lundi 17 octobre

On célébrait l'autre jour sur France-Culture la sortie d'un coffret DVD contenant l'intégrale des fameux films "invisibles" de Guy Debord. Le problème avec Debord ne réside pas seulement dans le processus de légitimation opéré par le spectaculaire même. Après tout, le déminage des bombes dans le champ de la culture s'est toujours opéré de cette façon. C'est le contenu de ses analyses (aussi brillamment écrites soient-elles) qu'il convient d'interroger. Debord noircissait un peu la situation avec un génie prémonitoire à une époque où le capitalisme entrait juste dans sa nouvelle phase (années 50, 60), à un moment donc où il était encore possible de changer le cours des choses. Aujourd'hui, l'extension rationnelle du principe de rendement s'applique à l'ensemble des ressources humaines et naturelles et les pires prophéties de l'IS sont largement atteintes, souvent dépassées.

mardi 18 octobre

Je réalise que même si je voulais décrire le monde qui m'entoure, les gens que j'y croise, je n'y arriverais pas. Le langage ne décrit pas du tout la "réalité", il en construit une autre, totalement autonome et indépendante.

mercredi 19 octobre

Vous pouvez ressentir une forme de sympathie pour la personne qui tient ce journal, mais si vous aviez l'occasion de la rencontrer dans la "réalité", elle pourrait vous décevoir, vous irriter, etc. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé la seule fois où nous avons eu l'occasion de rencontrer en live des visiteurs réguliers.

jeudi 20 octobre

Formuler une phrase articulée, aligner quelques mots, c'est au dessus de mes forces pour ce matin.

vendredi 21 octobre

J'ai un peu tiré sur les réserves. Vivement les vacances, que je puisse me refaire une santé. Je préférerais être en pleine forme pour affronter cet hiver de film catastrophe.

samedi 22 octobre

Une bonne solution pour dédramatiser les reportages sur les oiseaux migrateurs et les laboratoires pharmaceutiques : la thèse de la manipulation de masse. Considérez les sujets du JT sous cet angle. Appréciez la mise en scène, le jeu des acteurs, le ton de la voix off, les effets de dramatisation. C'est du grand art. Le problème, c'est que tous les autres sujets se mettent à ressembler à des spots de pub gouvernementaux commandités par les cabinets ministériels.

dimanche 23 octobre

Il y avait d'un côté un pavillon sixties hideux, avec la télé allumée en permanence, des discussions plombées (bouffe, courses). C'était le royaume de la laideur et de l'ennui. De l'autre côté de la rue, il y avait une maison de village pleine de vieux livres, avec des chats partout, un piano. C'était la maison de ma grand-mère. Après de nombreuses tentatives d'adaptation au "principe de réalité", j'en reviens lentement à cette vision simple ("simpliste", diraient ceux qui s'accomodent d'une certaine confusion).

lundi 24 octobre

Break.

mardi 25 octobre

"La nuit est lumière,

Qui rêve."

C'est le matin, je rentre du jardin. J'entre dans une pièce où la radio est allumée et j'entends la fin d'un poème. J'y repense en montant l'escalier du basement. Alors je le note.

mercredi 26 octobre

Emission assez étrange hier sur France-Cul., avec Greil Marcus en invité spécial. Son dernier livre traduit chez nous est entièrement consacré à la chanson Like a Rolling Stone. Il est évident que cela a eu un impact énorme pour beaucoup de gens. A un moment, Assayas dit que dans un monde normal, un truc comme ça ne devrait pas exister. Donc : tout est possible. On y va ? Maintenant ? Parce qu'on a rien à perdre ? Juste pour voir ce que cela peut faire ?

jeudi 27 octobre

Quand je lis des contes japonais mettant en scène le maître zen et l'élève, je me demande à quoi peut bien ressembler l'illumination, si on peut en avoir une sans même s'en rendre compte (sans réaliser qu'on l'a) - bref, ce genre de questions un peu vaines.

vendredi 28 octobre

Beaucoup de merveilles serrées les unes contre les autres : c'est l'exposition Dada. Des périodes comme ça, il n'y en a pas beaucoup dans l'histoire. Certes, Dada n'a pas exercé d'influence décisive en dehors du monde de l'art. Mais peu importe, puisqu'il reste toutes ces merveilles qui diffusent leur rayonnement bienfaisant. Au jeu de l'œuvre que l'on souhaiterait ramener chez soi, j'hésite entre une aquarelle de Grosz et un collage de Schwitters.

samedi 29 octobre

Pour les sujets du JT commandés directement par les cabinets ministériels, nous n'avons pas la confirmation officielle, mais la piste se précise. Le message martelé est toujours le même : le monde est dangereux, vous êtes trop gros, pas assez flexible, trop pessimistes (attention au tabac). L'ennemi du gouvernement, c'est la loose - qui ne signifie pas la perte (lose), mais plutôt la désinvolture, le dégagement, le fait d'être relâché(comme dans "Let it Loose"). Et pour les intérêts du pays, la loose entraîne la lose.

dimanche 30 octobre

Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je n'arrive même pas bien à vous imaginer, devant votre écran, en train de lire ces mots. C'est tout près, et en même temps hors d'atteinte. En tout cas, ici, ça sent la belle journée en perspective.

lundi 31 octobre

C'est un aveu d'incompétence : j'abandonne ici toute tentative de normalisation sociale. Je ne suis pas allée très loin dans cette voie, mais j'étais pourtant au maximum de mes capacités. Au-delà, je serais dans l'obligation d'adopter un point de vue qui m'est totalement étranger (ce qui me répugne un peu). Mais surtout, je ne tiens pas à renoncer à certaines choses qui me sont précieuses et dont le sacrifice est exigé.

mardi 1 novembre

Citation du mois : "L'artiste se préservera des perversions de son temps, en méprisant son jugement." Schiller

mercredi 2 novembre

Etre engagée dans une activité dite "artistique", pour wouam, c'est encore ce qu'il y a de mieux. I like every minute of it. Cela ne se limite pas aux heures effectives, passées à "travailler" de manière concrète. Le processus, une fois enclenché, me suit tout au long de la journée. Je deviens plus attentive, vigilante (comme si un secret affleurait à la surface des choses, dont la révélation pourrait survenir d'un moment à l'autre).

jeudi 3 novembre

En ce moment, nous assistons à cette situation assez inédite : des résidents de Bobo City (hommes politiques, journalistes, sociologues spécialistes des banlieues, etc.) se lèvent ce matin en se demandant comment s'est passée la nuit dans le neuf-trois.

vendredi 4 novembre

Reprise du travail. Moins déprimant que prévu. Presqu'une distraction.

samedi 5 novembre

Glam et élégance, voix suave et sensuelle : avec Claire, l'actualité brûlante passe mieux. Le secret ? La même intonation légèrement désenchantée pour tout le journal, depuis le bilan de la dernière nuit jusqu'au sujet cocasse de la fin. Merci, Claire.

dimanche 6 novembre

R.A.S.

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