lundi 1 septembre

L'autre soir, vu Métropolis consacré à Pierre-André Boutang. On découvrait un type bien et des archives rares, comme cet entretien avec Pierre Michon qui parlait de sa mère emportant son exemplaire des Vies minuscules pour son dernier voyage à l'hôpital. Il y avait aussi un extrait d'interview de Jean-Luc Godard qui disait qu'il était normal d'en baver, que c'était comme ça "sur terre". C'est probablement vrai. On ne peut pas rester perpétuellement dans un décor agréable à développer une activité satisfaisante pour soi-même. Je veux dire, les autres se galèrent également pour que nous ayons l'eau courante, des routes, des programmes télé et des portables. Enfin bref, je retourne bosser aujourd'hui...

mardi 2 septembre

"Non, le travail ce n'est pas la liberté", nouvelle saison. Croisé quelques connards qui me donnent envie de disposer d'un super pouvoir, un simple petit rayon qui me permettrait de les pulvériser sur place (je m'entraîne). A part ça R.A.S., la routine.

mercredi 3 septembre

" Dans l'Amazonie, se poursuivaient des parlements d'oiseaux, des lévitations insensées dans la grâce et la gloire complices. " Vincent Bounoure

Surréalisme, not dead ! Oublions momentanément les cons, leur monde étroit, laid et mesquin. En fouillant bien, on peut toujours trouver de la beauté libre et de l'intelligence magique, comme avec ce texte superbe déniché par notre librairie virtuelle favorite : Au carrefour étrange.

jeudi 4 septembre

Encore des réveils au petit matin, des ciels couverts, des bourrasque; encore des stratégies pour éviter les discussions sur les ciels couverts et les bourrasques. Et le soir, toujours plus de plaisir avec le Harold Land Sextet (Wes Montgomery on guitar, Joe Gordon on trumpet, and as the album jacket says, "the all-soul rhythm section" of Barry Harris on piano, Sam Jones on bass and Louis Hayes on drums). Je me demande si Edvige s'intéressera au GFIV, un honneur qui ne se refuse pas.

vendredi 5 septembre

Il y a toujours des moments où j'ai envie de taper du pied en écoutant à fond Walking The Dog par les Sonics et j'espère bien que cela ne me passera pas. Je n'ai jamais adhéré à cette conception ringarde qui voudrait hiérarchiser les productions artistiques en fonction de leur prétendue complexité ou de leur plus ou moins grande immédiateté d'accès. Le fait est là : indépendament de ma volonté et sans que je sache pourquoi, ma période Jazz continue et s'intensifie.

samedi 6 septembre

De la rentrée littéraire, je ne retiendrai cette année qu'un roman : le dernier Pynchon, 1206 pages dans lesquelles j'ai hâte de plonger.

dimanche 7 septembre

lundi 8 septembre

Formidable série de Pierre La Police sur Deadlicious, un blog de bon goût où on ne trouve que des jolies choses un peu bizarres comme on les aime. Fait un rêve polaire avec le basement coupé du monde et de la neige partout. S'il y en a que cela intéresse, I feel exactly like this :

 

You say your summer has gone
Now the winter is crawlin' in
They say that even in your day
Somehow you never could quite fit in
Though it's cold outside
I know the summer's gonna come again
Because you know what they say
Every dog has his day

mardi 9 septembre

C'est la pochette de la semaine. Elle est signée George Hansen, un dessinateur qui perpétue avec un certain génie le style underground qui fit la gloire de Zap Comix et de quelques autres.

La compilation qui passe en boucle au basement en ce début septembre a une pochette beaucoup plus sobre. Je la trouve assez belle cependant - dans le style minimaliste. J'apprécie particulièrement le scotch dans les coins. Quant à la musique de Lazy Lester, Slim Harpo & Co, elle me fait un bien fou.

