lundi 12 juillet

Bon, allez. Moi, je reviens. Je commence à y voir un peu plus clair dans la rédaction de mon mémoire et j'ai assez de notes pour écrire sur mon sujet pendant dix ans. Bien entendu, cela ne va pas se faire tout seul. Mais lorsqu'on sent qu'on tient vraiment ce que l'on voulait dire, les choses sont moins laborieuses. Il faut juste rester bien concentré, faire ce qu'il faut faire au bon moment. Un peu comme dans les arts martiaux, j'imagine.

mardi 13 juillet

Rectification. Ne pas oublier le facteur temps - tellement facile de le laisser filer en se promenant sur le web ou ailleurs.

mercredi 14 juillet

Les vacances ? Le mot ne signifie pas grand chose pour moi (son contraire non plus, d'ailleurs). J'ai laissé tomber progressivement ce genre de rythme binaire après m'être longtemps donné du mal pour essayer de m'adapter au rituel social. Par contre, j'ai quelques bons souvenirs sablonneux. Sentiment agréable de s'ennuyer à plusieurs et à l'unisson, à la plage, à la terrasse d'un café ou dans un quelconque spectacle estival.

jeudi 15 juillet

Je me lance sans rien (mais alors rien) à dire. Je suis dans les vapes, de vagues lambeaux oniriques en décomposition flottent en suspension dans les airs. Et je ne crois pas que je pourrai aller beaucoup plus loin pour aujourd'hui. A la douche !

vendredi 16 juillet

Le bouquin sur Dylan qui vient de sortir a l'air très bien. Mais je ne l'ai pas acheté parce que je connais déjà tout ce qu'il y a dedans. Il y a bien quelques faits ignorés qui doivent être ici révélés, mais pour l'essentiel, j'ai tellement fréquenté ses chansons que je n'ai plus rien à découvrir. Il faut savoir aller vers du nouveau.

samedi 17 juillet

Vu un documentaire déprimant (montage de documents et d'interviews comme on en passe sur Arte). Cela s'appelle "Sex n' pop". C'était assez triste. Tout ce monde a vieilli (normal). A part quelques souvenirs de baise et d'acide, il ne leur reste plus rien de cette époque. Eric Burdon est encore en vie, si ce n'est en pleine forme. A un moment, un ancien membre des Fugs (groupe d'agitateurs de la scène sixties américaine) a un éclair de lucidité : "Nous étions trop superficiels. Il aurait fallu s'intéresser aux structures." Et oui, man.

dimanche 18 juillet

Le sceptique tolère le fanatique, il s'intéresse même parfois à sa variété de croyance, essaie de comprendre comment on peut penser avoir un accès privilégié à la "vérité". Pour le fanatique, le sceptique représente juste un danger à éliminer.

lundi 19 juillet

C'est bon, les gars. Vous pouvez tout arrêter. Le concert de Lou Reed, John Cale et Nico au Bataclan (1972) vient d'arriver au basement.

mardi 20 juillet

Le dressage social hygiéniste commence à légèrement vous peser ? Allez donc voir la vidéo-interview de Francis Bacon diffusée au sous-sol du musée Maillol. Regardez le, complètement déchiré, un verre à la main, tirant sur ses clopes, lorsqu'il parle de la beauté de Velasquez. Oubliez tous ceux qui courent ou font du vélo en espérant prolonger le plus longtemps possible leur vie de zombie et qui finiront en légumes, lobotomisés par le conformisme et la trouille. Bacon a vécu jusqu'à 82 ans, sans jogging, et en continuant jusqu'à la fin à peindre des chef-d 'oeuvres du niveau de ceux que l'on peut voir dans cette exposition.

mercredi 21 juillet

Le point faible du libéralisme ? A force de fabriquer des pauvres, on commence à manquer de clients. Les middle class voudraient bien se faire plumer encore un peu plus, mais ils sont surrendettés. Et maintenant, les cassos font de la résistance. D'après une enquête, même si l'on donne une aide à une loque en fin de droit terrée dans son HLM pour qu'il aille s'aérer avec les autres, il ne l'utilise même pas. Sabotage ?

jeudi 22 juillet

Take it easy. Tout peut vous mettre les nerfs en pelote si vous vous mettez à voir les choses sous l'angle de la mauvaise foi (comme par exemple le fait de ne jamais mentionner ce qui ne va pas dans le sens de la croyance ou de laisser circuler des vieux clichés dépassés depuis une éternité). Mais où est le problème ? Toute société a son système de croyance et s'aveugle vis-à-vis de ce qui ne la conforte pas. C'est normal. Va prendre une douche et tu reviendras quand tu seras calmée.

