lundi 31 janvier

Je ne sais pas pourquoi, ces couleurs me font penser à Chet Baker et, plus particulièrement à la pochette d'un disque de ses débuts qui s'avère être le premier que j'ai entendu de lui et qui est resté mon favori.

mardi 1 février

C'est la descente. Je flotte au milieu des idées communes, je suis sans opinion, je dérive à la surface du marais. Un peu nauséeux, certes, mais non sans intérêt. Qui n'a pas goûté à ce néant ne peut apprécier pleinement la solitude.

mercredi 2 février

La droite a raison : des gens qui commencent à penser autrement que selon la logique de l'accumulation, et ce au nom d'une quête individuelle qui n'a même pas vraiment de nom, constituent un danger majeur pour l'économie. C'est pourquoi il importe de relancer cette vieille idée sixties un peu usée par les désastres écologiques : le bonheur est dans la consommation insouciante de gadgets sans utilité.

jeudi 3 février

Ici, je peux me laisser aller au sarcasme. A l'extérieur, impossible. C'est la dictature du "positif" : les manifestations de négativité sont pourchassées et les démoralisateurs impitoyablement marginalisés.

vendredi 4 février

Beck is back. J'ai besoin d'énergie (en real audio) pour le dernier jour avant les vacances. Please !

samedi 5 février

J'admire sincèrement ceux qui réussissent à raconter leurs journées : j'ai pris mon café, j'ai fais pipi, je me suis lavé les dents, machine m'a téléphoné, etc... A ce rythme, il me faudrait deux cent pages pour rendre compte de la journée d'hier, assez bien remplie. Mais quel est l'intérêt ? J'aime bien vivre les choses une fois, mais la répétition c'est l'horreur. Rien que de m'imaginer en train de raconter des épisodes de cette foutue journée, j'ai envie de vomir.

dimanche 6 février

On me reprochait, hier, dans une discussion, mon absence d'analyse "politique". C'est vrai. Je ne m'en vante pas, mais tout cela m'indiffère de plus en plus. Comme me disait mon interlocuteur, c'est un luxe de privilégié, une manifestation d'indifférence envers les plus démunis, etc... Oui. Je m'occupe de ce qui se trouve à mon contact, sur quoi je peux exercer une action - aussi minime soit-elle. Le reste, je le laisse à ceux qui y croient.

lundi 7 février

Il faut faire vite. Un train à prendre. Virée à Paris. Des détails demain. Good luck !

Faux départ un peu stressant. File d'attente au guichet. Je décide d'utiliser pour la première fois la machine. J'entame le dialogue avec l'écran. A un moment, la machine m'annonce que j'ai une minute pour introduire ma carte bleue. Bip-bip-bip. Je sors mon portefeuille. Pas de carte. Retour au basement. C'était Bill qui l'avait. Donc, tout finit bien et je peux prendre le prochain train (10h28). Vous voyez que je peux aussi raconter les petites choses de la vie.

mardi 8 février

Click and see

Trouvé : Up-Tight, de Victor Bockris et Gerard Malanga, un livre épais, bourré de photos et de témoignages, qui devrait combler le GFIV Band et tous les fanatiques de la Factory, de Warhol et du Velvet Underground.

mercredi 9 février

Ma blogueuse préférée annonce qu'elle arrête. Je ne voudrais pas la jouer "je l'avais bien dit", mais bon. Je me souviens avoir écrit un truc où je m'interrogeais sur la durabilité des blogs et sur leur rapport avec ce qu'on appelait autrefois le "journal de jeune fille". You see what I mean ? (C'est d'ailleurs pourquoi ce journal n'a strictement RIEN A VOIR avec un blog.)

jeudi 10 février

L'ordinateur est un gros mangeur de temps. Puisque vous êtes en train de me lire, vous n'êtes pas en train de perdre totalement le votre. Mais combien de temps gaspillé ? Attendre que les pages s'ouvrent, se ferment, constater que leur contenu est décevant, chercher encore.

vendredi 11 février

Putain, ça va mal ! Non seulement les glaciers fondent et la Corée du Nord a la bombe, mais le chiffre du jour c'est l'augmentation spectaculaire (84%) des violences GRATUITES commises par des mineurs. Remarquez, dans mon village, tout a l'air calme. Le basement est situé sur une hauteur et il faudrait que le Pôle Nord fonde pour que le parquet soit touché. Enfin, je ne vois pas pourquoi on balancerait une bombe atomique sur une zone aussi peu statégique. Donc, tout va bien.

