zoom in". Et là, il y a un petit bonhomme jaune qu'on peut déplacer sur la carte. A partir du point choisi, une image apparaît. Elle permet d'avancer, de reculer, pivoter, zoomer, etc. C'est assez fascinant, un moment. Un regret toutefois : on ne peut pas encore entrer dans les maisons, les immeubles, visiter les chambres, les cuisines, les garages, etc. Cela ne saurait tarder.

Découvert grâce à Troudair (le geek le moins con que l'on puisse trouver de ce côté-ci du Mississippi).

mardi 1 juillet

C'est le bouquin idéal pour oublier tous les gros nazes que j'ai eu à me farcir cette année. L'édition de poche vient de sortir, avec une préface inédite d'Oldham qui donne le ton : pas de nostalgie poisseuse ni d'idéalisation kitch. Juste un hommage élégant et fort bien écrit à ceux et celles qui se jetèrent corps et âme dans le tourbillon sixties, au risque de s'y fracasser. Nous reviendront en détail dans le Journal sur certains témoignages évoqués dans le livre - déjà cultissime ici, au basement.

mercredi 2 juillet

Une petite visite chez Marianne Faithfull, mamie rock stylée, un peu canaille, qui sait si bien raconter les histoires de sa jeunesse. Gaignault débarque à l'heure du thé. "Sur une table une photo avec Dylan, prise au Savoy en 1964, la machine à écrire de William Burroughs offerte par ses héritiers à la mort de l'auteur de Junkie, (...) un disque d'or du Rock n' roll Circus. " Elle lui parle bien sûr des Stones et de Jagger, qui l'a abandonnée sans un sous après leur séparation (on apprend ailleurs dans ce bouquin qu'il a fait le même coup à Bianca). J'apprécie, je dois l'avouer, le côté potins et ragots qu'on trouve dans Égéries sixties. Comme il est toujours question des mêmes personnes, le croisement des témoignages permet de se faire une images assez précise en dépit du temps écoulé et du faible nombre de survivants.

jeudi 3 juillet

Albert Koski. Ce nom dira certainement quelque chose à ceux et à celles qui se rendirent Porte de Pantin pour assister à des shows enflammés dans cette salle improbable, pleine de poutrelles métalliques et de distorsions acoustiques, qu'on appelait "les Abattoirs". Le fameux Koski, dont le nom ornait les billets que nous conservions précieusement, apparaît à un moment de l'enquête sur les égéries sixties. Il n'a d'ailleurs rien de particulier à dire sur la "bande des filles", à part que Pallenberg était si belle qu'elle provoquait des "séismes dans la rue". C'est aussi le seul parmi tous ceux qui ont fréquenté Nico à trouver qu'elle était "pas bête du tout", mais passons. Non, le truc marrant, ce sont les souvenirs qui ont surgi à l'évocation de ce nom.

vendredi 4 juillet

Vers la fin du livre, il y a une tentative de définition du rock : trois accords, quatre strophes la plupart du temps assez plates, le tout dégageant "un je-ne-sais-quoi de vivifiant." Peu après vient une citation de l'écrivain espagnol Antonio Munoz Molina qui essaie d'expliquer la fascination exercée depuis la nuit des temps par la musique populaire. "Les chansons ne parlent pas de celui qui les a composées, ni même de celui qui les joue, mais bien de celui qui les écoute, de celui qui s'est reconnu en l'une d'elles dès qu'il l'a identifiée et s'est senti compris et expliqué par la forme pure de sa mélodie, par ses paroles qui lui appartiennent, même quand il ne les a comprises qu'en partie." Je n'ai pas l'impression que ce soit un truc de filles. Je crois plutôt qu'il s'agit d'un sentiment universel.

samedi 5 juillet

Les sixties sont-elles aussi un truc de fille ? C'est en tout cas la thèse développée par Fabrice Gaignault à la fin du livre. Après un bel hommage à sa mère, qui prit la vague de plein fouet, l'auteur conclut en déclarant que "les filles étaient les sixties" - ce qui me semble un peu excessif. Elles auraient joué, dans l'ombre, le rôle de muses. Ce n'est pas totalement faux (il est indéniable que l'influence d'Anita sur Keith est déterminante à partir de 68). Mais cela ne veut pas dire que c'était un trip de gonzesses. Il fallait même, semble-t-il; être sacrément solide pour survivre à toute cette folie.