J'avais fini par m'habituer doucement à l'argument martelé dans les médias selon lequel le fichier de renseignements Edvige n'était "pas pire" que celui déjà constitué par les RG. Jusqu'à ce que Brice Hortefeux (la fausse blonde) déclare qu'il n'y avait "pas de quoi s'inquiéter". A mon humble avis, cela signifie qu'il y a de sérieuses raisons d'avoir les jetons à propos d'Edvige...

mercredi 10 septembre

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On me fait signe en régie. Take it easy, Jane. Ton Journal, ce n'est pas le Monde Diplo. Les lecteurs ne viennent pas ici pour se prendre le poids de l'époque ajouté aux mesquinerie du quotidien. Ok, ok. Je vous propose un petit voyage spatio-temporel tout ce qu'il y a de léger dans un monde où les jeunes femmes sont sexy, les photographes talentueux, la lumière magique. Choisissez une ambiance musicale millésimée sixties, à la limite early seventies; installez-vous confortablement : vous pouvez envoyer le diaporama enchanté . Si vous en voulez encore, il y a tout ce qu'il faut dans les archives de ce Flickr très recommandable. Pendant ce temps, chez Amazon, on prépare probablement mon colis pour me faire parvenir rapidement le Pynchon, à propos duquel je lis ceci :"Les critiques américaines ont semblé décontenancées par la longueur de l’ouvrage, la profusion de ses intrigues et le manque d’incarnation des personnages. En somme, rien de nouveau, puisque les mêmes arguments étaient servis dès 1963 à la parution de V. Mais il faut reconnaître que Pynchon a considérablement épaissi sa matière. Les dérives narratives se multiplient, les exégèses déconcertantes foisonnent sur tel point obscur de chimie ou de mathématiques, et il est parfois difficile de se retrouver dans le ballet de personnages qui parcourent ce magmas bouillant d’intrigues. " Je redouble d'impatience quand j'entends parler de "territoire traversé d’espions occupés par des conspirations qui ne mèneront nulle part, aux décors habillés de lumière, et hantés par des corps électrisés de désirs qui s’assouvissent dans des pratiques sexuelles toujours plus singulières." (source)

jeudi 11 septembre

Le texte est de nous. L'image est tirée de Teenagers from Outa Space, une série B poussive avec "quelques beaux plans de voitures filant sur des routes désertes et inquiétantes" (dixit Bill ). A propos de films, je trouve ce clip très cinématographique et assez réussi. Coup de pub pour Amazon, certes, mais réalisé avec classe.On voit à peine Dylan. Le vieux Stanton joue un archiviste partant à la recherche d'inédits pour les "Bootleg Series" (le huitième doit sortir en octobre). Le morceau a été enregistré lors des sessions Time Out Of Mind avec Lanois. Il est très bien.

vendredi 12 septembre

Les choses réellement vitales, celles qui laissent une empreinte profonde dans notre esprit et par rapport auxquelles nous mesurons notre chance ou notre malheur, existent par moment si faiblement qu'il nous arrive d'en douter ou de les oublier en arrière-plan. Inversement, les préoccupations quotidiennes (mini-drames, trahisons de bureau, petits bonheurs dérisoires), qui semblent soudain occuper tout l'espace, s'évanouiront sans laisser aucune trace.

samedi 13 septembre

Hier, retour fatiguée mais d'excellente humeur. J'allume le méga-jukebox et visite quelques blogs. Un lien sur 15 minutes m'amène sur un texte consacré à Roger Nimier - un écrivain que je n'ai pas encore lu précisément à cause des amalgames dénoncés ici. Je découvre par la même occasion une revue littéraire de qualité où l'on peut lire un bel hommage à Raoul Vaneigem. Rappel à propos du fichier "EDVIGE" : selon la formule consacrée, les générations futures nous reprocherons d'avoir laissé faire.

dimanche 14 septembre

 

lundi 15 septembre

Envie de sortir avec un t-shirt "Fuck le pape" ou un badge "Ni dieu ni maître" ? Ne cédez pas à cette tentation, ils n'attendent que ça pour vous faire entrer dans le Grand Fichier. Si vous voulez conserver une chance de survie sociale dans les années à venir, je vous conseille plutôt le ruban jaune "Appuyons nos troupes", fashion et patriotique. Une bonne nouvelle : Raphaël Sorin is back et en pleine forme. Son billet sur l'art de l'incipit et du marketing littéraire est un régal. Les commentaires semblent révéler que les lecteurs de Libération ne comprennent rien à son humour.

mardi 16 septembre

Ici , une expo de planches et d'illustrations de Charles Burns (jusqu'au 12 octobre).