samedi 12 février

La rigueur scientifique m'oblige à publier ce rectificatif :

Chère Jane,
le basement serait situé au bord de la mer, que ton plancher n'aurait rien à craindre de la fonte des glaces du pôle nord. C'est certes bien embêtant pour les ours blancs, mais pour que le niveau de la mer monte suite à la fonte de glaces, il faut que celles-ci soit continentales. (antarctique, glaciers, ...) Cette erreur, hélas trop répandue, n'a pas sa place dans un journal de qualité comme le vôtre.
Bien amicalement, salut ! jlb*
*un lecteur fidèle

dimanche 13 février

Toute entreprise me semble compliquée, difficile, fastidieuse, sauf tenir ce journal. Pourquoi est-ce que tout le reste n'est pas comme ça ?

lundi 14 février

J'ai peur de m'ennuyer si j'arrêtais complètement de fumer (les années sont longues sans une seule clope à l'horizon). Toutes les fois où j'ai arrêté, j'ai toujours fini par reprendre parce que je ne supportais pas l'enfermement dans une identité "non fumeur". Je veux, selon les moments, pouvoir être soit l'un soit l'autre.

mardi 15 février

Si vous aimez les Cramps, les EC comics, les vieux enregistrements de chez Sun Records, les affiches de films de série Z et, surtout, les héros oubliés du rock n' roll, alors vous allez AIMER ce site.

mercredi 16 février

L'école est très bien comme elle est. Qui a dit qu'il fallait la changer ? Vous croyez peut-être qu'elle est faite pour être performante, avec des profs efficaces et glamours ? Non, laissez l'école telle qu'elle était lorsque j'étais élève : assez ringarde, plutôt larguée, mais avec un vieux fond républicain sympatoche (et sans aucun équivalent ailleurs dans la société). Songez, enfin, que l'école est notre dernier repère fixe, la seule chose à ne pas avoir bougé en trente ans.

jeude 17 février

Aussi loin que je me souvienne, le hasard m'a toujours fasciné. Presque tous mes jeux tournaient autour de ça. Et ça continue... Maintenant, je fais des photos au pif, je shoote à bout de bras, en bougeant, en tournant, etc. Après, je regarde le résultat. J'aime la surprise, la composition aléatoire, l'impression de ne plus savoir où la photo a été prise. Je vais utiliser certaines de ces images comme fonds pour le journal. J'espère que l'effet sera assez réussi.

vendredi 18 février

Le moment que je préfère, c'est lorsque les vacances tirent vers la fin et qu'on s'installe dans le présent de l'instant, comme si rien d'autre ne devait arriver. L'écoulement du temps peut être, sinon suspendu, du moins sérieusement ralenti. Ces moments, dans lesquels on s'est promené sans se presser, resteront les plus clairs dans la mémoire à long terme. Quand on pense à toutes les conneries dont il ne reste rien à peine achevées, c'est quand même important de préparer quelques beaux souvenirs de sensation pure, non ?

samedi 19 février

Au basement, nous recevons le Nouvel Obs. J'avoue : j'aime bien lire la chronique de Bernard Frank, qui me fait toujours penser à une discussion à voix basse, après un repas un peu lourd (fumée de cigares), en état de bienheureuse somnolence. J'ai de la sympathie pour ses défauts de vieux con, son auto-complaisance, parce qu'il place la littérature au dessus de tout - même de ses restos préférés.

dimanche 20 février

Un lecteur me fait parvenir ce portrait de Bernard Frank : "publia il y a 40 ans deux romans vifs et remarqués : "Géographie universelle" (excellent titre) et "Les Rats" qui séduisirent la critique et firent prédire à ses confrères et consoeurs un avenir pavé de succès. Le seul problème, mais de taille : Frank était un paresseux velléitaire (un peu comme Blondin) qu'il fallait enfermer pour qu'il beurrât quelques feuillets, et encore..." Et j'ai envie d'ajouter : c'est justement ce qui nous le rend plus proche - à la différence d'un Julien Gracq, pour prendre l'exemple absolu de l'écrivain ayant accompli son oeuvre, jusqu'à la Pléiade.

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