dimanche 6 juillet

lundi 7 juillet

White Bicycles constitue à coup sûr un bon choix comme livre de plage (ou de chambre au frais). Joe Boyd est un producteur qui a roulé sa bosse dans le monde du showbiz rock depuis son plus jeune âge. Il a trouvé sa vocation, jeune étudiant au début des sixties, en faisant tourner en Angleterre des vieux bluesmen. Il a ensuite été amené à traverser différents milieux, avec comme base de départ le monde du blues et du folk. Mais par-dessus tout, Joe Boyd est un formidable conteur, plein d'humour british, respectueux des musiciens et de leur art, qui sait faire revivre les grands moments de sa carrière. Il était à Newport en 65 et son témoignage est important. On apprend qu'avant le passage de Dylan, il y avait eu un groupe folk appelé les Texas Prisonners. Pendant leur set, ils cognaient en rythme à l'aide de haches sur un énorme tronc qu'on avait fait monter sur la scène à cet usage. Quand Bobby commença à jouer avec son band improvisé, Lomax et Seeger (représentants du clan traditionaliste) exigèrent qu'on baisse le son. Mais la légende selon laquelle Pete Seeger aurait essayé de sectionner les câbles électriques qui alimentaient le vacarme révisionniste est fausse. Joe Boyd pense qu'elle est née par association d'idée, à cause des coups de hache des Texas Prisonners.

mardi 8 juillet

Je ne sais plus qui a dit que les dieux grecs n'étaient pas partis, c'est nous qui ne savons plus les voir. Les dieux autoritaires et machos des religions monothéistes me gonflent - un peu trop sanguinaires pour mon goût. Par contre, je suis toujours disponible pour toutes sortes de croyances bizarres, exotiques, ésotériques, chimériques, psychédéliques, à condition qu'elles fassent rêver un moment. Il faut dire que nous en avons besoin. Mais comment feraient Novalis, Hölderlin, Schiller et les autres, pour tenir le coup aujourd'hui ?

mercredi 9 juillet

C'est fou les progrès en Anglais qu'on peut faire rien qu'en lisant des trucs sur Internet. En english, il y a ce blog très bien qui parle d'écrivains que la culture médiatique ne met pas particulièrement en avant, des gens comme Marcel Schwob, René Crevel, Henri Michaux ou René Daumal.

Un petit tour dans la cuisine de Robert Johnson ? Perso, j'ai accepté l'invitation.

jeudi 10 juillet

Découverte de Heinrich Kley, formidable dessinateur que Bill Terebenthine ne connaissait pas (thanks again, RC). Retrouvé quelques vieilles cassettes audio sur lesquelles j'avais enregistré, il y a fort longtemps, des disques de jazz que j'empruntais dans la bibliothèque d'une petite ville de province pleine de notables chabroliens et de crachin glacial. Piano (Monk, Bill Evans), jazz cool : parfait pour les longues soirée d'été. Dans les moments où la musique se calme, on peut entrendre le vinyle qui gratouille légèrement en arrière plan. C'est un bruit très apaisant. Il faut avoir l'esprit au repos, loin des vaines guerres de territoire du monde du travail, pour pouvoir apprécier ce genre de plaisir raffiné.

vendredi 11 juillet

Je laisse décanter lentement différentes expériences récentes. Je suis en train de découvrir plein de choses. Tout un aspect de la réalité, ni plus ni moins - et pas du tout négligeable. Il suffisait d'accepter de voir comment les choses se passent effectivement dans le monde des zombies, à quel niveau ils se situent et quelle est leur logique. Grâce à un éclaircissement de divers recoins dissimulés (et pas très ragoûtants), je peux désormais entrer dans la pensée de l'adversaire. Ce point est crucial si l'on en croit les vieux traités de stratégie.

samedi 12 juillet

Je me souviens qu'on en avait fait des tonnes sur les économies d'énergie lors du "premier choc pétrolier" - avec déjà ce ton paternaliste qui commençait alors à être testé dans les officines de communication gouvernementale. D'après certains experts, ce n'était rien comparé à ce qui se profile à l'horizon. Mais cette fois-ci, les pouvoirs ont décidé de la jouer "circulez, il n'y a pas de crise mondiale de la société spectaculaire marchande".

