lundi 25 avril

Il m'arrive parfois d'occuper le terrain tout en sachant que je n'ai rien à dire. Ce n'est pas exactement la même chose que le silence.

mardi 26 avril

Premières sorties vers le monde extérieur. RAS. Tout a l'air paisible.

mercredi 27 avril

Dans certains moments intenses, les faits prennent une curieuse dimension, comme si un message symbolique affleurait dans les paroles, les objets, les décors, les ambiances. Exactement comme dans un film dont le metteur en scène aurait soigné le moindre détail.

jeudi 28 avril

Comment éviter qu'il y ait des dominants et des dominés ? La servitude volontaire est-elle inévitable ? Voilà le genre de question que je me pose en passant la tondeuse. Bien entendu, j'ai la solution. Mais je la garde pour moi.

vendredi 29 avril

Semaine assez minimaliste. Ce n'est pas qu'il ne se passe rien. Les choses m'arrivent pour de vrai, mais de loin.

samedi 30 avril

Pour la playlist du juke box, à l'expo Dyonisiac, je pense que Loose (Iggy and the Stooges) aurait eu sa place. C'est tout ce que j'avais à dire.

dimanche 1 mai

Ma vision du monde a été marquée à jamais par le feuilleton télé "Le Prisonnier". C'est assez récemment, en lisant une inteview de Patrick McGoohan, que j'ai découvert le scénario du dernier épisode de la série : le prisonnier parvient enfin à rencontrer le N°1. Il arrache un à un plusieurs masques jusqu'à ce que l'on découvre que le N°1 n'était autre que le N°6, le héros de la série. Vous voulez vraiment voir votre N°1 ?

lundi 2 mai

Les scientifiques semblent se pencher à nouveau sur la question du sommeil et du rêve. L'affaire semblait pourtant classée et le mystère éradiqué pour toujours, suite à l'enquête menée par le sorcier viennois (dixit Nabokov). Il n'en était rien, bien entendu. Mais rien n'empêche de lire, en cachette, les Romantiques allemands. Sur le monde du rêve, ils ont ouvert des voies bien plus belles (et donc plus crédibles) que celle, platement positiviste, du vieux Dr Freud.

mardi 3 mai

S'en tenir aux croyances collectives en vigueur. Il faut toujours se rendre, en apparence, au principe d'évidence adopté par le groupe. Certes, l'évolution repose sur les individus capables de s'écarter de la pensée de la masse pour innover. Mais le rôle de précurseur n'a jamais été enviable. Persécutions, éventuelle réhabilitation posthume : le programme n'est pas très attirant.

mercredi 4 mai

L'art de la conversation est une promenade dans un jardin à la française. Les jeux de langage constituent un monde clôt, une version plus habitable, où nous pouvons venir nous reposer un peu, prendre de la distance avec le défilé ininterrompu des situations. Mais dehors, à l'extérieur du jardin, c'est toujours la même jungle, absurde, chaotique, incompréhensible.

jeudi 5 mai

"C'est maintenant le besoin qui règne en maître et qui courbe l'humanité déchue sous son joug tyrannique. L'utilité est la grande idole de l'époque; elle demande que toutes les forces lui soient asservies et que tous les talents lui rendent hommage." Un bobo-alter en colère ? Friedrich von Schiller, en 1795.

vendredi 6 mai

Désenchanté, ce n'est même pas le mot (je ne sais pas si les forêts du Moyen Age étaient enchantées pour ceux qui s'y aventuraient). Non. C'est plus simple, plus terne. C'est juste un monde où l'on s'ennuie parce que les manifestations de la vie de l'esprit y sont plutôt rares. Résultat, beaucoup de temps perdu lorsqu'on quitte son nuage. Mais, comme dirait l'ex PDG de Carrefour : "Il faut bien vivre".

samedi 7 mai

En se laissant porter par les programmes télévisés en prime time, la presse people, les messages publicitaires, on atteind à une forme de suspension du jugement, un vide léthal que certains peuvent trouver enviable. Mais pour atteindre ce nirvana warholien, il faut y mettre du sien, s'imprégner de cette version du monde, et surtout y croire pour pouvoir traverser le miroir.

dimanche 8 mai

Formatage de l'ordi. On repart léger.

lundi 9 mai

Pour mesurer à quel point Dylan s'en sort plutôt bien, il suffit de comparer avec ceux qui rodaient dans le secteur à la même période. Beaucoup sont morts, d'autres sont en ruine. Il y a ceux qui tentent des retours honteux pour payer les traites et ceux qui mènent une vie de châtelain nouveau riche. Bobby, lui, vient de repartir en tournée après avoir sorti un bouquin qui fait l'unanimité. Et tout le monde trouve ça presque normal.

mardi 10 mai

Back to work. On a l'impression de perdre son temps mais, après tout, c'est le seul moment où l'on est un peu utile pour la société.

mercredi 11 mai

Après Le prisonnier et la servitude volontaire, Colombo et le concept de résignation. Tout le monde aime bien l'inspecteur Colombo, sa manière de faire l'idiot, d'écouter les alibis bidons en hochant la tête. Dans la série, les méchants se la racontent, il ont du pouvoir, des relations, le "bras long". Et ils sourient, rassurés, en voyant que l'inspecteur tombe dans le panneau. Nous agissons ainsi. Nous adhérons aux versions officielles sans chercher à creuser pour ne pas irriter ceux qui les fabriquent. Mais chez Colombo, il s'agit d'une feinte. Il mêne son enquête, fait des inférences, explore les zones d'ombre, les contradictions. Toutes choses que nous avons renoncé à faire, par confort, habitude, crainte d'irriter ceux qui ont le bras long (cochez la case correspondante).

jeudi 12 mai

Je suis amnésique pour ce qui concerne les disputes, les coups tordus, les vengeances. Avantage : cela libère de l'espace sur le disque dur. Désavantage : risque de décalage avec ceux qui reprennent le film en tenant compte de tous les épisodes précédents.

vendredi 13 mai

Il y en a qui y voient un signe de chance. Il y en a d'autres (comme Pasqua), qui sont obligés de constater que vendredi 13 rime avec galères.

samedi 14 mai

Le monde carbure à l'énergie négative. Et le piège, c'est que "ça marche". Nous nous traînons sur le mauvais versant, on the dark side, du mauvais côté du miroir. Il faudrait une gigantesque transformation de la conscience pour se réveiller de ce mauvais rêve.

dimanche 15 mai

Le virus est bête et méchant. Il est là pour détruire. Le spyware, lui, se comporte comme un commercial particulièrement fourbe et vicelard. Il s'incruste, balance de fausses informations, joue sur votre distraction. Mais on en parle moins parce que le spyware agit pour la bonne cause, celle du business mondial.

>> next

 

Index - 1-2-3-4-5-6-7-8-9-10-11-12-13