vendredi 23 juillet

L'agenda fait un assez gros carton (comparé à la fréquentation ultra-confidentielle du GFIV). J'en parle pour le cas où vous feriez partie de ces lecteurs qui viennent lire le journal et rien d'autre. Cut up will never die.

samedi 24 juillet

La conception que se font les scientifiques de la pensée est exactement à l'image de la façon dont il utilisent leur propre cerveau, comme des conducteurs qui ne quittent pas l'itinéraire prévu sur la carte parce qu'ils ont peur de se perdre dans des territoires inconnus. Résultat : ils tournent en rond sur une piste de circuit 24.

dimanche 25 juillet

L'art, la philosophie, sont sans conséquences (ce sont les histoires de survie matérielle et de pouvoir qui sont graves). Le sens commun, réductionniste voire franchement poujadiste, n'a donc pas tort : tout cela n'a aucune importance. Mais il rate peut-être quelque chose en croyant que ses idées à lui ont de l'importance.

lundi 26 juillet

La base secrète du GFIV est située dans une île. Pas une vraie avec de l'eau tout autour, mais presque. Le fait que l'on ne puisse pas voir une seule habitation humaine à l'horizon donne cette impression. Lorsque vous en sortez après quelques jours pour aller faire des courses au village à côté, c'est exotique. J'aime bien ce type de dépaysement soft, de voyage immobile, même si ça ne fait pas tourner l'industrie du tourisme.

mardi 27 juillet

Je pense que les capacités cognitives sont, dans l'ensemble, largement sous-évaluées et donc sous-employées. On peut observer ce fait dans les interactions avec toutes sortes de personnes dont les compétences n'ont jamais été repérées. Certains savoirs n'ont pas vraiment de nom, beaucoup n'existent pas officiellement. L'éducation joue un rôle important dans cette entreprise de canalisation et de réduction des capacités des individus. Mais il n'y a pas d'intentionalité derrière ce phénomène de contrôle collectif de la pensée. Il s'agit plutôt d'un réflexe. La tendance naturelle, c'est d'empêcher ce qui vous entoure de vous dépasser, par réflexe de survie.

mercredi 28 juillet

Vu des spots de pub hier soir (oui, je sais, pas très original; mais je veux dire en les regardant avec attention). On peut les classer en deux catégories : ceux qui vantent les délices de diverses gourmandises, et ceux qui proposent de limiter ou réparer les dégâts occasionnés par les dites gourmandises. Une boucle implacable.

jeudi 29 juillet

Lorsque je tape la date, j'ai envie de dire "déjà". Je ne vois rien passer. Je vis hors du temps - de tout, en fait. Je passe mes journées à écrire et le simple fait de réunir mes idées et de les exposer clairement me demande un effort épuisant. Pendant les pauses, je lis des bouquins assez techniques de philosophie anglo-saxone. Je suis à fond dedans et il y a des moments d'euphorie (lorsque les pièces du puzzle se rejoignent). Mais parfois je me dis que c'est une bien curieuse façon de passer les vacances. En même temps, je ne changerais pas ma situation pour une chaise longue au bord d'une piscine (je ne parle même pas d'une serviette humide sur un coin de sable).

vendredi 30 juillet

J'attends que le soleil atteigne la terrasse pour aller m'y installer avec un livre. Un peu de glande, today (parce qu'il ne faut pas forcer la machine).

samedi 31 juillet

J'ai un point faible : je n'arrive pas à mentir. Hier, je n'ai pas glandé. J'ai un peu travaillé à des corrections, mais en fait, j'attendais surtout la résolution d'un problème important qui m'arrêtait depuis quelques jours. La pensée progresse à deux niveaux. En surface, elle semble procéder par bonds. La basse continue, qui est la pensée elle-même, nous est inaccessible et nous sommes condamnés à attendre qu'elle veuille bien se manifester sous forme de mots (le plus souvent au réveil, parfois dans la rêverie). Et cette attente, même dans une chaise longue, c'est du travail.

dimanche 1 août

Ouf, ça va mieux. Je sors d'une CDR-WC (Crise De Rage Without Cause). Ce matin, je suis d'une coolitude à toute épreuve. Je me dis qu'il faut utiliser toute cette énergie de manière positive - en lançant des bombes symboliques, d'une manière socialement acceptable.

 

next>>

Index- 1-2-3-4-5-6-7-8 -9-10-11-12-13