dimanche 13 juillet

"L'humeur matinale est belliqueuse, l'humeur de midi indolente, l'humeur vespérale nostalgique." Sun Tzu

lundi 14 juillet

L'un des avantages, lorsqu'on ne part pas de chez soi pendant l'été, c'est qu'on ne se soucie pas de la météo. Ciel gris, vent, averses, sont même bienvenus lorsqu'ils nous aident à attaquer quelques tâches d'intérieur repoussées pendant tout l'hiver - du genre rangement de la montagne de paperasse accumulée dans le bureau du basement. En écoute : the Black Angels. Au début, je les trouvais trop heavy et limités sur le plan instrumental; mais à la longue, j'ai fini par apprécier ce décollage imminent qui ne vient jamais. Un message pour le Bureau du Contrôle Général : tout l'été, à 18h30, quand j'y penserai, je serai devant ma télé pour Top of the pops spécial 70's (sur Arte). Je ne peux pas dire avec précision ce que je ferai à d'autres moments de la journée.

mardi 15 juillet

La couverture du livre de socio rigolo sur les blousons noirs provient de Deadlicious, un blog épatant où l'on peut trouver des photos vintage de Raspoutine, des flyers de Pierre La Police, des photographies d'Alain Dister, des couvertures d'Aslan, des comics avec des monstres maladroitement dessinés, bref, rien que des images de bon goût qui satisferont les esthètes les plus exigeants. Un peu de lecture stylée ? Je voulais justement signaler la publication en ligne, chez Silo, d'un recueil d'aphorismes signé Les Coleman (traduction Lucien Suel). J'aime beaucoup celui-ci : "La tranquillité des pierres est parfois tellement provocante qu’elle amène les gens à les lancer."

mercredi 16 juillet

Revu Pat Garrett et Billy the Kid. C'est le genre de film qu'on peut voir différemment à chaque fois, en fonction de son expérience, etc. Précédemment, je n'avais pas bien compris l'intérêt de l'affrontement entre les deux anciens amis. A la fin du film, au moment où Pat Garrett tue Billy, il y a un plan sur un miroir éclaté par un impact de balle. Et là, on sait pourquoi c'était si difficile pour Garrett de descendre le Kid. Ce que la société exige, en échange d'un confort paisible, ce n'est pas seulement la trahison de son ancien ami. Il s'agit pour Pat Garrett de tuer une part de lui-même.

jeudi 17 juillet

More news from nowhere : Jacques Séguela a été élevé au rang d’officier de la Légion d’honneur, la plus haute décoration honorifique française; le nouveau taille-haie électrique du GFIV a été inauguré avec des résultats "plus que satisfaisants" (Joe le Gloseur).

vendredi 18 juillet

The Animals - Sweet Little Sixteen, Bob Dylan - George Jackson, Roy Orbisson - Mean Woman Blues, The Rolling Stones - You Can Make It If You Try, Bob Marley - Bend Down Low, The Clash - City Of The Dead, The Pretenders - The Wait, Johnny Cash and June Carter - Brand New Dance, Chuck Berry - One For My Baby, Tony Joe White - If I Ever Saw A Good Thing, The Chocolate Watchband - Since You Broke My Heart, Bijou - La Fille Du Père Noël, 13th Floor Elevators - Banyard Blues, Jesse Sykes - Made Of Wood, The Temptations - He Who Picks The Rose, The Remains - Mercy Mercy, Carl Perkins - Forever Yours, The Byrds - Gunga Din, The Kooks - Brooklyn, Robert Johnson - Crossroad Blues, Mississippi Fred McDowell - I Got A Woman, The Sonics - Cinderella, Françoise Hardy - Sunshine, Nick Cave and The Bad Seeds - Lie Down Here (And Be My Girl), The Brian Jonestown Massacre - This Is Why You Love Me. Je note les chansons qui sortent du méga-jukebox. Il y aurait probablement des choses plus intérressantes ou utiles à faire, mais ça me va comme ça.

samedi 19 juillet

Des journées paisibles s'écoulant lentement, sans heurts ni précipitation, voilà tout ce qu'il me faut pour l'instant. J'ai du temps pour regarder les vidéos engrangées pendant l'hiver. Comme ce docu sur le Punk à Londres et New York (série Seven Ages Of Rock). Quelques bonnes images de concerts (Ramones, Patti Smith, Television, Clash, Pistols...) et l'occasion de retrouver quelques anciens angry young men de ma génération.

dimanche 20 juillet

" Jamais je ne me réfèrerai à tel ou tel jour précis, mais à la totalité des jours." Walt Whitman

next

Index-1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13

 

__________GFIV.net____________