Dans nos sociétés post-libéralo-je-sais-pas-trop-quoi, il y a deux sortes d'artistes : les subventionnés (par la famille, par l'Etat, le showbiz ou la mafia, peu importe) et ceux qui se débrouillent pour assurer leur survie sans renoncer à la jouissance d'une activité artistique authentique - et donc dévoreuse de temps et d'énergie. Le pouvoir central distribue diplômes officiels et médailles institutionnelles aux premiers, qui veillent à ne pas mordre la main qui les nourrit. Elle neutralise les seconds, dont la création est incontrôlable, en les maintenant dans une zone obscure, hors-champs de la culture légitime. Cette situation a légèrement évolué avec le développement d'Internet, mais à peine.

Vu La Fièvre dans le sang de Kazan. Suberbe film, comme son titre original : Splendor in the grass.

Dernière minute : la chute de l'économie spectaculaire-marchande aurait-elle commencé ? Même la Castafiore (Lagarde) a l'air de paniquer.

mercredi 17 septembre

Il n'y a pas si longtemps, lorsque des teenagers me demandaient ce que j'écoutais et que je répondais "du rock", il me regardaient hagards, sans comprendre, ou alors avec une pointe de pitié, l'air de penser "pauvre vioque à la ramasse". Maintenant, même s'ils ne voient pas clairement de quoi il s'agit ni ce que j'écoute, il prennent un air entendu et appréciateur. C'est que le rock est devenu très tendance. "Ma fille joue de la batterie dans un groupe et ils ont un MySpace, c'est formidable !" Toute cette approbation, pour les vieux rockers du GFIV, c'est un peu déconcertant. Nous commençons à regretter sérieusement l'époque où on nous regardait comme les derniers des dinosaures, des ringards qui n'avaient pas su évoluer avec leur époque. (Image : une vitrine au magasin Le Printemps sur le thème Rock Fashion)

jeudi 18 septembre

Je tiens Teenage Depression pour l'un des plus grands disques de l'histoire du rock. Ce n'est pas seulement pour essayer de faire un incipit accrocheur (voir le lundi 15 septembre). Tout est parfait dans le premier album d'Eddie & the Hot Rods : le nom du groupe, la pochette (l'originale, en noir et blanc), le jeu de guitare sec et nerveux à la Wilko Johnson et les vocaux puissants (mais moins gras que chez Feelgood). Chaque titre est traité comme un single potentiel : il va à l'essentiel et sans détour. L'infamante étiquette "Pub Rock", avec ses soupçons de musique lourde pour buveurs bière, ne rend pas justice à ce groupe. Tout comme ce cliché stupide qui en fait un "précurseur du punk" alors qu'ils n'ont absolument rien à voir avec eux (même chose pour les New York Dolls, d'ailleurs). Les Hots Rods n'étaient pas des poseurs récitant des slogans nihilistes vaguement imités de Dada. Par contre, ils connaissaient leurs racines noires sur le bout des doigts - le blues et le Rn'B -, et ils les actualisaient avec respect et talent. Manque de bol, le disque est sorti en 76. A ce moment-là, avec leurs futals de ploucs et leurs coupes de cheveux, ils avaient un sérieux problème de look. Un an plus tard, ils furent balayés par la vague.

vendredi 19 septembre

J'ai l'impression d'avoir passé le plus dur. On pourrait comparer ces deux ou trois premières semaine à une sorte de rite de passage, un rituel collectif visant à restaurer les croyances qui fondent la réalité interrompue par les vacances. Il est toujours impressionnant de constater qu'après quelques tâtonnements, les choses repartent au quart de tour, chacun retrouvant son rôle et sa place dans le show en cours.

samedi 20 septembre

Il faut que je sois bien claire pour Edvige. Je ne suis en aucune manière "amateur de Jazz", vous pouvez rayer la mention . J'en écoute, oui, mais seulement quand je n'ai pas envie d'écouter du rock. Cela m'arrive assez rarement et c'est tant mieux. Ce sont des moments où je suis plutôt down (mais pas d'une manière désagréable). Comme je ne veux pas entretenir une excitation artificielle par la musique, dans ces moments-là, j'arrête le rock et je passe au Jazz. Ces périodes ne durent jamais très longtemps. Par exemple là, je viens de rechuter dans le binaire.

dimanche 21 septembre

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